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J. C. 1522. DON JEAN

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Maures plus fiers de cette capture, qu'affligés AN N. de de la perte de leur Navire, conduisent leur proye à Diu, où Mélic Saca faisant trophée de cet avantage, voulut que la Galere fut mife III. Rol. dans un arsenal, comme un monument éternel D. EDOUARD de fa gloire, montrant cette Galere à tous les DE MENESES étrangers, à qui il faifoit accroire qu'elle avoit NEUR. été prise par ses Fuftes. Il en conçut d'ailleurs tant de mépris pour le Général, que dès ce moment il recommença fes courfes & fes pirateries. Le Mélic Jaz fon pere étoit mort quelque tems auparavant, homme digne de vivre à jamais dans l'histoire pour cette rare prudence qui lui fit fi bien menager tous les tems avec les Portugais, qu'il fit toûjours avec eux la guerre ou la paix à fon avantage, & fçut mériter leur eftime en les joüant toûjours.

Les affaires fe fentoient ailleurs de la foibleffe du Gouvernement. L'Idalcan, qui avoit fait sa paix avec le Roi de Narsingue, rentra peu à peu en poffeffion des doüanes de la terre. ferme, dont les Portugais s'étoient émparés. François Pereira Peftaña Gouverneur de Goa, quoique affez bon Officier, ne put l'en empêcher malgré quelques legers avantages qu'il eut en differentes occafions. Mais ce qu'il y eut de plus fâcheux, c'eft que la dureté de cet homme fit deferter de Goa plufieurs familles, qui aimerent mieux aller s'établir ailleurs, que de vivre fous les ordres. Le Gouverneur géné,

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J. C. 1522.

AN N. de raln'ignoroit pas les plaintes qu'on faifoit contre Pestaña; mais il bouchoit les oreilles aux cris du peuple gagné par les préfens & la bonne chere, que Pestaña lui avoit faits.

DON JEAN

III. ROI.

D. EDOUARD

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NEUR.

De tous les Officiers qui avoient eu des comDE MENESES miffions de la Cour pour aller à la Chine, & qui foupiroient tous après ce voyage dans l'esperance des gains immenfes qu'ils y pouvoient faire, & dont ils avoient l'exemple dans Pereftrelle & les deux d'Andrade, Edouard ne laiffa partir que Martin Alphonfe de Mello Coutinho avec une efcadre de quatre Vaisseaux, dont deux autres freres de Coutinho & Pierre l'Homme étoient les Capitaines. Martin Alphonse étant arrivé à Malaca, fit tant par fes prieres & par celles de George d'Albuquerque, qu'Edouard Coello & Ambroife de Rego fe joignirent à lui pour ce voyage, auquel ils n'avoient pas d'inclination. Coello, qui avoit eu part aux extravagances de Simon d'Andrade, n'ignorant pas à quel point les Chinois étoient irrités, fe doutoit bien de la mauvaife reception qu'ils devoient leur faire. En effet dès qu'ils parurent, le Mandarin Garde côte ayant donné avis à Canton de leur arrivée, en reçut ordre des premiers Magiftrats de les pourfuivre à feu & à fang, de n'écouter aucune proposition de leur part, & de faire les derniers efforts pour les détruire. Mello qui n'avoit rien de plus à cœur, que de renoüer la bonne intel

1522.

DON JEAN

ligence entre les deux nations, foutint tout ANN. de l'effort de la Flote Chinoise fans répondre, J. C. & fut indigné contre Ambroise de Rego, qui n'ayant pas tant de phlegme avoit fait fervir fon ni. Rot. artillerie, & fait affez de dégât dans les Vaif- D. EDOARD feaux qui s'étoient trop approchés de lui. Mais voyant enfuite que la patience ne lui fervoit NEUR. de rien, Mello n'en eut que plus d'ardeur pour se venger.

Ses Capitaines ne jugerent pas à propos de feconder fon courage, & il lui fallut penser à la retraite. Elle ne fe pût faire fi promptement & fi à propos, qu'il eût été à fouhaiter; il perdit quelque monde dans un aiguade. Pour furcroît de difgrace, le Vaiffeau de fon frere Diego fauta par le feu, qui prit aux poudres. Celui de Pierre l'Homme fut enlevé par les ennemis. Mello lui-même eut bien de la peine à se sauver avec le refte, laiffant aux Chinois avec le plaifir de l'avoir mis en fuite, celui de profiter de fes dépouilles, & d'avoir fait plufieurs prifonniers,dont quelques-uns moururent de faim dans les prifons de Canton. Ils prévinrent par cette mort la fentence de l'Empereur, qui les condamnoit à être coupés par morceaux, comme efpions & comme voleurs. En quoi, dit un auteur Portugais, les Chinois leur faifoient moins d'injustice fur le second article, que fur le premier: Il y en eut vingt-trois qui fubirent la rigueur de ce cruel arrêt.

DE MENESES

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AN N. de J. C. 1522.

A fon retour, Mello voulut donner un coup 'd'œil à la Fortereffe de Pacen, pour voir s'il ne pourroit pas lui être de quelque utilité. L'évenement montra combien cette pensée étoit fa D. EDOUARD lutaire. Depuis la mort de George de Britto, le DE MENESES Roi d'Achen enflé de fa victoire, n'avoit point

DON JEAN

III. ROI.

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NEUR.

quitté les armes, & s'étoit rendu maître des Royaumes de Pedir & d'Aïa. Etant enfuite entré dans le Royaume de Pacen, il en fit une conquête d'autant plus aifée, que le Roi trahi par fes propres fujets, fut trop heureux de pouvoir se sauver, sans avoir pû se prévaloir du secours, que lui donnerent les Portugais, qui se voyant trahis eux-mêmes, y perdirent trentecinq des leurs, & entre autres leur chef Don Manuel Henriques, frere d'André Gouverneur de la Citadelle. Le Roi d'Achen plus fier par ce fuccès, envoya fommer celui-ci de rendre la place, qu'il fit inveftir fur fon refus. Ce fut dans ces circonftances que parut la Flotte de Mello Coutinho, dont la vûë seule fit lever le fiége.

Mais Mello ayant continué fa route pour les Indes, les Portugais fe trouverent de nouveau embarrassés. André Henriques demanda du fecours à Raphaël Pereftrelle, qui étoit à Chatigam dans le Royaume de Bengale. L'Officier que Pereftrelle envoya, fe fit fourban. Le fecours de celui-ci manquant, Henriques s'adressa au Gouverneur général, qui lui envoya

J. C.

Lopes d'Azevedo pour lui fucceder, ainsi AN N. de qu'Henriques l'avoit demandé lui-même. Des raifons perfonnelles d'intérêt ayant empêché Henriques de lui livrer le Gouvernement de la III. ROI. place, Azevedo s'en retourna comme il étoit D.EDOÜARÐ

venu.

1522. DON JEAN

DE MENESES

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Don André Henriques ne laiffoit pas de fe NEUR. bien défendre, & avoit eu trois avantages affez confiderables; mais l'inquiétude où il étoit fur fes effets, qu'il craignoit de perdre, & l'envie de les mettre en fûreté, ayant pris le deffus dans fon efprit, il s'embarqua, & laissa à sa place Arias Coello fon parent, qui accepta la commiffion en brave homme. Henriques faifant voile pour les Indes, trouve fur fon chemin Sebastien de Sofa & Martin Correa, qui alloient charger aux Isles de Banda. Le premier avoit eu ordre d'aller conftruire une Citadelle dans l'Ifle de faint Laurent où de Madagascar au port de Matatane,& n'avoit pû y réüffir, parce que le Vaiffeau qui portoit les matériaux, avoit été féparé de lui par le gros tems. Henriques leur ayant dit l'état où il avoit laiffé la Fortereffe de Pacen, ils crurent que leur devoir les obligeoit à l'aller fecourir, tandis que le Gouverneur de cette même place aveuglé par fon avarice, travailloit à s'en éloigner. Mais il travailloit en vain. Les vents contraires le forcerent à relâcher.

Le Roi d'Achen quoique étonné de l'arrivée

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