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avoient une grande & belle armée, dont le pape ^N J T Clément déclara capitaine le duc d'Anjou, lui recomandant l'interct de l'église , c'est-à- dire la destruction du pape Urbain. A la prière de ces deux princes, Clément fit un cardinal le trentième de Mai vendredi des Quatre-temps de la Pentecôte , < savoir Thomas de Cassât ou Casait e de l'Ordre des frères Prêcheurs , auparavant Inquisiteur eií Lombardie. Il étoit de' Piémont , déja avancé en âge, vertueux & savant, quoi-qu'il ne sut pas docteur en théologie. : •

Le lendemain samedi dernier jour de Mai le' duc d'Anjou partit d'Avignon , & marcha avec son armée par les plaines de Lombardie & les terres de 1 église. Son-droit chemin le menoit à Rome, mais il s'en détourna, & aïant traversé la Toscane, il entra au roïaume de Naples , & s'arêta à l'Aquila, qui terioit encore pour le parti dé la reine > car il íongeoit plus à fa conquête , qu'à faire cesser le schisme, en ataquant Urbain. Ce pape vit bien le péril ; & le vingt-troisième d'Aout il publia une bulle par laquelle il prometoit Indulgence de la croisade pour la Terre-làinte à ceux qui prendrait les armes pour la défense de l'égíise & de la ville de Rome contre le duc d'Anjou , & qui ferviraient en cette guere pendant quátíie mois.

, Ensuite il publia uneautre bulle adressée à Jour-J dain. archevêque de Regio, où il dit eh substance : Nous avons fait certaines procédures contre Louis duc d'Anjou , Amedée comte de Savoie , Pierre comte de "Genève , & Foucher de Siuìt ? sénéchal de Provence , qui ont suivi le schiilme de

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An. 1381. l'antipape Robert, & font venus en Italie avec une grande multitude de gens armés, pour troubler U paix de 1 église, envahir ses terres & le roïaume de Sicile i & nous les avons déclarés schismatiques, apostats & sacrilèges, criminels de lèse - majesté ,

• & punistables comme hérétiques. En conséquence

de quoi, nous les avons excomuniés, déposés de toute dignité, Sc privés de tous fiefs & autres biens: enfin nous avons doné l'indulgence de la croisade à ceux qui marcheront contre eux. C'est pourquoi nous vous mandons dé faire publier cette constitution dáns les provinces de Regio,de Cosence, de Roísane & desaintSeverin , & l'expliquer en langué vulgaire : y joignant des exhortations aux fidèles de se croiser pour la cause de l'église. La bulle est datée de Rome le vingt-huitiéme de Septembre.

Le pape Urbain i'envoïaaufll à George archevêque d'Amalfi , avec ordre de la faire publier meme par les frères des quatre Ordres Mandians. Il avoic fait venir au roïaume de Naples le capitaine Anglois Jean Agutavec ses troupes; & pour leur solde il avoit mis une imposition fur le clergé du pais, mais ils refusoient de la païer. Sur cjuoi le pape écrivit aux archevêques de Naples & de Capouc, leur en faisant de grands reprochas & leur représentant qu'il s etoit lui-même épuisé pour leur défense. La lettre est du quatorzième de Novembre. Xiii. Jean de Gand duc de Lancastre & oncle du roi

A^iMcdree.eB d'Angletere, prétendoit au roïaume de Castille, &

conirt cie- s'étoit croisé pour en déposlèder le roi Jean exco13S1. munie par le pape Urbain VI. mais ignorant quels

s'4' n. n. étoient les droits & les privilèges de la croifaae> il

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pria le pape de l'en instruire, comme il fit par sa An. 1383. bulle du huitième d'Avril 1383. Il le renvoie à la constitution du grand concile de Latran, ou plutôt s livíltn à la bulle d'Inocenx III. dopée en 1113. dont il raporte les principales clauses : mais «ette croisade du duc de Lancastre ne fut pas exécutée, parce qu'au lieu d'aller en Espagne il fut obligé démarcher en r^for-wi Ecosse.

Cependant le pape Urbain avoit envoïé à" Henri Speníer évêque de Norvic des bulles pour prêcher la croisade contre la France & le pape Clément, lui acordant plusieurs grands pouvoirs à cette fîn, en qualité de nonce apostolique i & l'évcque les notifia à tous les curés du diocèse d'Iorc , par un mandement du neuvième de Février 1381. c'est-àdire 1383. avant Pâques. Outre l'indul^ence dé la *'t*4, croisade le pape Urbain ordona la levée d'une dé* cime entière sur toutes les églises d'Angletere : íàchant bien que les gens de guerre nobles & autres ne marcheroient pas fans argent. Car, ditFroissard F»!fauteur du temps, les gens d'armes ne vivent pas * >3U de pardons, & n'en font pas grand compte sinon à l'article de la mort. Or l'évêque de Norvic fut charge du recouvrement & de remploi de la décime & du comandement de toute l'armée de cette croisade.

Il se mit en marche vers la fête de la Trinité* *V/î. qui cette année 1383. fut Je dix'feptiéme de Mai, avec une partie 4e ses troupes j & s'étant embarque il ariva à Calais. Mais au lieu d'entrer en France &c d'ataquer les Clémentins suivant le projet de la , %n croisade, u le détourna, & ht la guerre aux Fia* i»,

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An.1383. mans-, quoi qu'ils fussent Urbanistes comme les' Anglois. Le comte de Flandres s'en plaignit, le roi de France vint à ion secours, & Pévêque deNor• vie fut obligé de retirer ses troupes, & s'en retourner en Angïetefe. • xiv. . Le pape Urbain n'étoit pas content de Charles i^píc"V1* de la Paix, qui à son gré s'oposoit trop foiblement T>- y-r au duc d'Anjou , & tardoit trop à-mettre en possession des duchés deCapouc & d'A malfi François Prignano son neveu. Il résolut donc dallera Naples, , contre l'ayis -de six ou sept de ses cardinaux, qui lui représentèrent qu'il s'exposoit à de grands

{)érils : mais il étoit ataché à son sens , & ne vouoit pas être contredit. Il sortit donc de Rome fous prétexte de la mortalité qui y regnoit, & se retira n»ì». t'j83.' a Tivoli le dix-neuvième d'Avril. Au comencement de Septembre il passa à Ferentino , d'où il manda aux cardinaux qui s'étoient oposos à son voïage, &: qui étoient demeurés a Rome, de venir auílì-tôt le trouver. Mais ils s'en excusèrent sur leur pauvretés sur les périls des chemins ,à cauk des Bretons logés à Anagni qui tenoient pour lepape

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où illeschargeoit d'injures i & il se proposo
priver de leur dignité, s'ils ne l'eussent suivi bien*

tôt après.

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ri- N',m. t -í-Oès que la saint-Michel sut passée, le pape Urbain entra dans le roïaume de Naples pat laCan> partie, malgré le roi Charles de la Paix. Ils se rencontrèrent près d'Averse, où le roi le salua, &n*t fonction de son écuïer marchant devant lui lorsqu'ils

qu'ils entrèrent dans la ville. Le roi lui fit voir le ^N
château qui étoit beau & grand, bâti comme l'on
difoit par l'empereur Frideric II. Le pape ne vou-
loir pas y entrer, & alla loger ailleurs i mais les
gens de fa fuite eurent peine à trouver des loge-
mens, & même à faire abruver leurs chevaux, par-
ce qu'on ferma toutes les portes de la ville, dès
qu'ils y furent entres : ce qui leur parut de mau-
vais augure» ...

Peu de jours après, c'est-à-dire le neuvième d'Octobre le pape & le roi vinrent à Naples, où »•»«•»»■ 1 le roi fît loger le pape au château-neuf fous bone «* garde : fans toutefois l'enfermer , eníbrte qu'il donoit audience à l'ordinaire à ceux qui fe préfentoient. Cependant les cardinaux folicitoient instament le roi de mettre le pape en liberté, & s'acomoder avec lui : ce qu'ils obtinrent du moins en aparence. Le roi demanda publiquement pardon au pape avec larmes lui fit excuse de íà détention, dont il rendit des raisons que plusieurs ne jugèrent pas mauvaises. Il fut donc réglé que le pape fortiroit du château-neuf, & logeroit,comme il fit, à l'archevêché où le roi & la reine Marguerite son épouse le visitèrent souvent avec respect.

Le pape Clément de son côté aïant perdu quelr Xv\ ques-uns de fes cardinaux qui étoient morts , en Nouveau»

J f. ' cardinaux de

nt neuf en une promotion le mécredi vingt-troi- cieme«vn. íìéine de Décembre 1383. Le premier fut Pierre de ijlïí" °' f' Cros noble Limousin d'une famille qui avoit eu d-éja deux cardinaux. Il fut premièrement moine Bénédictin â faine Martial de Limoges i puis en 1351. abbé deTourmiSjôc dix ans aprèséveque de Tonu XX. Z z

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