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encore plus fâcheufes, fans que le Barnagais ANN. de même pût venir à bout de moderer les violen- J.C. ces de ces deux hommes. Ce qui indigna tel

1525.

DON JEAN

lement ce Prince, qu'après leur avoir enlevé III. ROI. les lettres & le préfent que l'Empereur en- D. ENRIQUE voyoit au Roi de Portugal, il les fit reconduire à la Cour pour les y faire punir.

Les affaires se raccommoderent un peu à la Cour, au moins quant aux apparences. Cependant Don Roderic reçut les lettres que lui écrivit Don Louis de Menefes, qui étoit venu à Maçua pour le prendre, & ne l'y trouvant pas, lui donnoit un jour marqué jusques où il l'attendroit. Par ces mêmes lettres il lui apprenoit la mort du Roi Don Emmanuel, dont l'Empereur témoigna un extrême regret; car il ordonna un jeûne rigoureux de trois jours confecutifs, pendant lefquels toutes les bouti ques furent fermées. On n'acheta ni ne vendit rien des choses les plus néceffaires à la vie. Après ce deüil, auquel fucceda la joye d'apprendre que Don Emmanuel étoit remplacé dans la perfonne du Roi Jean III. fon fils, Lima fut congédié de nouveau; mais ayant manqué le jour qui lui avoit été fixé, il fut obligé de retourner fur fes pas, & de fe rendre auprès de l'Empereur, qui, à la faveur des préfens que Don Louis fui avoit lais fés au port de Maçua, le reçut parfaitement bien.

DE MENESES
GoUVER-

NEUR.

AN N. de J. C. 1525.

DON JEAN III. Roi.

Enfin après fix ans de féjour dans l'Ethiopie,Don Roderic eut fon audience de congé de l'Empereur, qui le fit accompagner d'un Ambaffadeur qu'il envoyoit au Roi de Portugal. D.ENRIQUE Hector de Sylvéïra les recueillit au port de MaDE MENESES çua, d'où il les conduifit dans les Indes. Là ils s'embarquerent pour Lisbonne, & y arriverent heureusement. Le Roi Jean III. les reçut à Conimbre avec des honneurs extraordinaires, & fit aller au-devant d'eux tout ce qu'il y avoit à la Cour de Prélats & de Seigneurs titrez.

GouvER

NEUR.

Le Roi ayant envoyé depuis Don Martin de Portugal son neveu en Ambassade auprès du PapeClement VII.Alvares fuivit ce Prince ayant auffi qualité d'Ambaffadeur de l'Empereur d'Ethiopie, & en cette qualité il eut l'honneur de haranguer fa Sainteté qui fe trouvoit à Boulogne, où elle devoit couronner l'Empereur Charles Quint. L'affemblée étoit des plus auguftes, & fi Alvares eut la fatisfaction d'y paroître avec un caractere bien au-deffus de fa fortune premiere, le fouverain Pontife n'en eut pas moins de recevoir les lettres qu'il lui préfenta de la part d'unPrince,dont on avoit enEurope une idée bien fupérieure à ce qu'il étoit luimême, qui lui donnoit des titres magnifiques, & le flattoit de l'efperance de faire entrer fon Empire dans les fentiments de foumiffion à l'Eglife Romaine.

Fin du Livre huitiéme.

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SOSOSOSOSOSOLOGT{

HISTOIRE

DES DECOUVERTES

E T

CONQUESTES

L

DES PORTUGAIS

Dans le Nouveau Monde.

LIVRE NEUVIÉME

Es grands préparatifs que faifoit Don Enrique pour une expédition confiderable, tenoient toute l'Inde attentive; mais le fecret du Général étoit fi profond, que personne ne pouvoit pénétrer fes vûës. Les Auteurs ont écrit qu'il en vouloit à la Ville de Diu, fur laquelle le Portugal avoit toûjours les yeux ouverts. Mélic Saca vivoit toûjours fur ce point dans la défiance, & fuivant la politique de fon pere, il avoit dépêché vers le Viceroi Don Vafco de Gama, un Maure de confideration nommé Cid-Alle, en apparence pour le complimenter fur fon retour dans les Indes, & fur

ANN. de

J. C. 1526.

DON JEAN III. ROI.

D. ENRIQUE
DE MENESES
GOUVER

NEUR.

J. C. 1526.

AN N. de fa nouvelle dignité; mais en effet pour lui servir d'efpion. Cid-Alle ayant appris la mort du Vi. ceroi, fit fa commiffion auprès du nouveau Gouverneur, qui à cela près qu'il ne voulut D. ENRIQUE point recevoir les préfents du Mélic, fous le été destinés pour GOUVER- prétexte qu'ils n'avoient pas

DON JEAN III. ROI.

DE MENESES

NEUR.

Îui, en usa avec beaucoup de politesse avec fon Envoyé, diffimulant parfaitement avec lui, & couvrant très-bien fes démarches. Mais CidAlle ayant accompagné Don Enrique jufques vers Baticala, fe fauva de nuit avec fes fuftes, apprehendant fans doute de voir venir tomber fur Diu, l'orage qui fe formoit & qui alla crever enfuite fur Calicut.

Il fe peut bien faire que le Général eût formé quelque deffein fur Diu, qu'il n'eût pas manqué, s'il eût pû l'attaquer à fon avantage; mais je croirois auffi qu'il avoit quelques vûës fur Aden. Ce que je conjecture de l'hyvernement qu'il avoit prémédité de faire à Mascate, de l'ordre qu'il avoit donné à Hector de Sylvéïra d'aller l'attendre vers le Cap de Guardafu, & du genre même de préparatifs qu'il avoit faits dans Goa,& qui devoient,ce femble,fervir pour un coup de main, dont il pouvoit fe prometre plus de fuccès à Aden qu'à Diu, où il auroit trouvé une plus vigoureuse resistance.

Quoi qu'il en foit, il fe mit en mer avec une Flote de dix-fept Vaiffeaux de diverfes especes, mais tous de grand port, faisant mine

J. C. 1526.

DON JEAN

DE MENESES

d'aller faire la guerre aux Corfaires qui infe- AN N. de ftoient encore la Côte. En chemin il débar qua cinq cens hommes fous les ordres de Don George de Menefes, qui alla réduire III. ROI. en cendres un poste considerable à deux lieuës D. Enrique de Calicut. A Bacalor il trouva Don George GOUVERTello Meneses & Pierre de Faria, qui tenoient NEUR. comme afliégés à l'embouchure de la riviere plus de cent paraos chargés de marchandises pour la côte de Cambaïe. Le Général leur envoya quatre cens hommes fous la conduite de Don George de Meneses, qui ne fut pas fi heureux ce coup-ci. Car s'étant engagé dans la riviere, il fut obligé de revenir fur ses pas sans avoir rien fait, & avec perte de quarante hommes.

Cependant Don Enrique étant tombé malade d'une inflammation qui lui vint à l'une de fes jambes, & qui fut fomentée & beaucoup aigrie par les boutons de feu que lui appliquerent des Medecins ignorants, le mal devint incurable, & il n'eut que le tems de se rendre à Cananor, où il mourut avec tous les fentimens d'un parfait Chrétien, & prononçant les noms de Jefus & de Marie le jour de la Purification de l'an 1526.

Il étoit bel homme, très-bien fait de fa perfonne ; mais il avoit l'ame infiniment plus belle. Bien loin de regarder le service du Roi comme une occafion de s'enrichir, on peut affûrer

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