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J. C.

1581.

PHILIPPE I.

GAL, II.

DON FRAN

REGNAS VI-
CEROI.

AN N. de tugal, qui difputoit cette Couronne, dont il fe prétendoit héritier. Le Roi Philippe ignorant le fervice que Telles lui rendoit, & DE PORTU- fuppofant Don Louis d'Ataïde encore viD'ESPAGNE. Vant, étoit fort inquiet fur la difpofition où l'on étoit dans les Îndes à fon égard. Ce fut dans cette inquiétude qu'il fit partir Don François Mafcaregnas, celui qui avoit défendu Chaul avec tant de gloire contre Nizamaluc, avec le titre de Viceroi. Il l'honora auffi du titre de Comte de fainte Croix, & ajoûta à fa dignité ÇOIS MASCA- de grands privileges motivés par le défir de fe l'attacher, & de l'efpérance qu'il lui foumettroit les Indes. Et afin que Don Louis d'A. taïde ne fît point de difficulté de lui remettre le Gouvernement, il le faifoit Marquis de la Ville de Santaren. Mafcaregnas en arrivant trouva tout fait. Ataïde étoit allé joüir des récompenfes du Ciel, plus folides, & moins aveugles que celles des Rois de la terre. Mafcaregnas jouit de celles qu'on lui avoit accordées en confideration de fes fervices futurs; & Fernand Telles de Menefes, à qui le Roi d'Espagne avoit l'obligation de tout, fut dépoffede, & refta fans récompense; ainsi va le monde.

C'est ici l'Epoque ou j'ai cru devoir termi ner cet ouvrage. Le Portugal en changeant de maître parut avoir tout perdu. Devenu partie de la Couronne d'Espagne, il fut, dit-on,

en

J. C. 1581. PHILIPPE

IV. ROI.

IV. ROI.

en quelque forte la victime de la politique ANN. de de cette Monarchie, & l'objet de l'avidité de tous les ennemis. Le Comte Duc d'Olivares, premier Miniftre de Philippe troifiéme, eft II.ROI. accufé par quelques-uns d'avoir mis toute fon PHILIPPE attention à diminuer les forces d'un Etat, où DON JEAN apprehendoit toûjours une révolution en. faveur de fes legitimes Princes, quoique fans attribuer ces intentions perverfes à ce Ministre, il foit plus naturel de dire qu'ayant une trop vaste étenduë de pays à maintenir contre tant de Puiffances ennemies, il donna moins de foin à conserver ce qui étoit aux Portugais, que ce qui appartenoit aux Caftillans, bien qu'il eût été ravi de pouvoir conserver le tout. Cependant le Portugal, qui auparavant avoit toûjours été tranquille, fans prendre part aux guerres de l'Europe, s'y trouva enveloppé, parce qu'il appartenoit alors à une Puiffance qui donnoit de la jaloufie à toutes les autres, & qui étoit accufée d'affecter la Monarchie univerfelle.

Les Conquêtes des Portugais s'en reffentirent d'abord, & tandis que les Mogols fe rendirent maîtres de tout l'Indoftan, que la puiffance des Rois de Perfe alloit croiffant du côté de l'Arabie, les Anglois & les Hollandois commencerent à troubler le commerce d'Afrique, & à courir fur les colonies Portugaifes. Les premiers s'attacherent à l'Arabie, &

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ANN. de à la fin leur firent perdre Ormus. Les feconds leur enleverent Malaca, & les chafferent pref. que de tous leurs établissemens dans l'Ile de Ĉeilan & dans celle de la Sonde, fecondés de la haine des naturels du pays trop jufte ment irrités des excès des particuliers, aufquels la Cour de Portugal n'avoit pas mis ordre.

Les Hollandois ne firent pas de moindres efforts pour enlever le Brefil. Ce pays prefque toûjours négligé par le Portugal, & qui lui vaut aujourd'hui un Perou, a toute l'obligation de fa confervation, en premier lieu à Matthias d'Albuquerque, qui le foûtint longtems contre les négligences affectées du Comte Duc d'Olivares, lequel fembloit, dit-on, en avoir déterminé la perte,& en fecond lieu à l'incomparable Jean Fernandes Vieira, qui se voïant abandonné du Roi Jean quatriéme très-occupé à fe foûtenir dans le Portugal contre les armes d'Espagne, après la révolution qui remit la maison de Bragance fur le Trône dans la perfonne de ce Prince, déclara la guerre aux Hollandois en fon propre & privé nom, la continua long-tems contre la volonté de fon Souverain, qui le voyant fecondé de la fortune, reconnut enfin les grandes obligations qu il lui avoit, en même tems que tout l'univers applaudiffant à la grandeur de fon courage, à fon invincible conftance, à son héroïque fi

délité le regarda comme un des plus grands AN N. de hommes que la Providence eût fait naître pour le bien & l'honneur du Portugal.

Voilà ce qu'en hiftorien fidelle j'ai tâché d'expofer avec toute la fincérité poffible. Et certainement il n'eft perfonne qui refléchiffant fur ce que la Nation Portugaise a fait aux extrémités du monde par des travaux immenfes, des périls fans nombre, des actions de valeur surprenantes, & quelquefois incroyables, domptant & fubjuguant des nations nombreuses, humiliant les Rois les plus fuperbes, & portant partout la foi de Jelus-Chrift, à la faveur de ses découvertes & de fes progrès, elle n'ait acquis une gloire que la fuite des tems ne pourra effacer, & par laquelle elle s'eft mife de pair, ou a furpaffé même de beaucoup les Conquêtes de l'antiquité les plus vantées.

Fin du quatorziéme ) dernier Livre.

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