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par de petits presens pour entrer dans leur Ordre, ne pouvant atirer de même les homes d'un âge mur : après quoi les frères ne permetent plus à ces jeunes gens de sortir de chés eux, ni même de parler à leurs parens fans témoins, jusques à ce qu'ils aient fait profession. Cet inconvénient détourne plusieurs pères en Angletere d'envoïer leurs enfans aux études, au grand préjudice du clergé. De mon temps il y avoit encore á Oxford trente mille étudians, au lieu qu'à présent il ne s'y en trouve pas six mille. D'ailleurs les frères Mandians fe font telement multipliés, qu'à peine trouve-t'on dans les universités un bon livre a acheter, soit de théologie , de droit canon, ou des autres facultés : ils les achetent tous, &: ont en chaque convent une belle & grande biblioteque.

On peut dire des frères Mineurs en particulier, qu'ils se sont éloignés de la rigueur de leur règle, en se procurant ces privilèges de prêcher, de confesser, de doner la sépulture,dont ils tirent des comodités qui leur manquoient auparavant. De plus, saint François leur défend dans son testament de demander aucune lettre en cour de Rome , sous

Í>rétexte de prédication : ainsi ils font tombés dans a désobéissance en demandant ces privilèges, où il est dit qu'ils font acordés à leurs prières. Ils diront peut-être que le pape GrégoireIX. a déclaré qu'ils nc font point tenus d'observer ce que contient ce testament: mais ils ne peuvent montrer cette déclaration du pape Grégoire. L'archevêque étoit mal informé du fait, & nous avons cette déclaration datée de l'an 1130.

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Apres avoir traité la matière des privilèges, il ^N t vient à la preuve de ses sept premières propositions , & dit : Nous convenons de part & d'autre ' IJ°5 J* que J. C. a toujours été pauvre : la question est seulement s'il a aimé la pauvreté pour elle-même , ce que je prétens impossible, puisque c'est «uj^ial & un éíet du péché. Il continue de montreH^ieJ C. »*a jamais pratiqué ni enseigné la mendicité : mais ses preuves font plus subtiles que solides, & il sufìt de nier le sait,quepersone ne peut prouver. Il insiste encore sur le testament de íaint François, & demande de quel front les frères Mineurs peuvent mandier après un comandement si exprès de travailler, t- M08.1. 4c.

Ce discours intitulé, Défense des curés contre les prétendus privilégiés, fut présenté aux cardinaux , j'entens aux quatre que le pape avok donés pour comissaires. Le docteur Roger Chonoc Anglois*de FOrdre des frères Mineurs en aïant reçu f>MIacopie, y fit une réponse sous le titre de Défense des religieux Mandians : où il ne traite que la question des privilèges, & l'explication du chapitre Omni s utriufque Jcxtts, insistant principalement fur la décrérale de Jean XXII. Vas eltóìionu contre les JC%J%t erreurs du docteur Jean de Poilli. #

Après que le procès en cour de Rome eût duré près d'un an, le pape Innocent dona une bulle pro- ,r .. vitionele adreílee a tous les eveques d Ançletere, »• 7 »•. où il dit : Nous vous défendons pendant ìe cours de cette instance de troubler les frères Mandians <íans la poss.ssion de confesser, de prêcher., doner la sépulture & recevoir des aumônes. En quoi cou

^N r J tesois nous ne prétendons porter aucun préjugé nï rien innover pendant que l'instance est pendante. c 6. Doné à Avignon le premier d'Octobre lan sixième de nôtre pontificat, c'est l'an 1358. Le procès ne fut point jugé définitivement : Tarchevêque fut obligé d'en aÉÉjfcdoner la poursuite, & fe retirer de la cour de Rome, ne recevant plus le secours que le clergé .. d'Anoletere lui avoit promis i & cependant les fre

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res Mandians aïant répandu beaucoup d argent en cour de Rome , obtinrent la confirmation de leurs

Í>riyileges fous une nouvelle date. C'est ainsi que a chose est raportée par Thomas Valsingam moine Bénédictin Ahglois auteur du temps. L'archevêque d'Armach s'étant retiré au pais-bas, aparemment pour retourner en Angletere , mourut a Mons en Hainaut vers la fin de Tannée suivante 1359. Xxxvii ^ers ce temp5-l^ deux grands princes entrèrent Pnnces rcii- dans des Ordres Mandians, savoir Pierre infant lìlns. " d'Aragon, & Charles comte d'Alençon. Pierre étoit 3^/5/7. fils de Jaques II. roi d'Aragon, & de Blanche de Sicile fille du roi Charles II. & sœur de saint Louis évêque dé Toulouse. Pierre fut comte de Ribagorça, & épousa Jeanne fille de Roger Bernard comte de Foix, dont il eut quatre enfans. En 1343. il fonda près de Taragone un hôpital fameux nomé l'hôpivni.iìft.». cal du princej fa femme étant morte vers Tan 135S. il H. fíUne». résolut de quiter le monde, & aïant partagé fes biens f'664 entre fes trois fils, il entra chés les frères Mineurs à Valence, & aïant pris Thabit il fit profession par dit pense du pape avant Tannée du novitiat acomplie. Sa profeínon fe fit sblemnellement en présence de pluíieuçs nobles } & il vécut encore au moins vingt ans. Charles

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Charles comte d'Alençon étoit cousin germain 8 du roi Jean, étant fils d'un autre Charles frère de Philipe de Valois, qui fut tué â la bataille deCreci en 134Í. Son fils aîné qui est celui dont il s'açit, étant cncóre jeune embrassa l'Institutdes frères Prêcheurs : de quoi Marie d'Espagne fa mere fut très afligée, & écrivit au pape lui représentant que par B*>* 135*. la retraite de ce prince le comte demeuroit exposé ÎJÍ^. M. à de grandes pertes & à une entière désolation , vû les guerres 8c les troubles qui regnoient alors dans le pais : c'est pourquoi elle prioic le pape d'y pourvoir. Le pape en écrivit â Jean marquis de Montferrat, le priant de bien examiner la vocation du jeune prince,pour l'y confirmer si elleétoit solide, ou le ramener si c'étoit une légèreté de jeunesse. La lettre est du vingt-deuxiéme de Juin 1359. Charles persévéra, & fut depuis archevêque de Lion.

Des le samedi quatorzième d'Octobre 13 5 7. le pape Innocent avoit envoie en Allemagne Philipe TMpaPeenA1de Cabaíìole eveque de Cavaillon pour lever le di- *• »«« J»* xiéme denier de tous les revenus ecclésiastiques au tkr.Hhs. f. profit de la chambre apostolique. Sur la demande 1J4" de ce subside extraordinaire, le clergé des trois provinces de Trêves, de Maïence & de Cologne s'assembla avec plusieurs abbés, &c ils conclurent tout d'une voix de ne rien doner au pape ; ce fut la réponse qu'ils firent au nonce Philipe qui étoit alors à Maïence. Aussi-tôt ils écrivirent aux autres provinces d'Allemagne , & atirerent à leur sentiment tout le clergé & tous les moines : ils écrivirent meme au pape les causes de leur refus i & le pape craignant une division dans l'cglife , passa Tome XX. A a

la chose fous silence.

Mais l'empereur Charles au sujet de cette demande du pape convoqua à Maïence tous les princes de l'cmpire en 1359. Plufieuj^y vinrent, entrç autres le duc de Bavière &c le cîuc de Saxe. Le nonce y fut oiii, & s efbrça de persuader la prétenfion du papei & pour lui répondre on fit délibérer les homes les plus doctes, entre lefquéls fe trouvoit Conrad d'Alzeia chancelier de Rupert comte palatin, que les princes chargèrent de parler pour le clergé. Il fit donc un discours au milieu de l'aíTemblée, où il dit en substance.

Les Romains ont toujours regardé l'Allemagne comme une mine d'or, & ont inventé divers moïens pour l'épuifer. Quedone le pape à ce roïaume, sinon des lettres & des paroles ? Qu'il soit le maître de tous les bénéfices, quant à la collation : mais qu'il en laifle les revenus à ceux qui les défervenr. Nous envoïons aisés d'argent en Italie pour diverses marchandises , & à Avignon pour nos enfans qui y étudient ou y postulent des bénéfices, pour ne pas dire qu'ils les achetent. Perfone de vous n'ignore , seigneurs, que tous les ans on porte d'Allemagne a la cour du pape de grandes sommes d'argent pour la confirmation des prélats, l'impétration des bénéfices, la poursuite des procès & des apellations au íàint siège : pour les dispenses , les absolutions, les indulgences, les privilèges & les autres grâces. De tout temps les archevêques confirmoient les élections des évêques leurs fufragans : c'est le pape Jean XXII. qui de nôtre temps leur a ôté çe droit par violence. Et voici que le pape de

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