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»cevoir, que c'étoit par ces paroles qu'il le lui AN. 1528. devoit apprendre : qu'à fon avis il ne pouvoit feparer ce qui étoit fuperflu d'avec ce qui étoit néceffaire : qu'avec la même liberté que fon heraut avoit euë en Espagne, il lui fut » permis de faire fa charge, ou qu'on lui donnât un acte qui fit connoître comme les chofes s'étoient paffées Ce dernier article lui fut accordé : on lui donna fon congé & un fauf" conduit pour s'en retourner ; » mais Bourgogne pour mieux juftifier fon voïage & l'honneur de Charles V. fon maître, follicita durant trois ou quatre jours un des favoris du roi pour lui faire avoir audiance, proteftant de nouveau que fon écrit marquoit le lieu du combat, que le roi le devoit recevoir, ou lui accorder la permiffion de publier, que file combat n'étoit point executé, c'étoit par la faute de fa majefté. Le favori lui répondit que fa commis fion étoit faite, qu'il pouvoit s'en retourner que le roi ne vouloit plus l'écouter, & que s'il paffoit outre, il le feroit pendre: Et en mêmetemps il fit élever une potence pour intimider le heraut, & l'obliger à s'en retourner au plûtôt. Mezerai a- Tel fut le fuccès de ces défis mutuels, qui ne bregé chron. furent, dit Mezeray, que de belles pieces de François I. théatre qui ne fe terminerent qu'à des rodomontades de part & d'autre.

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t. 4. hift. de

1. 346.

XVI.

La difpofition dans laquelle fe trouvoient Le roi de ces deux princes, ne pouvoit que produire France pref- une guerre affez vive, non-feulement en Itafe Henri lie, mais encore du côté des Païs-bas, de VIII. de fai- la Bourgogne, des Pyrenées, fur l'océan, & re la guerre fur la mediterranée. François I.. preffa Henri VIII. d'entrer avec lui dans la Flandre, qui étoit alors dégarnie de gens de guerre, offrant que les villes qui feroient prifes, demeureroient à fa majefté Angloife, jusqu'à ce

en Flandre,

qu'elle eut été remboursée de tout ce que l'Espagne lui devoit, & qu'enfuite on les par- AN. 1518. tageroit. Mais comme le roi d'Angleterre eut beaucoup plus perdu que gagné dans une rupture avec les Pais-bas, fon principal revenu confiftant dans le commerce de fes fujets avec les Flamands, qu'il ne pouvoit rompre fans s'attirer la guerre civile, il demanda quarante jours pour donner le loifir à fes marchands de retirer les effets qu'ils avoient dans les Païs-bas, il propofa enfuite une fufpenfion d'armes pour huit mois entre la France & les Païs-bas ; & comme il fçavoit que l'argent étoit l'unique moyen de la faire accepter par le roi, il offrit cependant de lui faire compter en attendant trente mille écus pour la guerre d'Italie, qui furent auffi-tôt ассер

tez. Tous les efforts de l'armée de France tournerent donc du côté du roïaume de Naples.

XVII.

Lantree

s'avance du

Mem. du Bellay. 1.4.30

Lautrec avoit déja reconquis la plus grande partie du Milanez, & eut pû aifément fe rendre maître de Milan, s'il n'eut reçû des quitte la ordres exprès de rendre toutes ces places à Romagne & François Sforce, & d'aller à Rome délivrer côté de Nale pape. Comme il entroit dans la Romagne, ples. il apprit que le faint pere s'étoit fauvé, & que les imperiaux au bruit de fa marche avoient quitté Rome, pour aller défendre le roïaume de Naples. La pefte avoit diminué leur armée de plus des deux tiers, & l'on remarqua que l'année achevée, il n'en refta pas deux cens exempts des effets de la vengeance divine; ce qui faifoit que les generaux ne pouvoient prendre aucunes mefures certaines, pour s'oppofer aux efforts de la ligue. Le pape n'étoit pas encore engagé dans la confederation, & il ne fçavoit quel parti prendre; il ne vouloit point ra

AN. 1528.

XVIII.

de Lautrec

de

tifier le traité fait avec le duc de Ferrare; il exigeoit des Venitiens de retirer leurs troupes Ravenne ; & ceux-ci, qui avoient des grandes prétentions fur cette place, differoient toûjours de fatisfaire fa fainteté; enforte que Lautrec, pour la conquête qu'il méditoit, ne pouvoit gueres compter que fur fon armée. Il ne laiffa point de traverser l'état ecclefiaftique avec huit mille lanfquenets comnandez par le comte de Vaudemont, trois mille Suiffes fous les ordres du comte de Tende, trois mille hommes de pied françois fous le fieur de Burie, quatre mille Gafcons.fous Pierre de Navarre, & dix mille Italiens, ce qui faifoit une armée de plus de vingt-huit mille hommes.

Sur la fin de Février Lautrec arriva dans l'Abruze, & toutes les villes, Afcoli, Aquila Conquêtes & autres lui ouvrirent leurs portes & le reçudansla Pout rent comme leur liberateur. L'armée impele, & prite riale avoit pris les devants, parce qu'elle n'ade Melfi. voit point d'artillerie. Le general François fit Mem. du traîner la fienne le long de la côte ; ce qui lui Blay ibid. facilitoit l'entrée dans la Capitanate, où il me Suprà.

reçut les quatre-vingt mille écus de traite foraine qui fe payoient au mois de Mars dans cette province. It en profita en entrant dans la Pouille. La ville du Sul none fe rendit à lui fans attendre d'être fommée, & il auroit aifément conquis tout ce païs, G Philibert de Châlons, prince d'Orange, réfolu de garder le chemin par où les vivres venoient aux imperiaux du côté de Bari & de Siponto, ne fe fût campé fur une éminence défenduë par le canon de la ville de Troja. Lautrec cependant l'en chaffa, & la nuit fuivante toute l'armée imperiale délogea fans bruit, & fe retira à Naples dans un défordre qui auroit

rendu fa défaite infaillible, fi elle eut été poursuivie; mais Pierre de Navarre fut d'un AN. 1528. avis contraire; & Lautrec le préferant à celui des autres, s'amufa à battre la ville de Melfi, dans laquelle étoit Jean Carracioli avec trois mille hommes de garnifon, qui fe défendirent avec beaucoup de valeur ; mais dans le fecond affaut ils furent emportez & tous pafferent au fil de l'épée avec près de quatre mille habitans. Le prince de Melfi fut fait prifonnier de guerre fa femme & fes enfans s'étant retirez dans le château fe rendirent fans résistance. Ce prince fur le refus de l'empereur, qui ne voulut pas païer fa rançon, eut recours au roi François I. qui lui procura fa délivrance, & en fut fervi fidelement jufqu'à la mort.

XIX.

Guice. 1.18.

La prife de Melfi étonna fi fort tout le roïaume de Naples, que Barlette, Trani, Venofe Prefque & d'autres villes des environs, fe foumirent tout le roï auffi-tôt à Lautrec, parce que les imperiaux aume deNaen avoient retiré les garnifons: Capoue fit la ples fe fouinet à ce gemême chofe, Nole, Acerra, Averfa; enforte neral. qu'il n'y eut que les villes de Naples, Manfredonia & Gayette qui demeurerent fideles aux Paul love Imperiaux. Le duc de Ferrare voiant qu'il ne in hiftor. reftoit que ces villes à l'empereur dans le roiaume de Naples, crut les affaires d'Espagne fi ruinées, qu'il acheva le mariage de fon fils, avec la belle-fœur du roi de France, qu'il avoit differé jufqu'alors fous divers prétextes. Et Lautrec homme ambitieux, flatté par tous ces grands fuccès, ne confidera pas, qu'à un ennemi qui s'étoit retiré avec fes forces entieres, il fuffifoit qu'il fût maître de la capitale, laquelle feule pouvoit donner la loi à tout le refte du roïaume. S'il l'eut vivement poursuivi, il le pouvoit défaire avant qu'il y en

trât, à caufe de la jaloufie qui regnoit entre AN. 1528. le prince d'Orange general de l'armée, & le nouveau viceroi de Naples, qui dès le commencement fit difficulté d'admettre l'autre dans la ville. Mais les délais de Lautrec donnerent aux deux ennemis le temps de fe reconcilier; enforte qu'ils refolurent de demeurer dans Naples, avec douze milie hommes de vieilles troupes, & envoierent le refte de leurs forces en garnifon dans les places les plus importantes, ce qui fut caufe de la perte de l'armée Françoife.

XX.

Lautrec prévoïant que Manfredonia, où Lautrec pa les imperiaux avoient jetté deux mille homroit devant mes, l'occuperoit trop long-temps, laifla Naples, & y deux cens cinquante chevaux, & quinze cens met le fiege.

lib. 18.

:

Mem. du fantaffins pour la bloquer, & s'avança avec le Bellay 1.3. refte de fon armée devant Naples, où il arriSuicciardin va le premier jour de May, & s'y retrancha fi bien qu'il paroiffoit impoffible de le déloger. La fituation avantageule de fon camp lui fit mettre en déliberation, s'il attaqueroit la ville, ou s'il fe conteroit de la réduire par famine les avis furent partagez; mais la nombreuse garnifon qui avoit le viceroi Moncade à la tête, l'obligea de prendre le dernier parti, tant parce qu'il n'avoit d'argent que pour la folde ordinaire de fes troupes, que parce que le grand nombre des affiegez lui fit efperer qu'ils feroient bientôt affamez, le peuple feul montant à plus de deux cens cinquante mille perfonnes. Il fit donc fermer les deux principales avenues de la place par deux forts, l'un fur le marais de la Magdelaine, & l'autre vis-à-vis du Mont faint Martin Les Efpagnols attaquerent le premier, & furent repouffez avec une vigueur, qui leur donna des François une meilleure opinion qu'ils n'a

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