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vorifez par le pere François des Anges leur compatriote, & alors general de l'ordre, AN. 1532. introduifirent en 1525. leur reforme en Italie; où l'on appella les religieux qui la suivoient : Gli reformati: ce fut cette reforme que Clement VII. approuva dans cette année par la conftitution qu'il en fit à Rome dans le mois de Novembre, parce que, dit cette bulle, Leon X. ayant ordonné que tous ceux de l'obfervance, & generalement tous les cordeliers fuffent appellez obfervantins, quelquesuns néanmoins veulent obferver la regle fe lon fa pureté, conformément à la déclaration de Nicolas III. & de Clement V. sa fainteté leur accorde la même grace, & enjoint à leurs fuperieurs, de leur donner des maifons commodes en leur prefcrivant certaines regles.

LX.

Mort du

car linal

Ciacon, in

vit. pontif.

t.3 p. 354

des cards

Rome perdit auffi trois cardinaux dans cette année. Le premier fut Pompée Colonne neveu du cardinal Jean & de Profper grand pompée Cocapitaine: il étoit né le douziéme de Mailonne. 1479. Son pere Jerôme ayant été affaffiné dans une fédition, Profper fon oncle devenu fon tuteur, le fit élever par des perfonnes qui lui infpirerent l'amour des belles lettres, ce qui Aubery vie ne l'empêcha pas toutefois de fuivre le penchant qu'il avoit pour les armes. Il fit la guerre très-long temps, & ne s'engagea dans l'état ecclefiaftique, que par un ordre exprès de fon tuteur, qui voulut lui procurer une partie des bénefices du cardinal Jean Colonne, fon autre oncle, qui mourut à Rome le vingtfixiéme de Septembre 1508. Pompée y confentit avec peine, & fut pourvû de l'évêché de Rieti, des abbaies de Sublac, de GrottaFerrata, & de quelques prieurez. Le pape Jules II. étant très-malade, & ayant même

paffé pour mort, Pompée fe mit à la tête de AN.1532. quelques jeunes feigneurs Romains, & s'empara du Capitole en 1512. ce qui irrita fi fort ce pontife revenu de fa maladie, qu'il le priva de fes benefices, & les donna à un de fes coufins, Quelque-temps après, Jules ne pouvant fe refufer aux follicitations des amis de Pompée, lui manda de le venir voir; mais parce que dans le bref qui contenoit cet ordre, on ne lui donnoit pas le titre d'évêque de Rieti, il s'emporta & ne le voulut point recevoir. Leon X. le fit cardinal le premier de Juillet 1517. il confentit depuis à l'élection d'Adrien VI. pour faire de la peine à Jules de Médicis qu'il n'aimoit point. Après la mort d'Adrien, les intrigues & la jaloufie de ces cardinaux empêcherent plus de deux mois l'élection d'un pape; cependant ils s'accorderent. Cette reconciliation rendit la tranquillité à l'églife par l'élection de Clement VII. Ce ne fut pas pour long-temps, car l'ancienne querelle s'étant renouvellée, caufa deux fois la prise de Rome, la premiere par Pompée lui-même avec Hugues de Moncade en 1526. la feconde par le connétable de Bourbon en 1527. Clement VII. qui avoit privé le cardinal Colonne de fa dignité & de fes benefices, fe voyant prifonnier dans le château faint-Ange eut recours à lui, & Pompée ayant genereufement travaillé pour la liberté du fouverain pontife, fut rétabli, & eut la légation de la Marche d'Ancone, l'évêché d'Averfa, & l'archevêché de Montreal; dans la fuite il fut viceroi de Naples, où il finit fes jours. Il aimoit fort les gens de lettres, & compofa un poëme de laudibus mulierum, en faveur de Vittoria Colonne marquife de Pefcaire; il mourut le vingt-huitiéme de Juin

1532. dans fa cinquante-troifiéme année.

LXI.

Le fecond eft Gilles de Viterbe general de AN. 1532. l'ordre des religieux Auguftins, qui préfera le nom de fa patrie à celui de fes parens, qui Mort du étoient d'une naiffance obfcure, & qui por- cardinal de toient le nom d'Antonin. Gilles cultiva fon Viterbe.

Ciacon, de

efprit avec foin dans l'ordre, où il avoit fait vit. pontif. profeffion, & devint un des plus habiles pré- to. 3.P.399. dicateurs de fon temps: il fe diftingua entre Sadolet ep. les religieux de fon inftitut avec tant de fuc- 1. 3. cès, qu'ils l'éleverent au generalat dans un chapitre tenu à Naples en 1507. depuis il fut employé par le pape Jules 11. en 1512. pour faire l'ouverture du concile affemblé dans l'églife de Latran, & s'acquitta de cet emploi d'une maniere qui lui fit beaucoup d'honneur. Leon X. l'envoya en Allemagne, & lui donna le chapeau de cardinal en 1517. dans le mois de Juin. Il alla auffi en Efpagne en qualité de légat, & au retour de cette légation, il mourut d'un débordement de pituite à Rome un mardi douzième de Novembre. Il eut beauCoup de part à l'amitié des hommes de lettres de fon temps; il fçavoit le latin, le grec, l'hebreu & le Chaldéen, & fut fouvent confulté fur les difficultez qu'on trouvoit dans ces langues : il compofa auffi des vers latins qui font eftimez; on a de lui des remarques fur les trois premiers chapitres de la genefe, des commentaires fur quelques pfeaumes, des dialogues des épitres & des odes à la louange de Jovianus Pontanus.

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Mort du

Le troifiéme eft Pierre Accolti, Italien, LXII. d'Arezzo, né le quinziéme de Mars 1455. de Benoît noble citoien de Florence, & de Lau- cardinal ra Federica. Après s'être appliqué aux belles Pierre Ac lettres dès fa jeuneffe, il alla à Pife étudier Ciacon. in le droit, & y fit de fi grands progrès, qu'il le vit. pontif.

colti.

295.

profeffa enfuite avec beaucoup d'applaudifAN. 1532. fement, & que la republique de Florence le 20. 3. pag choifit pour être profeffeur public dans fon univerfité. Enfuite étant venu à Rome, il fut auditeur de Rote fous Alexandre VI. & fous Jules II. Ce dernier lui donna l'évêché d'Ancone, puis le créa cardinal du titre de faint Eufebe dans le mois de Mars 1511. d'où il fut appellé cardinal d'Ancone. Il gouverna fon évêché jufqu'en 1514. dont il fe démit en faveur de François Accolti fon neveu, avec l'agrément du fouverain pontife. Quelque éloignement qu'il eut des dignitez ecclefiaftiques, il ne put fe refufer aux inftances des papes, qui l'obligerent de fe foumettre. Jules II. le fit évêque de Cadix, Leon X. lui donna l'évêché de Maillezais, Adrien VI. ceux d'Arras & de Cremone fucceffivement, enfin Clement VII. le fit archevêque de Ra& comme cardinal il fut évêque d'Albano, de Preneste & de Sabine; enfin légat de l'armée du pape contre les François. Il mourut à Rome le douziéme de Decembre 1532. âgé de feptante-huit ans, & fut enterré dans l'églife de fainte Marie del Popolo: on le fait auteur de quelques traitez hiftoriques.

de Paris,

venne,

LXIII Le premier jour de Fevrier de cette même Cenfure de année 1532. la faculté de théologie de Paris, la faculté de fur la requifition de l'archevêque de Rouen, théologie & de l'inquifiteur de la foi, cenfura plufieurs contre Ef-propofitions avancées par Mr. Eftienne le tienne le Court curé de la paroiffe de Condé dans le Court curé diocéfe de Séez. Ce curé ayant été condamde Condé. né comme heretique par fon évêque, en avoit D'Argentré appellé à l'archevêque de Rouen, qui fuivant in collect. l'ufage de ce temps-là, voulut avoir l'avis de la faculté de théologie de Paris, avant que

t. 2 p. 93.

&feq.

de proceder contre l'accufé. Les docteurs AN. 1533.

s'affemblerent & d'un confentement unanime cenfurerent d'abord vingt-neuf propofitions contre les facremens, les indulgences, l'autorité du pape, la préfence réelle, le facrifice de la meffe, le culte des faints & des images, le purgatoire & d'autres; enfuite feize fur l'églife, les actions qui précedent la juftification, la grace, & plufieurs autres fur differens fujets. Toutes ces propofitions furent cenfurées en particulier, mais il y en a plufieurs, dont la cenfure demanderoit des éclairciffemens qui ne font pas de notre fujet.

dans les

biftor. ana

Pendant que la faculté veilloit ainfi pour LXIV, conferver le dépôt de la doctrine, les Ana- Anabapti bapiftes chaffez de la haute Allemagne, où tes répandus ils s'étoient répandus, particulierement dans païs-Das. la Weftphalie, fe jetterent dans les Païs- Hift. des bas, & infe&erent de leurs erreurs une gran- anabap. à de partie de ces provinces. Alors on n'y en- Amfterdam tendit parler que de vifions & de revelations, en 1700. chacun s'y érigeoit en prophete, & débitoit Meshov. fes réveries au peuple, comme les plus gran- baptift. 1. s des véritez évangeliques; & ces peuples qui à peine fçavoient lire, les croyoient comme des hommes envoyez de Dieu. Quand les Catholiques leur alleguoient les faintes écritures, pour les convaincre d'erreur, ils avoient recours à leurs réveries, & affuroient que c'étoit l'efprit de Dieu, qui les leur enfeignoit. Leur parti fortifié d'un grand nombre de perfonnes de toutes fortes d'états, ils publierent un livre intitulé, l'ouvrage du rétabliffement, dans lequel ils établiffoient qu'avant le jour du jugement, il y auroit un roïaume temporel de Jefus-Chrift fur la ter re, où les faints, c'est-à-dire ceux de leur fecte, regneroient après avoir exterminé les

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