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de Wolfey, leur donna avis de toutes les dif AN. 1528. ficultez qu'on formoit contre fon mariage, & & à Ferdi- demanda leur affiftance & leur confeil. Ils reBand.

çûrent avec joie cette occafion d'embarrasser le roi Henri, & confeillerent à Catherine de ne jamais confentir à entrer en religion, & de ne le point relâcher de fes droits ; ils lui manderent encore qu'ils avoient affez de pouvoir à Rome pour lui faire rendre juftice, & qu'au pis aller, fi l'on en venoit aux extrêmitez, ils fçauroient toujours foutenir les interêts de Cavendich. fa fille. Catherine appuïée fur ces promeffes refufa conftamment le divorce, & continua de vivre avec le roi comme auparavant, fans paroître ni plus grave, ni plus trifte, & aiant toujours avec lui-même lit, & même table. Campege de fon côté ne ceffoit d'exhorter le roi de la part du pape, de ne point quitter la reine, eu égard au tort qu'il feroit par-là à sa

4. 10. p. 22. 23,

feparer vo

reputation, & aux guerres qu'il auroit à fouteXLVII. nir contre l'empereur. Mais voïant que ce prinCampege ce ne fe rendoit point à fes raisons, & craiexhorte Ca gnant les fuites d'une telle affaire, il confeilla therine à fe à Catherine, felon l'ordre qu'il en avoit reçû lon airedu pape de fe feparer volontairement de ment du roi. Henri & de fe retirer dans un monaftere. Mais comme il est difficile de quitter une couronne, quand on a droit de la porter, & de renoncer à fa liberté, quand on croit pouvoir en jouir, Catherine n'écouta point ces propofitions. Le vingt-feptiéme d'Octobre, les deux légats apprehendant de plus en plus les confequences de fa fermeté, vinrent la trouver accompa gnez de l'archevêque de Cantorbery; de l'évêque de Londres, & d'autres prélats, & la folliciterent de nouveau d'entrer dans un Couvent, mais elle leur déclara nettement, que puifqu'on penfoit à la faire entrer par force

dans un lieu où fon inclination l'auroit affez portée fi on l'eut laillé agir librement, elle AN. 1528. maintiendroit tant qu'elle auroit de vie, le mariage auquel Dieu l'avoit appellé ; elle ajouta que les juges qu'on lui avoit donnez lui étoient fufpects, qu'ils avoient été obtenus fur un faux expofe; qu'ils lui étoient contraires, fur tout Wolfey qui ne lui avoit attiré la perfecution qu'elle fouffroit, que parce que l'empereur n'avoit pas agi pour l'élever à la papauté, qu'ainfi elle les recufoit: enfin qu'elle ne pouvoit fe défifter de fes pourfuites, fans faire un tort irreparable aux droits de fa fille, qui lui étoient beaucoup plus chers que les fiens jelle demanda cependant un confeil, & on lui permit de faire venir de Flandre un procureur,un avocat, & un confeiller, qui vinrent en eifet en Angleterre, mais qui n'y demeurerent pas long-temps,parce qu'on craignit que leur prefence n'excitât les Anglois à la revolte, à caufe des mauvais traitemens qu'on faifoit à la reine,

XLIX.
Nouveau

Pour faire voir la juftice de fes prétentions, Catherine produifit la copie d'un bref, qui contenoit une difpenfe plus ample que celle bref que la de la bulle fur laquelle les légats vouloient reine projuger cette affaire, & qui réparoit tous les duit fur for mariage, défauts de cette bulle. Le pape difoit dans la préface de ce bref, que Henri & Catherine lui avoient expofé, qu'ils fouhaitoient se marier enfemble, pour conferver la paix entre les deux rois, qui, fans ce mariage, feroient toujours divifez, & que pour cet effet, ils lui demandoient la difpenfe dont ils avoient befoin; & dans le corps du même bref, le pape ajoutoit que vú les raifons des expofans, il accordoit à Henri la permiffion d'époufer Catherine, quand même cette princeffe auroit confommé fon mariage avec Artus, au lieu que

dans la bulle il étoit expreffément marqué, que AN. 1528. fuivant la fupplique de Henri & de Catherine, le mariage de cette princeffe avec Arthus avoit peut-être été consommé, forfiian: il est vrai que Catherine ne produifoit qu'une copie de ce bref, mais elle prétendoit que l'original étoit entre les mains des Espagnols, & ceuxci difoient eux-mêmes qu'ils le poffedoient, & qu'ils l'avoient tiré d'entre les papiers de D. Puebla, qui étoit leur ambassadeur en Angleterre au temps du mariage de Catherine. Pour s'affurer du fait, on écrivit auffitôt à l'évêque de Worcester, & au docteur Lée ambaffadeurs en Espagne, de chercher ce bref en ce pais-là, mais il ne paroît pas que leurs recherches ayent produit quelque chofe d'utile, ni que ce bref ait été trouvé ; on envoya auffi François Brian & Pierre Vannes à Rome pour le même fujet ; & ces deux agens furent fuivis par les docteurs Knight & Bénet, qui devoient travailler conjointement avec

L.

roi d'An

eux.

Ces derniers envoyez pafferent par Paris, où François I. leur donna des lettres, par lef quelles il ordonnoit aux ambaffadeurs qu'il avoit à Rome de fe joindre à ceux qui folliciteroient pour Henri.

Etant arrivez à Rome ils rendirent ces Propofi- lettres à ceux à qui elles étoient adreffées, & ions que le chercherent ensuite avec soin dans la chancelgleterre fait lerie de Rome le bref, dont Catherine avoit faire à Ro- prétendu produire une copie, mais leurs recherches ayant été inutiles, ils firent au pape plufieurs propofitions, qu'ils étoient chargez fecretement de faire, & pour cet effet ils firent comme s'ils parloient d'eux-mêmes. Elles tendoient principalement à trouver des expediens pour terminer l'affaire du divorce.

me.

Hs en propoferent plufieurs fur lefquels ils confulterent, fous des noms fuppofez, les plus célebres canoniftes de Rome, pour fçavoir s'ils étoient praticables. Pour les faire gouter au pape, ils lui promirent que le roi d'Angleterre & celui deFrance feroient garder par deux mille hommes, Ravenne & Červia dont il demandoit la reftitution aux Venitiens qui la lui refusoient.

AN.1528.

LI.

Cette garde de deux mille hommes pouvoit bien mettre obftacle aux defleins que les Ve- Autres pronitiens euffent pû avoir fur ces deux places ; faites par pofitions mais ne les remettoit pas entre les mains du les envoicz pape, comme celui-ci le fouhaitoit. Les en- d'Henri voyez fentoient bien qu'une telle propofi- VIII. tion ne le fatisferoit pas pleinement, c'eft pourquoi ayant envie de la faire paffer, ils lui reprefenterent en même-temps, qu'il devoit fe défier de l'empereur plus que jamais, & ne point penfer à traiter avec lui, parce que le deffein de ce prince étoit de le faire dépofer comme bâtard, d'élever en fa place le cardinal Quignonés qu'on appelloit de Angelis, & de fe faifir de tout l'état ecclefiaftique ; qu'ainfi le moyen de fe foutenir & de fe défendre contre ces pernicieux projets, c'étoit de demeurer toujours uni aux rois de France & d'Angleterre, & d'accepter les fecours que ces princes lui offroient. Après avoir fait au pape ces propofitions, ils lui demanderent comme d'eux-mêmes, fi, fuppofé que la reine entrât en religion, il donneroit difpenfe au roi pour un nouveau mariage, & ne légitimeroit pas les enfans des deux lits, ou bien, fuppofé que la reine ne voulût pas fe faire religieufe, à moins que le roi ne fift la même chofe, fçavoir, fi après que la reine auroit fait fes vœux, fa fainteté Tome XXVII, C

·AN. 1528.

LII.

pape auz

difpenferoit Henri des fiens, & ne lui accor
deroit pas la liberté de fe remarier. Et com-
me Clement VII. étoit d'un naturel fort timi-
de, ils firent entrevoir que s'il n'étoit
pas fa-
vorable à Henri, il pouvoit compter que
l'Angleterre étoit perdue pour lui, & que les
Anglois étoient déja tõus difpofez à se souf-
traire au faint fiége.

Le pape répondit en gemiffant, qu'il fe Réponse diz trouvoit entre l'enclume & le marteau, que envoïez du de quelque côté qu'il se tournât, il ne voïoit roi d'An- que des précipices, & qu'il ne mettoit fon efgleterre,

perance que dans la protection de Dieu, qui n'abandonneroit pas fon églife. Qu'au refte il avoit fait pour le roi d'Angleterre plus que ce prince ne pouvoit raisonnablement attendre, en commettant le jugement de fa cause à deux légats, qui lui étoient dévoüez. Que non content de cela, il le preffoit de faire encore davantage, & de paffer par-deffus les regles que l'églife avoit accoutumé d'obferver en pareille occafion, & de lui facrifier ouvertement l'empereur, l'archiduc fon frere, la reine Catherine, l'honneur, la dignité & les interêts du faint fiége. Que c'étoit lui demander trop, & que du moins le roi devoit fouffrir que cette affaire paffät par le jugement des Légats, qui avoient été commis à cet effet. Que ce n'étoit pas fa faute, fi elle avoit été retardée, & que fi c'étoit par la négligence de Campege, ce légat avoit agi contre les ordres. Cette réponse fit affez comprendre aux envoyez ce que le pape penfoit, auffi firent ils entendre au roi qu'il ne devoit rien attendre de lui, & que toute la reffource qui lui reftoit, étoit de faire inceffamment juger l'affairé par les légats.

En effet, le pape qui voyoit les affaires de

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