imbécile. Au mois de Décembre Pierre le Cérémo- An. I355. nieux roi d'Aragon vint à Avignon , où il célébra „. 1?. l4< h fcte de Noël avec le. pape Innocent, & lui fit f"1TM- ^ l'homage du roïaume deSardagne, comme ilavoit 347. fait à Benoît X11, Ce prince étoit laid & de trèspetite taille.

L'empereur Jean Paléologue fe voioit pressé d'un côté par les Turcs, & de l'autre par Mathieu Can- Tra.té de tacuzene oui tenoit encore Andrinople & les lieux J"en ÏJÍ^'f circon voisins. C'est pour cjuoi il rechercha le se- recours des Latins, &c comença par traiter avec Paul archevêque de Smirne inter-nonce du pape, tou^ 15 ' chant fa réunion avec l'église Romaine. Par le conseil de ce prélat il fit une bulle d'or où il dit err substance: Je jure sur les saints évangiles d'observer tout ce qui suit. Je serai sidélé & obéïslant au saint pere & seigneur Innocent VI. souverain pontife de I église Romaine & de l'église uni versele, & à ses successeurs •> & je recevrai.ses légats &c ses nonces avec toute révérence. Je ferai mon pofïìhle pouríbûmetre tous mes sujets à íbn obéissance ; & parce qu'il est disicile de ramener les peuples endurcis par une longue habitude, je fuis convenu avec l'axchevcque Paul & Nicolas Sigeros mon megateriaque r ç'étoit l'oficier qui comandoit en chef les troupes étrangères de la garde de l'empereur ,

. r r . P . .. °. . x , r Durairi rhg..

«Ion vrai nom etoit megaetairiarque. L empereur u,.
continue" : Je fuis convenu que le pape les renvoïera
avec trois galères, & quand ils sfrontarivés à C. P.
je donerai mon fils le despote Manuel Paléologue
à l'archevêque de Smirne pour le mener au pape •
avec une gaieté : il m'en laissera deux, en amener*

^x deux autres en ces quartiers, & les laissera toutes á ma disposition pour la défense du païs.

Quand le pape aura mon fils entre ses mains , íl m'envoïera le plus promtement qu'il poura quinze vaisseaux avec cinq cens chevaine, & mille" homes de pié. Lorsque cette armée sera arivée à C. P. elle servira sixmoisíous nos ordres contre les Turcs, & les Grecs nos ennemis i & pendant ce temps le légat du pape donera les bénéfices & les dignités ecclésiastiques à dtsGrecs capables qui reviendront volontairement à 1 union & à l'obéïssance de l'église, selon que lui &c nous le jugerons meilleur. Que si dans" les six mois de l'arivée de la flote, les Grecs ne veulent pas se réunir à 1 église, nous ferons avec le conseil du légat, qu'ils se fbûmetront absolument. Nous doneions au légat pour íbn logement un grand palais qui demeurera au pape & à ses légats a perpétuité. Nous lui donerons aussi une belle église où lui & ses successeurs puissent célébrer l'ofice divin. Je donerai à mon fils aînç ; cétoit Andnanic , un maître Latin pour lui enseigner les lettres & la langue Latine. Je donerai trois grandes maisons où l'on tiendra des écoles des letties Latines > & je prendrai foin que les enfans des plus considérables d'entre les Grecs les aillent aprendre. En cas que je n'acomplisse pas tout ce que dessus, je me juge dès maintenant pour lors indigne de l'empire, & j'en transporte tout le droit à mondit fils : je transporte au pape la puissance paternele que j'ai sur lui, & je le lui done en adoption : en íbrteque le pape puisse aquerir i'empire au nom de ce fils , lui doner une femme, des tuteurs & des curateurs , &c

disposer disposer de l'empire en son nom. Enfin en acom- A.N.13'iu plissant mes promesses je précens être le gonfalo- "* nier de l'égliíe, & le principal chef de l'armée Chrétiene qui passera deçà la mer. Fait à C. P. en nôtre palais des Blaquernes lan du monde 6 8 C 4. de J. C. 1355. le quinzième de Décembre.

Les deux envoies Paul archevêque de Smirne, ,íS*" ^Nicolas Sigeros le megaëcairiarque ariverent dans une petite galère, & débarquèrent à Avignon près \ église Nôtre-Dame des Miracles l'an 1356. aans l'octave de la Pentecôte qui avoit été le douzième de Juin. Ils étoient porteurs d'une lettre close portant créance pour eux & de la patente que je viens de raporter : à laquelle le pape répondit par une grande lettre à Fempereur datée du vingt-uniéme m t4i de Juillet, où il s'étend fur la joie que lui done l'-ef pérance de la réunion des églises & fur les louanges de l'empereur Jean , qu'il exhorte à la persévérance ; & finit en lui recomandant les deux nonces xja'iì chargea de cette lettre, savoir Pierre Thomas «vcque de Patti en Sicile, ôc Guillaume évêque de c*r»»nvitt* Sifopoli ou Sizon en Carie. t- w

Le pape écrivit aussi à François Catalufe noble Génois, à* qui l'empereur Jean pour récompense de ses services avoit doné en mariage fa sœur avec File de Metelin en principauté. L- pape écrivit aussi au patriarche Calliste , dont toutefois il n'avoit point reçu de lettre : il écrivit à plusieurs grands xle l'empire Grec, à Hugues roi de Chipre, à Jean -Gradenie doge de Venise,au maître des Rodiens, & aux Génois : mais il ne put fournir les vaisseaux &. les troupes dont on étoit convenu : ainsi cette Tome XX. Y

négociation suc sans éfet.

^Pierre Thomas évêque de Patti naquit en Pericomíncc gord au diocèse de Sarlat de basse conditioa Son Hcue^Tbô"' Pere étoit un fermier si pauvre qu'il rie pouvoit nournascarmr. rir fes feux enfans y ce fils & une fille. Pierre alla Boii.19 Unv. chercher à vivre en un bourg voisin , où deman' w* danc l'aumône il ne laissa pas de fréquenter les écoles, & y profita si bien, qu'en'peu de temps il instruisit des enfans. Ensuite il vint à Agen, où pendant plusieurs années il étudia la gramaire & la lo■ gique, vivant toûjours d'aumône & de íòn travail : car il enfeignoit la gramaire aux écoliers de la province , & ensuite la logique > ce qu'il fit jusqu'à l'âge de vingt ans. Le prieur dés Carmes avec le professeur voïant l'habileté de ce jeune home, le menèrent à Leitoure, où il enseigna pendant deux ans. Puis le prieur des Carmes de Condom admirant fa subtilité & la pureté de ses mœurs , l'amena à son convent, & le revêtit de l'habit de l'Ordre. Il y fit profession, & cinq ans après il fut ordoné prêtre.

Ensuite on l'envoïa étudier à Paris, oà dix ans après il fut fait bachelier en théologie. Etant revenu en fa province., il fut fait procureur de l'Ordre, & vint en cour de Rome, c'est-à-dire à Avignon : où étoit le général de l'Ordre, qui le voïant de petite taile & de peu d'aparence , avoit honte de le mener avec lui devant les cardinaux. Mais le cardinal Talairand aprenant qu'il étoit home de mérite & de fa province dePcrigord, voulut le voir & le retint à dîner. Après le repas on agifa une question suivant l'ufage des cardinaux, & írere Pierre Thomas y fit si bien conoître £1 science & fa subtilité

?iue depuis la cour aVRome admirasses sermons & An es disputes.

Enfin à la poursuite du cardinal de Perigord le chapitre général des Cannes ordona que PierreThomas iroit à Parisachever íbn cours pour être passé docteur en théologie. Il y vint donc, & fit des leçons de la sainte écriture dans son convent. Or selon les statuts de l'université il ne pouvoit être licentié qu'il n'eût enseigné encore cinq ans : mais la troisième artnée il fut élu extraordinairement par le sufrage des docteurs qui conoiíîòient fa capacité, & il fut fait docteur. Auíïì-tôt il retourna a Avignon , où il prêcha devant le pape , & fut professeur de théologie en cour de Rome : Il faiíoit souvent deux ou trois sermons par jour, & aquit une estime générale des cardinaux & des prélats : en forte qu'il atiroit de grandes aumônes au convent. En ses fermons il n'épargnoit perfone, pas même le pape: ordinairement il Faiíoit rire au milieu du sermon, mais il faiíoit aussi pleurer, & renvoioit à la fin tout le monde édifié èc consolé. Tout ceci se pafla íbus le pontificat de Clément VI.

Le pape Innocent VI. envoïa Thomas nonce près de Louis roi de Naples & la reine Jeanne fa femme. Ensuite quand l'empereur Charles IV. vint en Italie , le pape déclara Pierre Thomas son nonce pour aler au devant de ce prince, & ensuite vers Etiene roi deRafcie qui a voit envoie des ambassadeurs au «As. pape, témoignant vouloir renoncer au schisme des Grecs, & fe réunir à l'églife R.omaine : comme fait voir la réponse du pape datée du vingr-quatricme Décembre 1354. Or comme cette légation a l'enir