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J. C.

1523.

III, ROI.

DE MENESES
GOUVER
NEUR.

ANN. de de ce fecours, n'en fut que plus animé à faire les derniers efforts pour emporter la place. Il y fait planter l'efcalade une nuit. Il avoit huit mille hommes, plufieurs Elephants, & il y fit D. EDOUARD appliquer plus de fept cens échelles. Les Portugais fe défendirent comme des héros, & forcerent les ennemis à fe retirer avec perte de deux mille morts. Il y avoit trois cens cinquante Portugais dans le Fort, & des vivres pour plufieurs mois. Avec cela qui auroit pû fe perfuader que ces braves, qui venoient de fe fignaler par une action capable de les immortalifer, euffent pris tout-à-coup la réfolution du monde la plus lâche & la plus insensée. Car ayant conclu ensemble que le Fort ne pouvoit le garder, ils fe déterminerent à le faire fauter. Mais comme chacun étoit plus attentif à fauver les effets qu'à tout le refte, la chose fut auffi mal exécutée, qu'elle avoit été mal conçûë. Le feu qu'ils avoient mis en fuyant, fut d'abord éteint par les ennemis. Les mines ne purent jouer. Les canons qu'on avoit chargés pour les faire crever, ne prirent point, & n'eurent aucun effet. Le trouble, la frayeur, la précipitation de ces lâches fugitifs étoient telles, qu'ils fe mettoient à l'eau jufques au cou pour s'embarquer, preffés par les Infulaires qui déchargoient fur eux des grêles de fléches, & leur infultoient par des cris horribles, en leur reprochant leur terreur panique. Bien loin donc

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d'avoir le tems de fauver leurs biens,cause fune- AN N. de fte de leur poltronnerie, à peine eurent-ils celui de fauver leurs vies, en coupant incessamment les cables des Navires.

J. C. 1523.

DON JEAN III. ROI.

DE MENESES

Ils n'eurent pas plûtôt fait cette miferable ac- D. EDCHARD tion,dont ils étoient déja au repentir, que pour GouvERaccroître leur defefpoir,ils virent paroître le fe. NEUR. cours du Roi d'Auru, compofé de quatre mille hommes, & de trente lanchares pleines de toutes fortes de provifions. Peu apres ils rencontrerent Lopes d'Azevedo, qui amenoit auffi un nouveau renfort de Malaca. Mais la folie étoit faite, & le mal étoit fans remede. Les Portugais perdirent alors pour toûjours l'Ifle de Sumatra. Le Roi d'Auru fut auffi chaffé pour un tems de fon Royaume, & obligé ďaller chercher un afyle à Malaca, où étoient déja les Rois de Pedir, d'Aia & de Pacen, dont quelques-uns y finirent leurs jours, après y avoir éprouvé les rigueurs d'une grande pau

vreté.

George d'Albuquerque Gouverneur de Malaca depuis la difgrace qu'il avoit eue dans l'attaque de Bintam, foutenoit mal la haute réputation que le grand Alphonfe avoit faite à fon nom. Il eft vrai que c'étoit plûtôt la faute de la fortune,que celle de fon courage. DonSanche Henriques fon gendre, qui étoit Général de la mer dans ces quartiers-là, étant allé par fon or

J. C.

DON JEAN

III. ROI.

DE MENESES
GOUVER
NEUR.

ANN. de de ce fecours, n'en fut que plus animé à faire les derniers efforts pour emporter la place. 1523. Il y fait planter l'efcalade une nuit. Il avoit huit mille hommes, plufieurs Elephants, & il y fit D. EDOUARD appliquer plus de fept cens échelles. Les Portugais fe défendirent comme des héros, & forcerent les ennemis à fe retirer avec perte de deux mille morts. Il y avoit trois cens cinquante Portugais dans le Fort, & des vivres pour plufieurs mois. Avec cela qui auroit pû fe perfuader que ces braves, qui venoient de fe fignaler par une action capable de les immortalifer, euffent pris tout-à-coup la résolution du monde la plus lâche & la plus infenfée. Car ayant conclu ensemble que le Fort ne pouvoit le garder, ils fe déterminerent à le faire fauter. Mais comme chacun étoit plus attentif à fauver ses effets qu'à tout le refte, la chose fut auffi mal exécutée, qu'elle avoit été mal conçûë. Le feu qu'ils avoient mis en fuyant, fut d'abord éteint par les ennemis. Les mines ne purent jouer. Les canons qu'on avoit chargés pour les faire crever, ne prirent point, & n'eurent aucun effet. Le trouble, la frayeur, la précipitation de ces lâches fugitifs étoient telles, qu'ils fe mettoient à l'eau jufques au cou pour s'embarquer, preffés par les Infulaires qui déchargoient fur eux des grêles de fléches, & leur infultoient par des cris horribles, en leur reprochant leur terreur panique. Bien loin done

d'avoir le tems de fauver leurs biens,caufe fune- AN N. de fte de leur poltronnerie, à peine eurent-ils celui de fauver leurs vies, en coupant inceffamment les cables des Navires.

J. C. 1523.

DON JEAN III. ROI.

DE MENESES

Ils n'eurent pas plûtôt fait cette miferable ac- D.EDCHARD tion,dont ils étoient déja au repentir, que pour GouvERaccroître leur desespoir,ils virent paroître le fe- NEUR cours du Roi d'Auru, compofé de quatre mille hommes, & de trente lanchares pleines de toutes fortes de provisions. Peu après ils rencontrerent Lopes d'Azevedo, qui amenoit auffi un nouveau renfort de Malaca. Mais la folie étoit faite, & le mal étoit fans remede. Les Portugais perdirent alors pour toûjours l'Isle de Sumatra. Le Roi d'Auru fut auffi chaffé pour un tems de fon Royaume, & obligé d'aller chercher un afyle à Malaca, où étoient déja les Rois de Pedir, d'Aia & de Pacen, dont quelques-uns y finirent leurs jours, après y avoir éprouvé les rigueurs d'une grande pau

vreté.

George d'Albuquerque Gouverneur de Malaca depuis la difgrace qu'il avoit eue dans l'attaque de Bintam, foutenoit mal la haute réputation que le grand Alphonfe avoit faite à fon nom. Ileft vrai que c'étoit plûtôt la faute de la fortune,que celle de fon courage. DonSanche Henriques fon gendre, qui étoit Général de la mer dans ces quartiers-là, étant allé par fon or

J. C.

1523.

DON JEAN III. ROI.

DE MENESES

GOUVER
NEUR,

A N N. de ve Müar, il s'éleva un coup de vent furieux qui portant une partie de ses lanchares parmi les ennemis, fembla s'être concerté avec eux pour les livrer entre leurs mains: Après la temD. EDOARD pête Don Sanche par un mauvais confeil ayant envoyé Manuel de Barredo dans fa galiote, & François Fogace dans une lanchare occupper l'entrée du Fleuve, les ennemis les inveftirent, & quoique les Portugais fe défendissent avec leur valeur ordinaire, ils furent enfin accablés par le nombre, de forte que de cette petite Flote, il n'y eut qu'Edouard Coello & le Général, qui purent à peine fe fauver à Malaca, d'où celui-ci alla périr peu à près dans le Royau

me de Pam.

Le Roi de Pam, qui avoit quitté le parti de Mahmud, Roi de Bintam, pour se donner aux Portugais, avoit de nouveau contracté alliance avec lui. Une des principales conditions de leur traité, fut qu'ils tiendroient cette alliance fort fecrete, & que le Roi de Pam, continuant à fe montrer ami des Portugais, leur feroit fous main tout le mal qu'il pourroit. Ce Prince perfide lui tint fidellement parole. Antoine Pina fut le premier qui tomba dans fes filets, & fut pris avec le Jonc qu'il commandoit. Le Roi de Pam envoya Pina avec fes gens à Mahmud, qui ayant fait des efforts inutiles pour leur faire abjurer leur Religion, les fit attacher à la bouche du canon, & voler en pieces,

André

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