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tez inévitables dans un procès en cour de AN. 1528. » Rome, & dont on voit à peine la fin. Mais fi la fentence eft donnée en Angleterre, & que » le roi se remarie auffi-tôt, nous ne manquerons point de raifons pour juftifier notre conduite, quand nous voudrons confirmer des chofes fi avancées, & alors nous envoierons » à Londres tel cardinal que le roi d'Angleterre "Voudra choisir.

XXXVIII.

C'est ainsi que Mr. Burnet fait parler le paSi le pape a pe à Cafali, mais ce difcours ne paroît pas fonconfeillé au dé: car pourquoi Henri VIII. n'a-t-il point roid'Angleterre de fe profité de cet avis, fe trouvant tout difpofé à remarier fuivre un confeil fi favorable, ayant même par provi- fait confulter en France s'il devoit faire cette fion.

ouverture, par l'évêque de Bath qui étoit fon ambaffadeur auprès de François I. Quelques auteurs difent qu'Henri regarda cet avis qui lui fut mandé par Cafali comme un piége que le pape lui tendoit, qu'il confidera qu'il n'étoit pas poffible de faire juger une telle caufe fans bruit, puifqu'il falloit neceffairement que la reine fût ouie, fans quoi il y auroit une nullité manifefte dans le jugement. En fecond lieu s'il eut fait ce qui lui étoit confeillé, il fe feroit entierement livré entre les mains du pape, qui, felon l'avis des canoniftes, auroit pû refufer de confirmer la fentence du légat, auffi-bien que le mariage qui auroit été contracté en confequence. Mais il nous faudroit d'autres preuves de ce prétendu confeil du pape à Cafali, qui ne me paroît point vrai-femblable. On ne laiffoit pas d'envoyer tous les jours couriers fur couriers; on faifoit fans celle de nouveaux projets, à peine une résolution étoit prife, qu'on la changeoit auffi-tôt. On demande que Staphiley doien des auditeurs de Rote, qui éto it en

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'Angleterre, foit chargé de la commiffion pour juger le divorce, & en même-temps on le fait AN. 1528. partir pour Orviette, où étoit le pape, & on le charge d'inftructions fecretes & d'ordres publics. Auffi-tôt après Cafali reçoit ordre de demander à fa fainteté, qu'un autre légat fût joint au cardinal Wolfey, & qu'il fût fçavant, défintereffé & traitable."

Gardiner &
Fox envoïez.

Auffi-tôt que Staphiley fut parti pour Or- XXXIX. viette, le roi le fit fuivre du docteur Etienne Staphiley Gardiner fecretaire de Wolfey, & d'Edouard Fox grand aumônier, qui tous deux devoient à Rome fe joindre au premier, & ne donner aucun re- pour cette. pos au pape, qu'il n'eût accordé ce qu'on fou- affaire. haitoit de lui, ces trois agens étoient d'un caractere affez different. Staphiley avoit vieilli dans la cour de Rome, c'étoit un homme défiant, dur & peu traitable, favorablement prévenu pour Henri VIII. & haiffant beaucoup Charles V. Gardiner ne connoiffoit pas fi bien la cour de Rome, mais en récompense il paffoit pour un des plus habiles canoniftes, il avoit un efprit vif, fouple, infinuant, & propre à tous les emplois dont on le voudroit charger. Fox fuivoit affez les fentimens de fon prince, & mourut évêque d'Hereford. Leurs inftructions portoient de demander pour le cardinal Wolfey une nouvelle commiffion qui l'établit juge de cette caufe > avec pouvoir de caffer le mariage du roi, s'il le trouvoir à propos, & néanmoins de déclarer légitime la fille qui en étoit née, de preffer le pape de donner une promeffe par écrit de ne point révoquer la commiffion du légat, de demander une bulle qui caffât le mariage du roi, & une difpenfe pour époufer une autre femme fans aucune restriction. Enfin les envoyez devoient reprefenter au pape que Wolfey n'a

voit pas confeillé le divorce au roi, & qu'il AN.1528. n'étoit point auteur des confeils qui avoient engagé fa majefté Angloife dans cette affaire. Rien n'eft plus preffant que la lettre écrite au pape par ce cardinal. Tout ce qu'un efprit inquiet & effraïé eft capable d'appeller à fon fecours s'y trouve ramaffé; la lettre eft dattée du dixiéme de Février.

X L.

Wolfey au

pape tou

vorce.

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Il mande à fa fainteté, que fi elle le regarde Lettre du non feulement comme un chrétien, mais comcardinal me un cardinal qui n'a pas deshonoré fon caractere, qui a rendu quelques fervices à l'échant le di- glife, qui a toujours été attaché aux interêts de fa fainteté, fi elle le confidere comme un homme zelé pour la juftice, foigneux de fon falut éternel, elle veuille avoir quelque égard à fes remontrances, & à fes humbles prieres. J'ofe vous affurer, continue-t'il, que fi je ne fçavois pas que ce que le roi demande eft jufte & équitable, j'aimerois mieux fouffrir tous les tourmens les plus cruels, que de » m'en mêler. Mais je ne puis diffimuler que j'apprehende fort que fi votre fainteté tou»jours pleine de confideration pour l'empe>> reur, refufe de nous accorder une grace appuiée fur les loix divines & humaines, le "roi qui n'a que Dieu & fa juftice en vûë, » n'aille chercher des remedes ailleurs, & ne faffe quelque entreprise d'autant plus preju» diciable à l'autorité du faint fiége, que fon exemple pourroit être fuivi par d'autres. Je » vous parle, très-faint pere, comme chrétien, » comme membre du facré college ni l'interet, ni l'affection que je porte au roi, ni la dépendance où je fuis, n'ont aucune part » à cette lettre : je ne regarde que la juftice & l'équité, & le trouble que je reflens en moi, ne me permet pas d'en écrire davantage.

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XLI.

& de Fox au

Le même jour que cette lettre fut écrite, c'eft-à-dire, le dixiéme de Février, Gardiner AN. 1528. & Fox partirent pour l'Italie : & quand ils furent arrivez à Orviette, ils trouverent le pape Demandes fort embaraflé dans une conjoncture fi délica- de Gardiner te, & qui ne penfoit qu'à gagner du temps. Il feignit qu'il ne souhaitoit rien avec tant de pape. paffion que de fatisfaire le roi ; mais on ne laiffa pas d'entrevoir que la veritable intention de Clement VII. étoit d'amufer Henri de l'efperance qu'il favoriferoit fon divorce, jusqu'à ce qu'il fe vit en état de prendre des mesures contraires. Ainfi toutes les follicitations des envoyez ne produifirent rien, la bulle ne fut point expediée telle qu'on la demandoit ; & tout ce que purent faire Gardiner, Fox & Cafali, fut d'obtenir un commiffaire qui fut agréable au roi. On en propofa plufieurs tous cardinaux de beaucoup de mérite, & l'on s'arrêta à Laurent Campege qui étoit déja évêque de Salisbury. Le pape le nomma dès le mois d'Avril, & le joignit au cardinal Wolfey pour Le cardinal juger l'affaire du divorce. Sa commiffion tou- Campege tefois n'eft que du fixiéme de Juin dattée d'Or- envoyé en viette. Campege fit tout ce qu'il put pour Angleterre pour l'affaife difpenfer de prendre un emploi fi délicat, re du divorqui le menaçoit ou de la colere de l'empereur, ce. ou de la haine du roi d'Angleterre. Pour excu- Vie deCamfer fon refus, il allegua, qu'étant incommodé pege par Cade la goutte, il ne pouvoit entreprendre un fi nius impr. long voïage, mais Wolfey lui fit tant d'inftan- Boulogne ces en le conjurant de ne point perdre de temps 1581. & de fe prêter au befoin d'un roïaume dans lequel il étoit déja évêque, qu'à la fin il accepta la commiffion.

C'étoit un prélat recommandable par fa vertu & par fa fcience, également agréable aux parties intereffées. Il avoit déja été légat

XLII.

rolus Sigo

preuves de

136.

en Angletrrre en 1519. pour y lever les deciAN.1528. mes contre les Turcs; & il paffoit pour le plus fçavant canonifte de fon temps, & le plus habile dans les négociations. La France qui le croïoit un peu attaché à Charles V. ne fut pas bien aife de ce choix, apprehendant qu'il ne moyennât quelque accord entre l'empereur & Henri VIII. Auffi voit-on dans une lettre Cette lettre de Jean du Bellay évêque de Bayonne à M. eft parmi les le grand maître & maréchal de France, dattée Phift.du dide Londres le dix-huitiéme de Juin 1528. que vorce de M. Cet évêque tâchoit de rendre Campege fufpect le Grand to, au cardinal Volley, en lui faifant entendre 3. in 12. p. que le pape l'envoïant en Angleterre, tâchoit Belcar.l.19. de contenter & les Anglois & les Imperiaux, Godwin de & d'allonger les affaires fous prétexte de la praful. An- goutte, dont ce cardinal étoit incommodé. glic. Ar- Cependant Campege fe difpofa à partir, & le chiep. Ebopape lui remit une bulle favorable, à ce qu'on dit fans preuves, à la cause du roi, en prenant toutes fes sûretez pour empêcher que cette bulle ne fût jamais vûë, & qu'on ne pût s'en fervir pour la fin du procès. Il recommanda à ce nouveau légat fur tout de ne la faire voir qu'au roi & à Wolfey, & de la brûler auffi-tôt. Ainfi l'on n'a jamais fçû précisément ce que contenoit cette bulle: les uns difent que le pape s'engageoit feulement de n'évoquer jamais la caufe à Rome, & de confirmer le jugement des légats : les autres difent que cette bulle prononçoit la diffolution du mariage, en cas que les faits énoncez par le roi fuffent véritables au jugement des commiffaires. Ce dernier fentiment eft uniquement fondé fur ce que le roi d'Angleterre témoigna tant de fatisfaction de la bulle, & le pape tant de regret de l'avoir donnée, qu'il y a beaucoup d'apparence qu'el le étoit définitive.

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