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^N j " pouvoirs suffisants de l'empereur, du patriarcheGreé ou des autres grands, afin que leur negotiation ne

s*p. Uv. t pas illusoire, corame avoit esté la réunion du con

* cile de Lion. Les envoies repondirent qu'ils n'avoient

point de pouvoirs par écrit ; & toutefois le pape & les cardinaux désirant ardemment l'union , se firent doner par écrit ce que les envoies vouloient proposer : afin de voir si l'on enpóuroit tirer quelque utilité.

Rum. n. *o. Barlaam dona donc fa proposition, qui porte en substance : On peut imaginer deux moïens de faire la reunion, la force & la violence, ou la persuasion. Il faut absolument renoncer au premier moïen , puisque vous en convenés vous meme : le second est encore double, l'un pour les fa vans, l'autre pour le peuple. Si trente ou quarante de nos íavans vienent vers? Votre sainteté, je fuis assuré qu'ils s'accorderont tresfacilement avec vous : parce que vous agirés íans

Í>aíïìon, & ne chercherés que la vérité. Mais quand es nôtres seront retournés en Orient, ils ne pouront ramener le peuple á croire ce que vous aurés accordé , & il se trouvera des gens qui par envie, par vanité , ou peut-estre croïant bien faire leur diront : Mes frères, prenés garde de vous laifler séduire, ces gensci ont esté gagnés par presens, ou par flateries : ne changés rien à vos usages. Ainsi les favans qui se seront accordés avec vous, ne pouront rien faire &c seront eux-mêmes en péril.

Voici donc le moïen de vous reunir le peuple avec les favans. Le peuple a ouï dire que l'on a tenu six conciles generaux,& que chacun a corrigé les erreurg cjui étoient alors dans l'église : ainsi le peuple est per-r <uadé qu'U s'en faut tenu à ce qui est décidé par un concile gênerai. Si donc on en tient un à présent sur ^N T ' vos différends avec lesGrecs,tous les Orientaux rece- 9 vront volontiers ce qu'il aura determiné.Si quelqu'un dit qu'on l'a deja fait au concile de Lion : il doit savoir qu'on ne persuadera jamais au commun des Grecs de le recevoir fans un autre concile : parce que les Grecs qui affilièrent au concile de Lion ne furent envoies ni par les quatre patriarches, qui gouvernent Icglifed'Orient,ni parle peuple , mais parl'empereur seul, qui s'efforça de faire l'union avec vous, non volontairement mais par violence. Si donc vous voulés tenir fur ce sujet un concile gênerai , commencés par envoïer il'église d'Orient des légats craignants Dieu & remplis de l'eíprit d'humilité & de patience avec des lettres pour inviter les patriarches de C. P. d'Alexandrie > a*A ntioche & de Jérusalem, & les autres éveques à s'aísembler avec vous en quelque lieu, y traiter charitablement les questions, décider ce que le S. Esprit vous inspirera. C'est le moïen de ramener le peuple & de reunir l'église.

Barlaam vient ensuite à l'interêt temporel & dit: Depuis long-temps les Turcs ont conquis fur les Grecs quatre grandes villes de Natolie & en ont soumis par force les habitans à leur religion. Ceux-ci voulant revenir auChristiamíme:ontrait direal'em

{>ereur mon maître de venir avec une armée, & qu'ils ai livreroient ces villes ; mais iíempereur ne se croïant pasaísés fort avec ses troupes seules , nous a envoies au roi de France demander du secours pour ce fujet. Or si nous avions repris ces villes, les Turcs perdroient toutes leurs forces maritimes , toutes les villes qusíònt entre nous,& ces quatre se livreroient ì

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An.1335). nous: Se nous aurions une grande ouverture pour le1 paílage à la terre Sainte. Nous vous supplions donc que l'on envoie du secours en ces quartiers-là , avant que vos légats y aillent,ou du moins en même temps: parce que les Grecs voïant votre secours deja venu , feront mieux disposés à écouter vos légats > & l'empereur pourra dire au patriarche & aux autres prélats : Voies comme les Latins font bonnes gens & recherchent notre amitié non seulement par les belles paroles, mais par les effets : nous devons donc aussi chercher à nous reunir avec eux. Secondement tant que l'empereur fera en guerre avec les Turcs, il ne pourra assembler les quatre patriarches & les autres évêques,ni assister lui-même au concile.

Quant à ce que disent quelques-uns d'entre vous : ll faut que les Grecs commencent par se reunir avec nous, & alors nous marcherons contre les Turcs : Je ne puis être de leur avis pour plusieurs raisons. Premièrement les Turcs n'attaquent pas seulement les Grecs, mais encore les Arméniens, les Cypriots & les Rodiens, qui nous font soumis, & tous les insulaires: ainsi vous devriés envoïer du secours au moins pour eux.Les Turcs n'attaquent pas les Grecs comme Grecs ni comme divisés d'avec vous, mais comme Chrétiens : ainsi marchant contre les Turcs, vous n'irés pas proprement au secours des Grecs mais de la religion. Tant que lìgmpire Grec subsistera il vous fera tres-facile d'abatre les Turcs vous joignant à l'empereur Grec: parce que les Grecsconoiíîent la manierc dont les Turcs font la guerre. Dans toutes les terres des Turcs & des Sarasins il y a grand nombre de Chrétiens & de renégats fort affectionnés à" la domi-,

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àationdes Grecs. Mais s'il arrivoit, ce qu'à Dieu ne Xn^mt" plaise, que les Turcs renversassent Pempire des Grecs y ils deviendroient si forts, qu'il vous feroit tres difficile de les abatre. Agisses donc maintenant, fans attendre le temps où vous songerés, non pas à les attaquer, mais à vous défendre d'eux. Si lesTurcs venoient vous prier de vous joindre a eux rxnir détruire les Tartares &c les Sarrasins, vous les ecouteriés : parce qu'il vous feroit plus avantageux de faire la guerre avec lesTurcs, les Tartares & les Sarrasins , que de les attaquer tous trois vous seuls. Il en est de mcme de vous joindre aux Grecs, plutôt que d'attaquer seuls les Grecs & les Turcs. Sacnés encore & certainement, que ce n'est pas tant la différence des dogmes qui aliène les Grecs de vous, que la haine qu'ils ont conceue, à cause des grands maux que ies Latins leur ont faits en divers temps & leur font encore tous les jours > & l'nnion ne se peut faire, si on ne commence par faire cesser cette haine par quelquCgrand bienfait de votre part : sans quoi ils ne voudront pas même vous écouter. Sachés enfin que ce n'est pas le peuple des Grecs qui m'a envoie vers vous, mais l'empereur seul & secrètement ; ensorte que si on ne lui envoie auparavant du secours, il n'osera déclarer qu'il désire í'union avec vous.

Le pape & les cardinaux aiant vu & soigneusement examiné cette proposition de Barlaam repondirent : Il n'est pas à propos de paroître maintenant révoquer en doute ce qui a été décidé folemnelement au concile d'Ephefe, en ceux de Tolède & de Lion Sc cn plusieurs autres, que le S. Esprit procède du Pere & du fils comme d'un seul principe. Ce que les Grecs ^N r ont professé expressément du temps du pape Hormis.. * da, de Jean patriarche de C. P. & de l'empereur Jus-, tin i & long-tems aprés un autre patriarche Jean 6c l'empereur Michel Paleologue , par la lettre synodiqiie envoïée au pape Jean XXI.

Il faut expliquer ces citations. Le concile d'Ephese ne traita directement que du mystère de l'incarnation contre l'hereíìe de Nestorius > & ce ne fut qu'incidementqu'ony parla de la procession du S. Esprit SMf.ih.xxr. àl'occasion du neuvième anathème de S. Cyrille ôc Unuìen as- ^u ^aux symbole dénoncé par le prêtre Charifìus. On f*n. i.Dama- y Voit toutefois assés clairement que S. Cyrille & touc le concile croioient que le S. Esprit procède du Fils, foolctuc- f- Le concile de Toi ede,dont il est ici parlé,est le troisieSuf liv me tenu l'an 5 8 9. où se trouve pour la première. £019 Xxx,v.».,í. l'addition filioque. Quant au pape Hormisda nous 4T XLV' "' avons une lettre de lui écrite à l'empereur Justin en Ta 4 cone.f. Jii. où il dit expressément : Il est propre du S. Esprit íij3 î* ^e procéder du Pere & du Fils. Sans que les Grecs sc j.xXX". soient plaints alors de cette expression. Le concile de R»m. n. xt. Lion est celui de l'an 1174. ou se fit la reunion procurée par Michel Paleologue.

Les envoies de l'empereur Andronic aïant vu la réponse du pape dirent : Sion ne peut persuader aux Grecs de professer l'article du symbole comme les la-» tins, que chacun demeure dans fa créance, íans préjudice de l'union. On leur repondit: Celane se peut íbufrir.L'église catholique n'a qu'une seule créance;ôc ne résistant pasàl'erreur elle fembleroit l'approuver. Toutefois le oape voulant toujours faciliter l'union dit aux envoies: Que votre patriarche & votre empereur assemblent en concile les prétendus patriar

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