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sèment : Je ne suis point pape, & ne veux point AN.137S. être antipape : on a élu l'archevêque de Bari qui vaut mieux que moi. Mais quelques cardinaux craignant le peuple à cause de la fiction qu'ils avoient emploïée, quiterent leurs maisons, & se retirèrent six au château saint Ange, quatre en diverses forteresses hors de Rome : les cinq autres demeurèrent dans leurs maisons.

Le lendemain vendredi neuvième d'Avril le pa- Ií. pe élu , par le conseil du cardinal de íaint Pierre avec lequel il avoit passe la nuit dans le palais , fit savoir son élection aux officiers de la ville, qui en furent très-contens, & vinrent pour lui rendre le respect dû à un pape : mais il ne voulut pas le recevoir , & dit qu'il ne vouloir encore être nomé que l'archevêque de Bari. Le même jour au matin les cinq cardinaux qui étoient demeurés chés eux, le vinrent congratuler fur lôn élection, & leprierent d'accepter ; ils lui conseillèrent d'envoïer quérir les six qui étoient au château saint Ange, afin jde l'introniser tous ensemble. Ceux-ci â la prière du sénateur & des officiers de la ville sortirent du château & vinrent au palais, où avec les cinq autres ils réitérèrent encore l'élection pour plus gran- . de sûreté.

Ensuite ils firent asseoir l'archevêque entre eux, L. & le cardinal de Florence leur doïen fit un àiC- VúXÏví cours, après lequel il le requit en forme dedoner ml%., son consentement. Il le dona, ils chantèrent le Te n. i9. £>eum, l'introniserent, lui demandèrent le nom qu'il voudroit prendre, & il prit celui d'Urbain. Alors ils le saluèrent comme pape $ &: le cardinal

». 19.

^N 8 de Yeruche se mit à une fenêtre d'où il dit à haute ' voix auxassistans: Je vous anonce une grande joie y c'est que nous avons un pape qui se nome UrbainVI. Le samedi dixième jour d'Avril le nouveaupape acompagné de ces onze cardinaux & du cardinal des Ursins, qufétoit revenu a Rome, descendit à 1 église de saint Pierre, ou il s'assit dans lachaire pontificale devant le grand autel , & reçut les respects des chanoines. On chanta íolemnelementleTe Deumyìe pape oùitune messe basse, puis il dona la bénédiction pontificale au lieu où le pape Grégoire XI. ladonoit ordinairement. Th.sthijm.f.v Le pape Urbain nomé auparavant Barthemi de Prignano étoit né à Naples d'un pere Pisan & d'une mere Napolitaine. II fut docteur fameux endroitcanon: humble, dévot , désintéressé , grand enemi de le simonie, zélé pour la chasteté & pour la justice: mais il s'apuïoit trop fur ft prudence, & écoutoit trop les flatcurs. Il aima sincèrement les» homes letres & vertueux, & les aida selon son pouvoir. Il exerça plusieurs charges en cour de Rome, 7.?■ lorsque ^roit à Avignon:il fut pendant plusieurs anées examinateur des grâces spéciales. Il étoit chapelain & comenfal du cardinal de Pampelune Pierre de Monteruc vice-chancelier, en l'abfence duquel il présida à la chancelerie. Il fut archevêque d'Aceronte ou Acerentia, puis transféré à l'archevêché de Bari en 1376". mais il ne paroît pas qu'il y ait jamais été. Il difoir tous les jours la messe, porv.upr.^f. toit un cilice jour & nuit, jeûnoit l'avent & depuis la fexagesime, outre les jeûnes d'obligation. Tous les soirs après qu'il étoit couché a il se faisoifr Ère la bible jusques â ce qu'il s'endormît, & ne N"l^ perdoit jamais de temps. 11 étoit de petite taille, epais & le teint basané, & âgé d'environ soixante ans quand il fut élu pape.

L'onziéme d'Avril qui eette année 1378. fut le dimanche des Rameaux Urbain VI. distribua les pal- Ptpafmfm99l mes & les branches d'olivier aux cardinaux , aux prélats & aux autres, suivant la coiìtume des papes. Le lendemain il fit célébrer un service solemnel pour le repos de l'aine de Grégoire XI. son prédécesseur. Les deux jours fuivansil sortit acompagné de tous les cardinaux pour doner desindul-. gences au peuple & aux pèlerins, quiétoient venus à Rome par dévotion. Le jcudi-íaint il sortit encore pour fulminer les bulles d'excomunicatiorr assisté des mêmes cardinaux, tenant des cierges allumés suivant la coutume. Le vendredi- saint is assista a l'ofice dans fa chapelle, & alla à l'adoration de la croix suivi de Pous les cardinaux l'un après l'autre. Le samedi il assista à l'ofice & a la bénédiction du cierge pascal : chaque jour de cette semaine sainte diférens cardinaux oficierent devant le pape , & on marque les noms de tous.

Le jour de Pâques qui fut le dix-huitiémed'A- Lr; vril le pape Urbain fut couroné folemnelement avec c°"r,onemeBat'

*, r , , .r r , d Urbain.

routes les cérémonies requises, enprelence de tout ». **•
se peuple & des pelerinsqui étoient en grande mul-
ritude. Tous les seize cardinaux y assistèrent ; car
les quatre qui étoient sortis de Rome, y étoient ren-
trés > & pendant trois mois ils continuèrent de lui:
rendre les devoirs acoûtumés,&de vivre en tout avec
lui- comme avec un vrai pape. Le lendemain de

An. 1378. f°n couronemcnt dix-neuvième d'Avril les seize cardinaux qui étoient â Rome écrivirent aux six qui j croient demeurés à Avignon une lettre où ils di

*. tf. soient : Afin que vous íachiés la vérité de ce qui s est ici passé, & n'ajoûtiés pas foi à ceux qui vous l'ont autrement raporté, fâchés qu'aprcs la mort du pape Grégoire XI. nous íbmes entrés en conclave îe septième de ce mois, &,le lendemain matin vers l'heure de tierce nous avons élu librement & unanimement pour pape le seigneur Barthelemi archevêque de Bari, & avons déclaré cette élection eh présence d'une très-grande multitude de peuple. Le neuvième de ce mois Pélu intronisé publiquement a pris le nom d'Urbain i & le jour de Pâques il a été couroné solemnelement. La lettre est souscrite par tous les seize cardinaux. Les íìx d'Avignon y répondirent par une lettre où ils reconurent Urbain pour pape; & le cardinal d'A, miens venant à Rome de fa légation de Toscane le

p^rfi.».*j. vingt-cinquième d'Avril fut reçu en consistoire comme légat, & salua Urbain comme pape. Ainsi il fut reconu expressément par tous les vingt-troi« qui compoíbient alors le sacré collège.

Th.n. e,4. Mais le lundi de Pâques après avoir oúi vêpre* dans la grande chapelle de son palais, il comença à faire publiquement des reproches aux évêqnes qui étoient venus à ces vêpres : diíànt qu'ils étoient tous des parjures d'avoir quité leurs églises pour résider â fa cour. Tous gardoicnt le silence, excepté Martin évêque de Pampelune référendaire du pape, Catalan , & docteur célèbre en droit-canpn qu'il avoit long- temps enseigné à Avignon. Il répondit au pape : Je ne suis point parjure : je An. 137$. ne fuis point à la cour pour mon intérêt particulier , mais pour l'utilité publique : je fuis prêt à m'en retirer, 6c m'en aller à mon église. Reprochant ainsi tacitement au pape l'imprudence de íà réprimande.

Le lundi suivant il tint un consistoire public où t íé trouvèrent les cardinaux, le> prélats Ôc les officiers de la cour de Rome en grand nombre. Il leur fît un sermon prenant pour texte 1 évangile du bon pasteur qui est celui du dimanche précédent, & íè remit à reprendre les moeurs des car- tnaux & des prélats, & assés grossièrement. Ils le trouvèrent mauvais, & d'ailleurs n'en tinrent pas grand compte : en íbrte que ces remontrances indiscrètes ne fient que rendre odieux le pape Urbain. Vers se même temps un collecteur des revenus de la chambre apostolique venant d'une province lui aporta quelque peu d'argent de fa collecte ; &c le pape lui dit ces paroles de saint Pierre Xs.hu.»»; à Simon : Ton argent périsse avec toi , & ne se mit pas en peine de le recevoir. Il saisoit de jour en jour beaucoup d'autres actions semblables qui alienoient de lui les esprits.

Vers la mi-Mai les cardiuaux mécontens for- u}

\ 1 1 r Les cardinaux

tirent de Rome ou etoit encore le pape, & íe re- ì Awgni. tirèrent à Anagni en Campanie, fous prétexte de- T 'c'7'' viter les chaleurs qui conlencent alors à être grandes à Rome. Quelques jours après le pape Urbain fut informé que ces cardinaux vouloient procéder contre lui, ce qui le fit repentir de les avoir laissé aller i & espérant les ramener il sortit de Rome le *>vf

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