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quatre mois aprés la mort de l'empereur. Mais il ne " pretendoit être que le collègue & le protecteur du ' jeune empereur Jean. ,,C"^.

Le patriarche l'aïant appris, s'emporta contre Cantacuzene, disant hautement que cette action dé- Ku.(.n.n. 4, couvroit l'intention qu'il cachoit depuis long-temps d'usurper l'empire : & pour autoriser fa qualité de tuteur du jeune prince, le patriarche résolut de le couroner. Ce qu'il fit avec tant de précipitation , f qu'il n'attendit pas même un jour de feste, suivant e«*iur.jfa la coutume , mais il le courona le dix - neuvième jour de Novembre de la même année 1341.

Léon roi d'Arménie fatigué par les incursions des XI« , inhdeles lesvoilins qui ravageoient continuelement -Arméniens, son roïaume, envoïa deux ambaíTadeurs au pape Be- »fji? ,î4'* noît, dont le premier étoit Daniel frère Mineur, vi- r*Ung. d. caire de son ordre en Arménie, & natif du pais. Ils *'x* demandoient du secours, & le pape leur repondit: Nous avons apris avec douleur que dans la grande & la petite Arménie plusieurs tienent & enseignent des erreurs contre la roi; & si ce raport étoit véritable , nous ne pourrions honêtement secourir les Arméniens. Pour nous en éclaircir & satisfaire au devoir de nôtre conscience, nous avons fait faire une enquête juridique , où plusieurs témoins ont été ouis, & on nous a représenté les livres dont se fervent communément les Arméniens; & ces erreurs ont été prouvées manifestement. C'est ce que porte la lettre du pape au roi Léon, & il y joignit un mémoire des erreurs en question.

Le pape écrivit ausiì au catholique ou patriarche des Arméniens une lettre semblable, où il ajoute: „.^.^7.

AN.1341. Nous vous prions d'assembler un concile où vous fassiés condamner ces erreurs, & ordoner que la pureté de la foi soit enseignée chés vous telle que l'enseigne l'église Romaine. Et pour déraciner entièrement ces erreurs, on croit qu'il seroit trés utile d'ordoner dans vôtre concile que vos prélats ôc vôtre clergé eussent les livres des décrets, des decretales èc des canons que fuit l'église Romaine, afin que vous íussiés mieux instruits de fa foi & de fes observances. On void ici bien clairement combien on estimoit alors le décret de Gratien & les decretales. La lettre continue :;Noús sommes persuadés que fices erreurs étoient diflìpées, les ennemis de la foi ne prévaudroient point contre vous. Enfin il nous paroîtroit expédient que par délibération du concile on nous envoiât des homes favans & zélés , avec lesquels nous pussions conférer fur ces matières : & si nous le jugions à propos, nous vous en envoïerions aussi de nôtre côté. Les deux lettres au roi & au catholique font du même jour, premier d'Août 13 41. Le mémoire contenant les erreurs des Arméniens 1 ■' ' porte en substance : Nôtre saint pere le pape Benoît XII. & long-temps auparavant Jean XX.aïant appris qu'en Arménie on enfeignoit diverses erreurs contre la foi : a fait venir en fa présence plusieurs Arméniens & quelques Latins qui avoient été dans le pais j & leur a fait prêter serment de dire vérité aux uns par lui-même, aux autres par le cardinal Bernard de saint Cyriaque. On a interrogé par interprète ceux qui ne fa voient que l'Arménien : on a représenté au pape quelques livres Arméniens dont ils íe servent communément, & on les a soigneusement âcaminés, & de cette enquête rédigée par un notaire An. 1341. apostolique, il résulte que les Arméniens croient & enseignent les propositions suivantes. Le*memoire contient cent dix-íept articles, dont voici ceux qui me paroissent les plus importans.

Les Arméniens suivent l'heresie d'Eutychês > & 3 4 10.w, disent que dans l'incarnation la nature humaine a été changée en la divinité > mais Dieu , selon qu'il le vouloit, paroissoit avoir un corps humain, quoiqu'il n'en eut point. Ils admettent toutes les conse- *• quences de cette doctrine, qu'il n'y a qu'une nature en J. C. & que c'est la nature diy ine qui est morte : Ils rejettent le concile de Calcédoine comme aïant corrompu la foi des premiers, siécles ; & par conse- 34- 3 r. is< guent ils honorent comme un saint Dioícorequiy fut condamné, & condamnent le pape saint Léon, l'église Romaine & l'église Grecque: disant que la vraie église n'est que chés eux, & que la rémission 31 des péchez ne s'obtient que dans leur église. C'est pourquoi ils rebatisent ceux qui viennent à eux des autres communions.

Ils pervertissent l'administration des sacremens. Quoi que la plupart baptisent dans l'eaui quelquesuns , bien qu'en petit nombre , baptisent avec du vin ou du lait, & ils ne croient pas qu'un enfant . foie bien baptisé, s'il n'a reçu en même temps Ponction du saint chrême, & l'eucharistie. Ce reproche semble fondé sur l'ignorance des Latins qui ne fa voient pas alors que pendant plusieurs siécles on donoit tout de fuite meme aux enfans les trois íaercmens de baptême, de confirmation, & d'eucharistie > & c'est5 peut-être pourquoi ils disent

^N j # encore que les Arméniens ne donent point la confirmation. Car en gênerai nos scolastiques ne con's- noissant m" l'antiquité, ni les traditions des autres églises , ne raisonoient sur les sacremens que suivant l'usage présent de leurs églises. Peut- être auíïì que les Arméniens & leurs intepretes ne se faisoient pas bien entendre , n'étant pas accoutumé au stile de nos écoles. C'est pourquoi, je laiíse aux savans théologiens l'examen de la plupart de ces reproches, pour juger si les fondemens en font solides.

Deux points toutefois sont à remarquer fur l'eu«.37.71. charistie. L'un, qu'on lés blâme avec raison de ne point mettre d'eau dans le calice contre l'ufage de toutes les églises depuis le comencement du christianisme , dont ils rendent! pour raison que l'eau qui sortit du côté de J. C. ne dona la force qu'au íacrement de baptême •> & en concluent que ceux qui mêlent de l'eau au vin du sacrifice, ont perdu la vertu du baptême- L'autre point est que dans cette information on accuse les Arméniens de ne pas croire la transubstantiation, & de dire que ce n'est pas le vrai corps de J. C. mais seulement la figure. Ce qui devoit être ou une erreur particulière de quelquesArnaud, pjr- uns, ou une fuite de Terreur d'Eutychès, qui disant ■fiVí.J, » que J. C. n'avoit point eu de vrai corps, ne pouvoit en reconoître dans l'euchanstie. Car il est certain d'ailleurs qu'avant le quatorzième siécle & depuis, jusqu'à présent, les Arméniens ont toujours cru la présence réelle comme les autres Chrétiens.

Une grande partie des articles contenus dans wc.7.8 919. l'information de Benoît XII. ne sont pas tant des erreurs centre la foi , que des sables avancées fans J" preuves touchant la résurrection, le jugement dernier , Penser, le paradis terrestre ou céleste , Pétat •"'AYiíll! des ames aprés la mort, & des démons, & qàelques uî autres matières. Entre ce grand nombre d'articles, ». 9}. celui-ci regarde Phistoiredutemps.il vient en Italie des évêques Arméniens qui fe dilent chassés de leurs églises par les Sarrasins, quoi qu'ils ne le soient pas j & se diíènt archevêques,quoi qu'il n'y en ait point en Arménie: ce qu'ils font pour vendre des évêchezà des religieux mandians. Plusieurs ont exigé par ce moïen de grandes sommes ; &: ont doné en cour de Rome à plusieurs la prêtrise ou le diaconat pour de Pargent. Ils persécutent les Arméniens qui baptisent selon Je rit de 1 eghíè Romaine , & qui tienent sa créance.

L'année suivante 1341. le pape Benoît XII. mou- xi. rut d'un ancien mal de jambes, dont Phumeur cou- noîc°x 11. lant plus qu'à Pordinaire, les médecins la voulurent «Jï*"1 VI* arrêter : ce qui joint à quelques autres accidens, emporta le malade le jour de saint Marc vingt-cinquié- 757. me d'Avril, aprés avoir tenu le saint siège sept ans £ «3/ quatre mois &. six jours. Il fut enterré dans 1 église cathédrale d'Avignon, où l'on voit encore son tom- 'J4*beau i &c il laissa plusieurs écrits , dont la plupart C»m»h.p ne font pas imprimés.

Le saint siège ne vaqua qu'onze jours, & le septième de Mai fut élu Pierre Roger, cardinal du titre de saint Nerée, qui prit le nom de Clément VI. Il ctoic de famille noble né au château deMaumont, ^f0'.u9.i)f. au diocèse de Limoges vers Pan 1171. & ítk de Pierre Roger seigneur de Rosière. Il entra dès Page de dix

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