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Par la même raifon, on doit donner les diftributions à tout Dignitaire, Chanoine, ou Prébendé ou Prébendé, qui ne s'abfentent que pour remplir un devoir attaché à leur Bénéfice, & qu'on ne peut renvoyer entre ou après les heures canoniques.

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Finiflons ce chapitre & ce traité, par une décision qui doit intérefler le Lecteur.

Par le Décret du concile de Trente, fur la réfidence, il eft clair qu'aucun ftatut ne peut exempter de réfider au moins pendant neuf mois, chaque année. D'après cela, on demande fi, en vertu d'un ftatut particulier, on peut, en affiftant à une ou deux Heures canoniques, gagner les gros fruits de la prébende ou du canonicat. Confultée fur ce point, la Congrégation pour l'interprétation du concile de Trente, répondit nettement qu'on ne le pouvoit pas. Cum quæfitum fuerit nùm valeat ftatutum ut una vel duabus "horis intereffentes lucrentur maffam groffam, five præbendam? "refponfum eft, non valere. Voyez Fagnan, ad cap. Licet, x, de Præbendis, n. 35.

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DES HEURES CANONIQUES,

ET DE LEURS DIFFÉRENTES PARTIES.

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De ceux qui font obligés aux heures Canoniques. TOUS LES BÉNÉFICIERS & tous les Clercs qui font dans les Ordres facrés, font chargés par l'Eglife de les dire, chaque jour, au moins en particulier.

Et elles doivent être, tous les jours, pfalmodiées folemnellement & en commun, non-feulement par les Chanoines, mais en général par tout le Clergé des Cathédrales & des Collégiales.

Les Laïcs ne font plus aujourd'hui, comme autrefois, ftrictement obligés de fe trouver à la Pfalmodie des Heures canoniques. Mais; s'ils veulent fuivre l'intention de l'Eglife, ils y affifteront, le plus fouvent qu'il leur fera poffible, fur-tout les Dimanches & les Fêtes: Tout ce qui eft avancé dans ce chapitre, a été fuffisamment prouvé dans les traités précédens.

CHAPITRE I I.

Du Rit dont on doit fe fervir dans les Heures Canoniques. C'EST AUX EVÊQUES à prefcrire celui qu'ils jugent le plus convenable, afin que, fuivant l'avertiffement de S. Paul, tout fe paffe honnétement & felon l'ordre, dans les affemblées de l'Eglife, 1. aux Cor., chap. 14.

Ils ont dans tous les tems joui de ce pouvoir; & le concile de Trente reconnoît qu'ils ont le droit d'en ufer, lorfqu'il statue que les Chanoines perdront les diftributions du jour où ils ne rempliront pas perfonnellement leur fervice, fuivant la forme ou le rit marqué

par leur Evêque: juxtà formam ab Epifcopis præfcribendam, Seff. 22, chap. 3, de la Réforme.

Afin qu'un Evêque particulier n'abufât pas de ce pouvoir, & qu'il ne mît rien dans les Prières publiques de l'Eglife qui ne fût digne d'elle, on avoit réglé, dès les premiers fiècles, qu'on ne publieroit rien de nouveau dans l'Office Divin, fans l'approbation du Concile des Evêques de la province.

« Placuit etiam hoc, difent les Peres d'un concile d'Afrique, "ut preces, quæ probata fuerint in concilio, five præfationes, "five commendationes, feu manus impofitiones, ab omnibus " celebrentur, nec alia omninò contrà fidem præferantur, fed "quæcumque à prudentioribus fuerint collectà dicantur. » In concilio ecclef. Affric., can. 103.

En France, un Evêque ne peut changer l'ancien Office du Bréviaire, fans le confentement du Chapitre de fa Cathédrale, & fans la permiffion du Roi. Voyez un Arrêt du Parlement de Paris, du mois de Février 1603. Voyez auffi les preuves des libertés de l'Eglife Gallicane, titre 2, page 1143 (1).

De ce pouvoir, même reftreint de la forte, il doit réfulter néanmoins une grande diverfité de Rits dans les différentes Eglifes, & dans tous les Diocèfes du monde chrétien. Mais cette diverfité dans les Rits, ne nuit en aucune manière à l'unité de la Foi. Chaque Fidèle, en fuivant, comme il le doit, les Rits & ufages particuliers de l'Eglife où il fe trouve, y profeffera également toutes les vérités de la Foi; parce que ces vérités font profeffées dans toutes les Eglifes Catholiques, dans celles mêmes qui different le plus des autres, par la diverfité de leurs Rits.

Il y a au refte des ufages & des rits qui font à-peu-près par-tout obfervés & qui font très-anciens.

Tel eft l'ufage du chant dans les louanges divines. On apprend de Saint-Auguftin qu'on l'employoit aflez univerfellement de fon tems, & que Saint-Ambroife l'avoit établi dans fon Eglife. Voyez la let tre 55, & le liv. 9 des Conf., ch. 17.

On voit dans Saint-Bafile, lettre 57, que le peuple de Céfarée avoit coutume de fe partager en deux chœurs, & de chanter les pfeau

(1) On trouvera de grandes lumières fur ce fujet important, dans un Ouvrage, intitulé: Du Droit & du Pouvoir des Evêques, e régler les Offi es Divins dans leurs Diocefes; dédié par M. l'Evêque de Saint-Pons, à M. de Grimaldi, Archevêque d'Aix, en 1685.

mes alternativement. Le même Saint ajoute que cet ufage étoit dèslors très-étendu, & fe trouvoit presque par-tout.

Ainfi pendant qu'un des choeurs chantoit un verfet, l'autre chœur l'écoutoit en filence, & cette alternative ne contribuoit pas peu à nourrir & fortifier dans l'ame le fentiment de la prière; quia dum lingua paululum ceffat, fpiritus magis excitatur, ajoute au même endroit Saint-Bafile. Il dit encore: alternis canunt atque ex eo fimul eloquiorum Dei exercitationem & meditationem corroborant.

Il est donc vrai que le chant contribue fingulièrement à nourrir, à enflammer l'ame des vérités & des fentimens qu'il exprime. Et, fous ce point de vue, il a toujours été regardé comme utile à l'Eglise, par tout ce qu'il y a eu d'hommes inftruits & religieux.

orgues.

On ne peut pas en dire tout-à-fait autant de la mufique, des muficiens & des Témoins des abus qui ont fi fouvent accompagné les musiciens dans l'Eglife, plufieurs Auteurs zélés ont écrit qu'il feroit très-avantageux de ne pas les laiffer jouer pendant les offices.

Il eft vrai que rien n'eft plus dangereux, lorfqu'ils y font entendre des chants licentieux, des airs mondains & lafcifs. Mais en veillant fur eux, en les obligeant de ne rendre que des fons graves, majeftueux, décens, & toujours propres à faire mieux fentir au peuple fidèle les vérités & les fentimens exprimés dans l'office divin qu'ils accompagnent; loin d'être nuifibles, ne pourroient-ils pas, au contraire, être vraiment utiles?

Au moins, avec ces conditions, l'Eglife les approuve & les reçoit dans fon fein..

«La louange vocale eft néceffaire pour exciter les fentimens pieux " de l'homme envers Dieu; & par conféquent, continue Saint-Tho"mas, tout ce qui peut être utile à ce but, on l'emploie avec raison " dans les louanges divines. " 22, Q. 91, art. 2.

«L'Eglife, difent les Peres du concile de Sens, en 1528, ch. 17, "l'Eglise a reçu l'ufage des orgues pour le culte & le fervice divin, "Nous ne voulons donc point qu'on s'en ferve pour faire entendre " dans l'Eglife, des fons impudiques & lafcifs, mais des fons doux, & " qui ne faffent entendre que les hymnes divins, & les cantiques de "la piété. Organorum ufum ecclefia à patribus ad cultum fervi tiumque divinum recepit. Nolumus itaque quod organicis inf "trumentis refonet in ecclefiâ impudica aut lafciva melodia, "fed fonus omninò dulcis, qui nihil præter hymnos divinos & "cantica Spiritualia repræfentet. »

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CHAPITRE III.

Des différentes parties de l'Office de la nuit.

ET OFFICE eft le premier entre les heures canoniques. Il commence par le verfet Domine, labia mea aperies, &c. qui est tiré du pfeaume 50. On déclare par-là qu'on ne peut louer Dieu comme il faut, fi luimême il n'ouvre nos lèvres, ne prépare notre cœur, & ne vient à notre fecours contre notre foibleffe, & fur-tout contre nos ennemis fpirituels. Ils ne font jamais plus occupés à nous éloigner du bien, que lorfque nous demandons à Dieu la grace de le faire, & de nous fauver. Voilà pourquoi l'on ajoute, au verfet cité, ces paroles impor tantes, Deus in adjutorium meum intende, &c. Prière fi effentielle qu'on la répète au commencement de chaque heure canonique.

On y ajoute le Gloria Patri, &c., appellé par les anciens, & dès le tems des Apôtres, l'hymne de glorification. C'eft en effet une adoration & une louange à la Sainte-Trinité. On la répète à la fin de chaque pfeaume, afin de rappeller à la Trinité, en l'invoquant plus expreflément, refprit qui fans cela pourroit perdre de vue, pendant la pfalmodie, cet unique but de toutes les prières chrétiennes.

Excepté depuis la Septuagefime jufqu'à Pâque, on le finit par l'Alleluia, mot hébreux qui fignifie, louez Dieu avec joie. C'est donc un cri d'allégreffe, & voilà pourquoi on ne l'emploic point pendant le Carême, parce que c'eft un tems spécialement confacré par l'Eglife, à la pénitence & au deuil.

Vient enfuite l'invitatoire, dans lequel on trouve des motifs puiffans pour bien prier, dans quelles difpofitions il faut prier, & ce que nous avons à craindre fi nous endurciffons nos cœurs à la voix de notre Dieu.

Après l'invitatoire, on chante l'hymne. Il est destiné à nous préparer à une fainte pfalmodie. Et il doit être chanté fur un ton qui infpire la joie ou la trifteffe, fuivant que nous fommes ou dans un tems de deuil, comme le Carême, ou dans un tems de joie, comme eft le teins de Pâque.

On chante à la fin de chaque Pfeaume, &, pour préluder au fuivant, ce qu'on appelle l'antiphonie, c'est-à-dire, une courte

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