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j nous procéderons contre lui suivant l'énormité de ses actions. Le pape envoïa cette bulle à tous les archevêques , acompagnée d'une lettre én date du douzième d'Avril, par laquelle il leur ordoned'en envoïer des copies a leurs fufragans, afin qu'elle soit publiée solemnellement dans toutes les églises. Ait. Ar^nt. Le pape fit aficher cette monition aux portes de l'église d'Avignon , & pendant les trois mois de terme. Louis de Bavière envoïa plusieurs fois des agens au pape & au roi de France, dont il le croioit toujours dépendant , & ne tenoit pas pour sincère l'ipterceffion du roi auprés du pape. Cette négociation fut fans fruit, & le terme de la monition étant échu , c'est-â-dire au bout des trois mois, le pape tenant uri consistoire, fit crier en Latin &en Alleman si quelqu'un se presentoit pourLoùis de Bavière,. perfone ne comparut, & le pape le déclara contumax. Mais Louis aïant écrit au roi de France ; Si le pape fait quelque procédure contre moi, je m'en, prendrai à vous, ce prince écrivit au pape de rie bôïtìt paíTer outre. . !* ^-'.V^:

xvnr. Entre les cardinaux que le pape avoit faits l'an

Collations / I .1 1 t /* f -4 1

pape ca née précédente , il y en eut deux aulquels il dona Angleterre, bénéfices en Angleterre} savoir Aimar Robert Sas. ». i*. du titre de sainte Anastasie, & Geraud de la Garde du titre de sainte Sabine, tous deux Limousins. Ils /. Mî* envoïerent leurs procureurs en Angleterre pour obtenir l'effet de ces grâces : mais les officiers du roi les empêchèrent d'execiiter leur comiífion , & les aïant mis en prison, les chaíTerent honteusement du roïaume. Le pape I'aïant apris , écrivit ainsi au roi d'Angleterre Edouard III. Depuis long-temps nous avons jugé qu'aprés la création des nouveaux car- AN.1343. dinaux , il étoit convenable de leur douer de quoi subsister avec bienséance selon leur état , puisqu'ils

Îartagent avec nous le travail des asaires de l'églie : & tout bien considéré, nous n'avons point trouvé de moïens moins à charge aux églises , que de pourvoir ces cardinaux de bénéfices déja Yacans, ou qui viendront à vaquer en divers païs, jusqu'à une certaine somme. Ç'eft ainsi que nous avons pourvu Jes deux cardinaux Airaard & Geraud natifs de vôtre duché d'Aquitaine, de bénéfices situés dans vôtre roïaume.

Le pape raconte ensuite la manière dont les agens des deux cardinaux ont été traités , & ajoute : II est certain que nous avons acordé des grâces semblables aux autres nouveaux cardinaux dans presque tous les pais Catholiques, fans avoir oui parler d'aucune rébellion > &c nous croisons qu'il est de vôtre honeur & de vôtre intérêt que les cardinaux naturelement afectionés à vôtre service, possèdent des bénéfices dans vos états; & Pieu veuille que ceux qui sont élevés par les bienfaits de l'église Romaine ne soient pas les auteurs de ces violences, comme on le croit vraisemblablement. Il finit en priant le roi de fairereparer ce qui a été sait contre les agens des cardinaux, òc de leur acorder fa protection pour les asaires dont ils font chargés. La lettre est datée du vingt-huitiéme d'Août 1343.

Le roi répondit un mois anrés par une lettre où il dit: Il est notoire que dés la naissance de l'église les rois nos prédécesseurs, & ies seigneurs d'Angleterrre ont tonde les églises , & leur ont doné des 0 m

•an 1543 biens & ^es privilèges, y établissant des dignes mí° nistres pour l'instruction des peuples & la propagation de la foi. Mais il est triste que par les provisions qui vienent de Rome, ces biens tombent aux mains deperfones indignes principalement d étrangers qui ne résident point dans leurs bénéfices , ne .conoissent point leurs troupeaux, & n'en entendent pas la langue : tít cherchant uniquement que le profit temporel. Ainsi le service*divin est diminué,le íbin. des ames négligé, l'hofpitalité cesse, les droits -des églises se perdent , les bâtimens tombent en ruine. Cependant les hommes doctes & vertueux du Toïaume qui pouroiënt Utilement conduire les ames, & íervir dans nos conseils, abandonent les études, désespérant d'obtenir des bénéfices.D'ailleurs le droit de patronage que nous & nos sujets avons fur les bénéfices, est diminué,nôtre jurifdiction est frustrée, & les droits de nôtre courone dépérissent honteusement: les richesses de nôtre roïaume passent à des étrangers, pour ne pas dire à nos ennemis : peut-être par un dessein secret d'afoiblir nôtre roïaume, en abaiíïànt son clergé, & épuisant ses richesses. Tous ces inconveniens ont été depuis peu exposés en nôtre présence dans nôtre parlement, auquel ils ont paru intolérables, & il nous a prié instament, te tout d'une voix d'y aporter remède. Nòus vous prions donc de permettre que les élections libres aïent lieu dans les églises cathédrales & dans les autres: d'autant plus qu'autrefois nos ancêtres conferoient ces églises par le droit de leur courone, & depuis à la prière du saint siège ils acorderent les élections aux chapitres fous certaines conditions, ôc cette concef

íîon fut consirmée'par le saint siège. La lettre est. ^[JJT w du vingt-fixiéme de Septembre.

Elle contient deux faits importans contraires à la vérité, ce qui étoitl'effet de l'ignorancedu temps. Le premier, que les rois d'Angleterre sussent les fondateurs de toutes les églises de leurs roïaumes ; puisqu'il est certain que sous l'empire Romain la religion étoit établie dans la Grande-Bretagne, & les évcchés fondés , pour la plupart avant l'entrée des Anglois-Saxons & des autres Barbares. Vous l'avés sup. u». vû dans le cours de cette histoire. L'autre fait faux, est que les rois eussent originairément le droit de conférer les évcchés, & que les élections se suíïènt introduites par leur permission. Vous avés vû que sous l'empire Romain les évêques étoient choisis & ordònés par le concile de la province , fans que l'empereur fii íès officiers s'en mêlassent. Après rétablissement des peuples Barbares, leurs rois se rendoìent quelquefois maîtres des élections, mais quant à celles des chapitres, elles s'introduisirent insensiblement , je les trouve établies dés-le douzième siécle, fans en avoir pû remarquer le comeheemenr.

Le vingt-feptiéme de Février 1344. le pape Cle- xix. ment fit oeux cardinaux , c'étoit le samedi des quatre-temps de carême.'Le premier cardinal fut Pierre x**1^'. f' Bertrandi le jeune, neveu de celui qui s'étoit signalé en la dispute avec Pierre de Cunieres, & qui vi- Sut-'»*■ voit encore. Sa íœur Marguerite Bertrandi épousa Barthelemi de Colombiereau diocèse de Vienne, & de leur mariage naquit le jeune Pierre, què le pape Benoît XII. fit chanoine d'Autun : puis il fut évêque de Nevers, & ensuite d'Arras cn 1339. Le pape Cle

An 1344 nient le sic cardinal prêtre du titre de sainte Suíàne\ il acorda fa promotion aux prières de la reine de France Jeanne de Bourgogne. Le pape l'avoiia luimême dans le discours qu'il fit aux cardinaux en ce

B*!, f. 8ff?. consistoire. Dieu m'est témoin, dit-U, que jeudi je íòngeois aussi peu à doner les ordres, qu'à la chose du monde la moins vraisemblable : mais le soir fort tard il me vint des lettres de la reine de France, qui dés le comencement de ma création, m'écrivit que je lui devois acorder un cardinal, &depui&elle m'en a sollicité plusieurs fois ardemment pour ce prelaç par ses lettres & ses ambassadeurs. Si j'avais prévu que je fisse une ordination, je l'aurois faite plus nom-, breufe,& j'auroispris unou plusieurs Italiens. Lçpape voulut que ce prélat fût nomé le cardinal d'Arras. t. t74. Le second de cette promotion fut Nicolas de B esse neveu du pape , fils de fa sœur Delfine Roger , 8c de Jacques de Besse. Le pape prit soin de son éducation , & le fit étudier à Paris : ensuite il étudia à Orléans , & il y étoit professeur quand le pape le fit venir à íà cour. Il l'avoit fait évêque de Limoges dés Tannée précédente 1343. mais il ne fut jamais sacré', & ce sut à la prière unanime de tous les cardinaux que son oncle le fit cardinal diacre, lui douant le titre de íâinte Marie in via latâ. x x. Le roi Philippe de Valois aïant obtenu du pape

a*Xím a" <ìu*ii mrsk aux poursuites contre Louis de Bavière :

íiv.crc ce prince envoïa au pape & au roi, pour savoir ce qui empêchoit £à reconciliation, puisqu'il étoit prêc

A'h.A^ent. à faire tout ce qui lui seroit enjoint par le pape. Le

t- <a- roi Philippe lui répondit : Le pape dit que vous ne demandes pas grâce de la manière dont vous le de

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