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L'Amirante Don

La Ville de Calicut

Vasco de Gamaş

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J. C. 1525.

DON JEAN

DE GAMA

51 à son occafion, ce qui s'eft toûjours pratiqué AN N. de depuis, & qu'on appelle les fucceffions. Cela se fait en cette maniere. Le Roi de tems en tems envoye dans les Indes des Lettres cachetées du III. ROI. fceau de laCouronne jufques au nombre de qua- D. VASCO tre& de cinq,dans chacune defquelles on trouve VICEROI. le nom du sujet qui doit prendre le Gouvernement après la mort de celui qui eft en place. Ces Lettres portent l'infcription de premiere, feconde, troifiéme fucceffion, &c. Anciennement elles étoient en dépôt entre les mains de l'Intendant des finances, & aujourd'hui elles font dans celles de l'Archevêque de Goa qui ne peut les ouvrir, qu'en présence des perfonnes défignées par la Cour, &felon l'ordre de l'inscription; de forte qu'on ne peut ouvrir la feconde qu'au cas que la premiere fût inutile, ainfi du refte.

Le Viceroi Don Vafco de Gama portoit avec lui les premieres Lettres, & conduisoit dans fa Flote fans le fçavoir, ceux qui étoient destinés à lui fucceder, & dont quelques-uns donnerent dans la fuite d'étranges fcenes.

DE MENESES

La premiere fucceffion étant ouverte, fit D. ENRIQUE voir le nom de Don Enrique de Menefes, fils GouvERde Don Ferdinand de Menefes, furnommé le NEUR. Roux. Il étoit venu aux Indes avec les provifions de Gouverneur d'Ormus. Mais Don Fernand de Montroi qui avoit celles du Gouverment de Goa, s'étant brifé fur les baffes de Mélinde,& étant abfent,leViceroi avoit changé

J. C.

1525.

DON JEAN III. ROI.

DE MENESES
GOUVER

celui

ANN. de la deftination de Meneses, & l'avoit fubftitué à Montroi dans le Gouvernement de cette place qu'il ôta à Pestaña.Lopés Vaz de Sampaio ou de S. Pelage, Gouverneur de Cochin, que le Viceroi D.ENRIQUE mourant avoit établi en fa place, & revêtu de toute fon autorité jufques à ce que que la fucceffion déclareroit fût en état de prendre le Gouvernement en main, en ufa très-bien à l'égard de Don Enrique. Il dépêcha d'abord à Goa pour lui donner avis de fa promotion, & lui envoya une escorte pour le conduire à

NEUR.

Cochin.

Don Edouard & Don Louis de Menefes, qui étoient encore à Cochin, voulurent profiter de la conjoncture de la maladie & de la mort du Viceroi, pour faire durer leur Gouvernement. Ils avoient leur parti dans la Ville, & tout y tendoit à une fedition ouverte; mais Don Edouard n'ayant jamais eu la liberté de mettre pied à terre, & Don Louis ayant eu ordre de retourner à bord, Sampaïo contint fi bien tous leurs partifans dans le devoir, que ces deux Seigneurs furent obligés de partir malgré eux, avec tant de malheur pour l'un & pour l'autre, que Don Louis fe perdit, fans qu'on ait jamais fçu où, ni comment; & que Don Edouard étant arrivé en Portugal, y vint périr à la vûë du port.

Don Enrique reçut la nouvelle de fon élevation, avec cette indifference qui eft la preuve

ame,

J. C. 1525.

DON JEAN

DE MENESES
GOUVER

NEUR.

d'un cœur fans ambition. C'étoit un homme AN N. de de l'âge d'or & du vieux tems, qui, content de sa vertu, de sa probité, de la noblesse de ses fentiments & de fes fervices, aimoit mieux mé- III. ROI. riter les honneurs que de les poffeder,& qui fou. D. ENRIQUE lant aux pieds toutes les vûës de la paffion & de l'interêt, comme indignes d'une belle fe foucioit peu des poftes que les autres ne cherchent avec tant d'ardeur, que parce qu'ils y trouvent une ample commodité de fatisfaire à toutes leurs foibleffes. Ses premieres démarches furent des preuves de fon équité, de fa modeftie & de fon application à son devoir. Car il affecta fous divers prétextes de ne point arriver à Cochin avant le départ de Don Edouard & de Don Louis de Menefes fes proches parens, pour ne pas donner aux intérêts du fang ce que la juftice du Viceroi leur avoit refufé. Il défendit enfuite absolument qu'on lui donnât le titre de Seigneurie, & qu'on lui rendît les honneurs accoûtumés à la reception des Gouverneurs, fous le prétexte qu'ils étoient peu feants dans les circonftances du deüil pour la mort du Viceroi, ce qui depuis à fervi de regle. Et enfin il se donna tout entier au bien public.

Depuis la mort du grand Albuquerque, l'attention qu'avoient eue ceux qui lui avoient fuccedé à leur intérêt particulier, plûtôt qu'au bien commun, & le peu d'eftime qu'on faifoit de

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