pour s'y repofer. Dans ces endroits le Loch fe trouve- « roit comme à l'ancre, il feroit parfaitement immobile, «< & il donneroit, lorfqu'on l'employeroit feul, le vrai fil- « lage. Mais en pleine Mer la comparaifon des deux Lochs «< feroit indifpenfable. Cependant on ne feroit pas obligé « de faire un plus grand nombre d'expériences qu'à l'ordi- «< naire. On employeroit les deux inftrumens alternative- «< ment de demie -heure en demie-heure, ou d'heure en «< heure, felon que la rapidité du fillage feroit plus ou moins << fujette à changer. Le Loch ancien prend toute la vîtesse « du courant; au lieu que le nouveau Loch n'en pren- «< droit que la cinquiéme partie. Il n'y auroit donc qu'à « voir combien il y auroit de différence entre les deux <<< quantités qu'ils fourniroient. Cette différence feroit les << quatre cinquièmes de la vîteffe du courant, & il fuffi- «< roit par conféquent d'en prendre le quart, pour avoir la «< petite correction qu'il faudroit appliquer au résultat four- << par le nouveau Loch. «

ni

c

88. Suppofé que le Loch ancien donnât 7 nœuds, « & que le nouveau en donnât 9; la différence feroit de « 2 noeuds, dont le quart feroit un demi-noeud, qu'il fau- << droit ajoûter dans le cas préfent, mais qu'il faudroit fouf- << traire, fi le nouveau Loch donnoit moins que l'autre. « On auroit de cette forte pour le fillage réel 9 noeuds & « demi, qui valent 3 lieues & un fixiéme par heure. Cette << vîteffe ne feroit pas celle que le navire auroit dans le << tems de chaque obfervation, mais dans le milieu de leur « intervalle; ce qui reviendroit parfaitement au même. « 89. On peut trouver par cette même Méthode la di- «< rection du courant, pourvû qu'on fe donne la peine de «< faire une figure, ou de réfoudre un triangle par le cal- <<< cul. D'une maniére ou d'autre, on déterminera en même <<< tems le fillage du Navire avec plus d'exactitude l'opération précédente, que nous croyons néanmoins «< fuffifante dans la Pratique. La route que fuivroit le Vaif- « feau, s'il n'étoit pas expofé à l'action du courant, eft «

que par

Fig. 49.

Fig. 5o.

» marquée par la ligne A B (Fig. 50. ); c'est auffi la trace
» ou la honache du Navire. La ligne AC eft l'efpace par-
>> couru par le courant, pendant que le Navire mû par le
» vent & par ce même courant, parcourt réellement la
diagonale AG du parallelograme A B G D. Le Loch
» ancien, comme nous l'avons vû, paffe de A en C, &
» fa ficelle prend la fituation GC; au lieu que le nouveau
>> Loch qui eft retenu par la réfiftance que fait à fon mou-
»vement l'eau tranquille d'en-bas, ne parcourt que A N
» qui eft la cinquième partie de AC, & fa ficelle se di-
»rige felon NG.

90. » Il eft facile pendant les deux expériences d'exa
» miner la direction des ficelles avec un compas de va
» riation; la différence des deux rumbs donnera l'angle
>> CGN; & on connoîtra en même tems les deux côtés
» CG & NG, puifqu'ils feront exprimés par le nombre
» de noeuds fournis par les deux Lochs. Il ne reftera donc
» plus qu'à faire une figure exacte qui repréfente le trian-
»gle CGN on fera l'angle en G`, tel qu'on l'a trouvé;
>> & on donnera aux deux côtés G N & GC autant de
» parties égales qu'on a trouvé de noeuds dans chaque ex-
»périence. Ce triangle étant formé, on prendra le quart
» de CN; & l'ajoûtant depuis NV jufqu'en A, on aura A C
>> pour la vîteffe du courant & pour fa direction: de mê-
>> me que fi l'on tire AG, on aura la vîtesse & la route
» actuelles du Navire.

91.
>> Nous jugeons de la grandeur de l'angle CGN
>> par l'angle que font ensemble les directions des lignes
» ou ficelles des deux Lochs: c'eft ce qui eft très-permis,
» quoique le vent faffe prendre à ces ficelles une cour-
> bure confidérable; car on peut fuppofer qu'il agit à
>> peu près autant dans un cas que dans l'autre. On peut
» auffi dans la Pratique fe contenter d'augmenter d'un
» quart l'angle CGN, pour avoir l'angle C G A. On aura
» dans ce dernier angle, la quantité dont il faut corriger
» la route apparente CG, donnée non pas par la ficelle
» du Loch ancien, mais plûtôt par la trace ou la hoüache

du Navire; & on fçaura de quel côté il faut faire la cor- << rection par la fituation que prend la ficelle du Loch« nouveau. Si le Nord eft vers le haut de la figure, & que « la trace G C confidérée du Vaiffeau, refte au SO, la «< route apparente fera le NE; & fi l'angle C G N est de «< 4 degrez, l'angle total CGA fera de 5, qu'il faudra « porter du côté du Sud. On aura le SOS pour la dire- « tion de GA; mais comme le Navire va de A vers G, la « route réelle fera le NE5N, qui eft directement oppofé « au SO 5d S. «

III.

Méthode de déterminer la Viteffe du Sillage par la force de l'Impulfion

de l'Eau.

(Voyez les Figures 51. & 52.)

92. On peut encore juger de la vîteffe du Navire « par le choc que fait l'eau de la Mer fur une furface d'une << grandeur déterminée. Ce moyen s'eft préfenté à plufieurs Méchaniciens qui l'ont propofé; je vais expliquer le plus fuccintement que je pourrai comment je vou- « drois l'employer. Si on retient par une corde un bou- «< let ou quelqu'autre corps parfaitement rond, & qu'on le « faffe defcendre dans la Mer, il eft certain que plus le «<< Navire finglera avec viteffe, plus l'impulfion que re- « cevra ce Globe par la rencontre de l'eau, fera grande. «< Il eft à propos que ce corps defcende affez bas pour n'ê- «< tre point sujet au choc irrégulier du courant : lorfqu'il « parviendra à l'eau tranquille, toute l'impulfion qu'il re- « cevra, ne fera caufée que par la vîteffe avec laquelle << il fera entraîné par le Vaiffeau. Je marque cy-après dans une Table, les vîteffes du Sillage, qui répondent << aux impulfions que peuvent recevoir des Globes de «< deux grandeurs différentes, l'un de 6 pouces de diamé- « tre, & l'autre d'un pied. Les vîteffes font marquées en «< dixiémes parties de lieue que le Navire doit parcourir

«

Fig. 5.

Fig. 51. &52. » dans une heure. Si, par exemple, l'impulfion que re

çoit le Globe d'un pied de diamétre, eft de 424 livres, > on trouvera dans la Table que le Navire fait 2.0 lieues >> par heure, c'est-à-dire 2 lieues juftes. Si cette impulsion » étoit de 131 livres, le Navire feroit 3.5 lieues, c'est-à» dire 3 lieues & 5 dixiémes, ou trois lieues & demie, »

TABLE des Impulfions de l'eau produites par les différentes viteffes du Sillage.

94. >> Toute la difficulté fe réduit après cela à mefu- « Fig. 51. &520 rer le choc de l'eau contre le Globe. On peut dans le << Vaiffeau pefer l'effort total que foutient la corde à la- « quelle le corps eft attaché; mais cet effort eft formé de «< plufieurs efforts particuliers qu'il faut féparer les uns des «< autres. L'eau frappe non-feulement le Globe, elle frappe « la corde qui le foutient; outre cela le Globe doit avoir « une pefanteur confidérable, & il n'eft pas peut-être mê- « me permis de négliger celle de la corde. Si on attache «< au bras d'une balance l'extrémité d'en haut de cette <<< corde, ou fi l'on pouvoit fe fervir d'un pefon d'Allema- « gne, on trouveroit tous ces efforts confondus enfemble. «< Pour prendre une notion plus diftincte de l'état de la que- « ftion,je confidére la Figure 51. Le Globe P eft plongé de « 40 ou 50 pieds dans la Mer; il eft cenfé parvenir à l'eau « tranquille. Ce Globe eft retenu par la corde CB A qui « doit fe courber en différens fens, avant que d'entrer «< dans le Vaiffeau en A. Pendant que le Globe frappe «< l'eau à cause du mouvement du Navire, & qu'il eft re- « pouffé dans le fens horisontal, fa pefanteur tend à le « faire descendre ; & ce font ces deux efforts ensemble « qui réglent la fituation inclinée de la corde vers C. Toute « la partie submergée C B de la corde eft frappée par l'eau, « & c'eft ce qui lui fait prendre une courbure confidéra- « ble. En B la corde commence à fe courber dans un au- «tre fens, à caufe de fa pefanteur qui n'eft plus foutenue. «< 95. Il fuit de tout cela que la corde a différente in- «< elinaifon dans tous fes points, & que toutes fes parties «< font auffi différemment chargées. Nous pouvons en haut << examiner fort aisément fa fituation par rapport à l'Ho- « rifon, ou par rapport à un fil à plomb. Il ne fera pas im- «<< poffible non plus de pefer l'effort qui s'exerce en haut « felon fa longueur. Il faudra avoir la précaution de chan. «< ger la direction de cette corde par le moyen d'une pou- « lie, afin de la rendre perpendiculaire au bras de la ba- « lance ou de la Romaine auquel on l'appliquera. Enfin «

1