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après avoir perdu près de foixante mille hom AN. 1529. mes devant cette place, & revint à Bude, où il convoqua les états generaux & inveftit de nouveau Jean Zapol du roïaume, en le declarant roi légitime & fon bon ami, à quoitous les états applaudirent.

Pendant ce temps-là Marguerite d'Autriche gouvernante des Pais-bas, & Louise de Savoye mere de François I. travailloient à faire la paix entre l'empereur & le roi de France, & arrêterent même, que vers la fin du mois de Mai, on commenceroit les négociations dans la ville de Cambrai, quoique la guerre continuât toujours en Italie , qu'Antoine de Leve eût pouffé les François à bout dans le Milanez, & que leur armée eût entierement été défaite par la prife du comte de faint Pol qui la commandoit. Les deux princeffes ne defefpererent pas toutefois de réuffir dans leur négociation, & elles en étoient d'autant plus capables, qu'avec beaucoup d'efprit & d'experience, elles s'aimoient fort, & fouhaitoient fincerement de voir la paix rétablie entre les deux princes. Charles V. avoit vû par fa propre experience que les traitez qu'il On travail avoit faits avec le pape & François I. tous deux le à la paix fes prifonniers, l'un au château faint - Ange entre l'em- & l'autre à Madrid, à des conditions très

IXXI.

pereur & le onereuses, ne pourroient jamais fubfifter ; &

roi de Fran

ce.

-3.

d'ailleurs il avoit befoin de toutes fes forces Mem. du pour s'oppofer aux Turcs & aux Lutheriens: Bellay liv. il voulut donc corriger les traitez de Rome & de Madrid par ceux de Barcelone & de CamCnice. lib. brai, il réfolut de quitter l'Espagne pour pafBelleforêt 1. fer en Italie; & comme le pape n'avoit point de plus grands défirs que de voir fa maifon réSleidan in tablie dans la fouveraineté de Florence, d'où comment. i. elle avoit été chaffée, il ne ceffoit de preffer,

13.

6. C. 44.

9. p. 199.

оц

ou plûtôt d'importuner l'empereur par des lettres écrites de fa propre main, le priant de AN. 1529. lui vouloir envoyer quelque perfonne, avec plein-pouvoir de conclure par un traité folide, une bonne paix. Charles V. qui ne fouhaitoit rien tant que de faire plaifir à fa fainteté, & la guérir de la haine qu'elle pourroit avoir conçue contre lui, envoya en Italie Antoine de Leve, qui conclut avec Clement VII. le vingt-fixième de Juin un traité dont voici les principaux articles.

du

LXXII.

Pape avec l'em

Clement.

V. p. 161.

I. Que fa fainteté se transporteroit à Boulogne avec toute la cour, au plus tard fur la Traité fin de l'année fuivante, pour y couronner avantageux l'empereur. II. Qu'auffi-tôt après la ceremonie du couronnement, fa majefté imperiale pereur. envoïeroit une puiffante armée devant Flo- Guic.l. 19. rence, & que fes troupes ne fe retireroient Belcar. l.20. qu'après la prife de la ville. III. Qu'Ale- Panvin, in xandre de Médicis petit-neveu du pape, feroit fait prince & fouverain de la ville & état, hunc an. n. Rayn, ad de Florence. IV. Qu'on marieroit ce prince 60. avec Marguerite, fille naturelle de l'empe- Ant. de reur dès qu'elle auroit atteint l'âge nubile. Vera, hift. de Charles V. Que le pape fourniroit pour le fiege de Florence huit mille hommes, qui feroient Pallavic. païez à fes dépens & agiroient conjointement hift. conc. avec l'armée de l'empereur. VI. Qu'en même Trid. 1.3. temps fa fainteté expedieroit une bulle en cap. 2. faveur de l'empereur, & de tous ceux qui lui fuccederoient à perpetuité, par laquelle fa majefté imperiale auroit le droit de nomination & de prefentation aux huit archevêchez du roïaume de Naples, Brindes, Lanciano, Matera, Otrante, Reggio, Salerne. Trani & Tarente; & aux feize évêchez, Ariano, Acerra, Aquila, Cortone, Caffano, Castello, Gallipoli, Pozzuolo & d'auTome XXVII.

D

tres. VII. On remettoit le pape en poffeffion AN,1529. de Cervia, de Ravenne, de Modene, de Reggio, de Rubiera; on lui abandonnoit le duc de Ferrare, on le rendoit maître du fort du duc de Milan : & à ces conditions fa fainteté accordoit à l'empereur l'inveftiture du roiaume de Naples, n'exigeant qu'une haquenée blanche qu'on lui prefenteroit tous les ans; elle donnoit paffage à l'armée imperiale fur les terres de l'églite, accordoit l'abfolution à tous ceux qui avoient trempé dans le fac de Rome, & permettoit à Charles V. & à Ferdinand fon frere, d'employer le quart des revenus ecclefiaftiques de leurs états, pour fournir aux frais de la guerre contre les Turcs.

LXXIII,

pagne & ar

Ce traité ayant été ainfi conclu à Orviet L'empereur te, l'empereur ne penfa plus qu'à donner les part d'E- ordres neceffaires pour fon départ, Il fit dérive à Ge- clarer l'imperatrice Ifabelle fon épouse, gouvernante & regente des roiaumes d'EfAnt. de Ve- pagne, & tutrice du prince Philippe, & parra bift. de cit fur la fin du mois de Juillet accompagné Charles V des plus grands feigneurs qui devoient affif

ncs.

p. 173.

ter à fon couronnement. Arrivé à Barcelonne, les cinq députez qui representerent le le confeil de ville,lui envoierent dire que dans la reception qu'ils faifoient aux rois, ils n'avoient pas coutume d'aller au-devant d'eux & ne defcendoient point de cheval pour les recevoir & les complimenter; mais que n'y ayant point d'exemple qu'aucun de leurs rois eût été empereur, ils feroient là-deffus tour ce qu'il plairoit à fa majefté imperiale de leur ordonner. Charles V. reçut ce compliment avec beaucoup de politeffe, & répondit aux députez, qu'ils pouvoient demeurer à cheval fans mettre pied à terre,

parce qu'il faifoit plus d'état d'être comte de c Barcelonne qu'empereur des Romains. II AN. 1529. demeura deux jours dans cette ville, & il y

ratifia le traité que de Leve avoit conclu avec Ciacon, in le pape à Orviette, le vingt-fixiéme de Juin. vitis pon. 8. Cette ratification felon la datte de l'arrivée 3 P.459. Daniel hift. de l'empereur à Barcelonne, ne put fe faire de France qu'au commencement du mois d'Aouft, quoi- to. 5. in 4. que Ciaconius & beaucoup d'autres auteurs la p. 613. placent fur la fin de Juin.

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LXXIV.
Arrivé à

Genes il ra-
tifie la paix

a ec le roi

Le matin du neuvième d'Août l'empereur s'embarqua fur la capitane de l'efcadre d'Efpagne & d'Italie commandée André par Doria, dans laquelle il ne fut pas plûtôt entré, qu'il le fit prince de Melfi. Il fit le de France. voiage avec un vent très-favorable, & arriva à Genes fort heureufement, environ vers la mi-Aouft, au milieu des acclamations & des applaudiffemens du peuple qui étoit accouru de toute l'Italie, pour voir l'entrée d'un fi grand prince. Comme il avoit donné ordre en partant de Madrid, qu'on lui envoïât de Cambrai à Genes, chaque jour tout ce qui fe feroit dans la negociation de la paix avec la France, il y reçut le traité conclu le cinquième du mois d'Aouft, par la médiation des deux princeffes Marguerite gouvernante des Païs-bas, tante de Charles V. & Loüife de Savoye mere de François I. L'abouchement s'étoit fait à Cambrai avec beaucoup de magnificence, & en moins de fept semaines, le tout fut heureufement terminé par un traité que l'on a nommé la paix des Dames, à caufe des princeffes qui en furent les médiatrices & qui y réüffifans que la défaite du comte de faint Pol, & l'accommodement du pape avec la cour d'Espagne, y puffent fervir d'obstacles.

rent,

LXXV.

Ce traité contenoit trente-deux articles dont AN. 1529. nous ne rapporterons que les principaux. Le roi de France en faveur de la paix, & Articles du pour délivrer fes deux fils le dauphin & le traité de duc d'Orleans des mains de l'empereur, s'oCambray, bligeoit de païer à ce prince deux millions entre Char- d'écus d'or au foleil, dont douze cens mille les V. & feroient paiez au premier du mois de Mars François I. Mem. du fuivant, & dans le même temps que les deux Bellay l. 3. princes feroient remis en liberté. Les autres Guic. 1. 19. huit cens mille livres étoient deftinées à acSledan 1.6. quitter les dettes de l'empereur envers le roi d'Angleterre, dont le roi fe chargeoit. Ces Rayn. ad dettes montoient à deux cens quatre-vingt hunc an. n. mille écus d'or. Pour le refte, le roi s'obli67. & feq: geoit à en faire la rente, & pour le rachat

Paul. Jove

lib. 26.

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de cette rente à faire ceder à l'empereur par la ducheffe douairiere de Vendôme, & par fes autres fujets, les terres qu'ils poffedoient en Flandres, en Brabant en Hainaut, & dans les autres provinces des Pais-bas. De plus, que le mariage accordé entre le roi François I. & Eleonore reine doüairiere de Portugal, four aînée de Charles V. feroit confommé, à condition que s'il en naiffoit un fils, il fuccederoit au duché de Bourgogne. Qu'en vertu du prefent traité, le roi s'obligeoit de retirer dans fix femaines, à compter du jour de la ratification toutes les troupes qu'il auroit en Italie & en Piémont de vuider la ville & château de Hefdin, qu'il remettroit à l'empereur; qu'il renonceroit à tous droits & jurifdictions fur les comtez de Flandres & d'Artois, à l'exception de Terouanne & de fes dépendances, & fur le duché de Milan. Qu'outre la fomine des deux millions d'écus, le roi acquitteroit l'empeseur envers le roi d'Angleterre, de cinq ceus

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