VITI BERINGII FLORUS Danicus, Ottiniæ impreffus à Chriftiano Schrodero anno 1698. C'est-à-dire, Hiftoire de Danemark par M. Bering, imprimée à Otten. Chez Chriftien Schroder 1698. in fol. pp. 688.

I Mr. Bering, auteur dų Florus Danois, n'a pas atteint toute l'élegance & toute la netteté de l'ancien

Florus dont il emprunte le nom, il faut avouer qu'il s'eft efforcé d'en Novemb. Decemb. 1702. A ij

approcher. Son ftyle eft concis & fententieux, mais il eft plus ingenieur qu'il n'eft correct. Sa latinité fe fent un peu du pays où il écrit: l'abondance des metaphores qu'il ráffemble répand de l'obfcurité dans fon difcours. Du refte ila de l'élevation dans l'efprit, fes refléxions font judicieufes,& fa morale eft toûjours faine.

L'Etat Monarchique, dit Mr.Bering a de grands avantages fur tous les autres genres de gouvernement, principalement lorfque le Royaume eft hereditaire,& que paffant par fucceffion au parent le plus proche, il n'eft point expofé aux troubles qui accompagnent les élections.La gloire particuliere du Danemarck, dit le Florus Danois, c'eit que depuis deux mille cinq cens ans le fceptre n'eft point forti de deux familles. Dan, qui fut le premier fouverain de Danemark, & qui donna fon nom à ce grand Royaume, commença une fuite de Roys qui dura jufqu'à Unguin; & la pofterité de celui-cy s'eft perpetuée fur le Thrône jufqu'à la famille des Oldembourgs,

Le Danemark a toûjours cu tant d'attachement pour la fouche d'Unguin, que dans les befoins il en a cherché jufqu'aux rejettons les plus éloignez. Ce fut ainfi qu'on fit monter fur le thrône Errik de Pomeranie, & Chriftophle de Baviere.

Les Danois furent autrefois fi jaloux de la fucceffion legitime de leurs Rois, qu'ils obligerent Ubbon de prendre malgré lui le fceptre qui lui étoit échu par droit d'heritage, & qu'il refufoit d'accepter. Ils firent encore monter fur le thrône Jarmerik tout recemment forti d'efclavage: & ils ôterent le fceptre à fon oncle déja couronné, pour le reftituer au neveu, qui ne pouvoit faire parler en fa faveur que la juftice de fes droits.

Les Rois de Danemark font tellement les maîtres de leur couronne, qu'ils peuvent en difpofer en faveur de quelqu'un de leur famille, à l'exclufion même de leurs enfans. Ainfi Haldan, quoiqu'il ne fût pas fans enfans, légua par teftament le Royaume au Pere de fa femme : & Canut furnommé le Dur,

Joua fon fceptre pour parler ainfi; & l'expofa au hazard d'une com vention bizarre.

Jamais peuple n'établit au dehors de plus floriffantes colonics que les Danois. Les Cimbres & les Goths, nations fi formidables, étoient fortis de Danemark. Les premiers effrayerent Rome lorfqu'elle étoit dans fon midy, & les feconds la pillerent lors qu'elle panchoit vers fon couchant. Les Gépides, les Lombards, & après eux les Normans, doivent leur origine au Danemark. Ces peuples, après avoir quitté le Septentrion, allerent s'établir plus au midi en des pais fertiles.

Le gouvernement de Danemark a toûjours été Monarchique. Les Juges qui précéderent les Rois étoient des especes de Souverains, plus occupez à rendre la juftice au dedans, qu'à étendre les conquêtes au dehors. Les tems de ces Juges font trop obfcurs pour pouvoir y répandre la lumiere: ainfi Mr.Bering commence fon hiftoire par le premier Roy de Danemark, qui vivoit, dit-il, mille trente huit ans

avant la naiffance de JESUS-CHRIST. Ce qui étonne, c'eft que l'auteur du Florus Danois fe promene avec fecurité dans les tenebres des tems les plus reculez, où d'autres ne marcheroient qu'en tremblant. Il raconte comme certains, des évenemens éloignez qu'on auroit peine à croire, quand bien-même le temoignage public & la nouveauté des faits les auroit rendus inconteftables.

Dan fut le premier Roy du Danemark. Il eut Humblus pour pere. De Juge qu'il étoit parmi les fiens il fe rendit leur fouverain: il appaifa les guerres civiles qui défoloient les Ifles de la mer Baltique. Par l'admiration qu'on eut pour fes vertus il gagna le cœur des peuples, & les réunit fous une feule puiffance. Son droit à la couronne fut la fuperiorité de fon gepie & le confentement de fes compatriotes qui le choilirent pour maître. Dan fut affez heureux pour tranfmettre à fon fils Humblus le Royaume qu'il venoit de fonder. Le Danemark devint hereditaire au même-tems qu'il devint un état monarchique.