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DE LA GUERRE

DE

FLANDRE,

ESCRITE EN LATIN

Par FAMIANUS STRADA,
de la Compagnie de Jesus.

ES

PREMIERE DECADE.
Mife en François par P. DV-RIER.

TOME PREMIER.

A

PARIS,

Au Palais, Par la Compagnie des Libraires

Affociez.

M. DC. LXXV.

AVEC PRIVILEGE DU ROY,

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PREFACE.

B

I EN que mes autres Traductions n'ayent pas efté defapprouvées, qu'elles ayent eu un succés qui me pouvoit obliger d'en entreprendre de nouvelles ; le confeffe toutesfois que je n'ay commencé qu'en tremblant la Tra duction de cet Ouvrage, & que cette en.. treprise qui me plaifoit n'a pas la:ffé de me faire peur. Car fi c'est une chofe malaisée que de bien écrire l'Hiftoire, il me femble qu'il n'est pas moins difficile de la bien traduire : Et quand elle a les graces &les ornemens dont celle-cy eft toute remplie, je croy que c'est faire un chef-d'œnvre que d'en faire une bonne Traduction. Et certes, comme c'est renouveller les actions des grands Hommes que de les décrire noblement ; c'est auffi, pour ainfi dire, leur en dérober la gloire que de n'en pas faire un Tableau qui réponde à leur excellence. Famianus Strada a rendu cette Hiftoire fi parfaite, qu'on peut dire veritablement que tous les Heros qu'il y introduit, ont trouvé ce que fouhaitoit Alexandre:quand il fouhaitoirun Homere pour

bien

que

celebrer fes actions: Et fi l'Hiftoire eft le m Trône de la Verité, il a rendu ce Trône fi beau qu'il eft digne de cette Reine. Ce n'eft donc pas fans fujet que je me fuis défié de mes forces, & que j'ay apprehendé de toucher à un Ouvrage que l'Antiquité. auroit avoué pour fien, & qui fera toujours confeffer que la nouvelle Rome auffi l'ancienne est la fource des belles chofes. Quand j'ay traduit des Anciens, je n'ay pas craint que des Autheurs qui Sont morts il y a deux mille ans me vinffent faire mon procés, & me demander les graces que je leur ay peut-eftre oftées: Mais Autheur de cet ouvrage eft vivant pour la gloire de noftre fiecle, & je doy craindre qu'il ne m'accufe de l'avoir inhumaine – ment dépouillé de fes plus riches ornemens. L'efpere toutesfois que fa bonté & sa profeffion le rendront aveugle à mes deffants; ou que s'il les veut découvrir, il me les découvrira en pere qui ne veut pas la honte de fes enfans, & qui ne leur montre leurs fautes que pour les rendre plus parfaits.

Au reste, bien que les guerres de Flandre ne foient pas moins connuës par leur reputation, que par le nombre de ceux qui les ont écrites, & qu'il femble que les derniers ne puiffent rien dire de nouveau; Neantmoins on recevra de cét Autheur

des

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des lumieres qu'on ne sçauroit trouver ailleurs Il a eu des connoiffances que les amtres n'ont point euës Il ne parle que fuivant les Lettres fecrettes des Princes,done la plupart des Originaux font tombez entre fes mains. Il découvre les fecrettes inftructions des Ambassades, les Refolutions qui ont efté prises dans les Confeils,les raifons fur lesquelles elles ont efté fondées, les caufes veritables des Confpirations des Grands, & des émotions des Peuples. Enfin il apprend beaucoup d'autres chofes qui font venues à fa connoiffance, ou par les Memoires de ceux qui estoient secrettement employez dans les affaires, ou par les Relations particulieres des principaux Officiers des Armées. Il rapporte auffi quelquefois pour la preuve des actions qu'il efcrit,les Lettres mefmes de ceux qui les ont executées,on qui y ont eu quelque part. Il ne paffe que legerement par deffus les chofes que l'on peut apprendre des autres,& yadjoufte en beaucoup d'endroits ce qui n'avoit pas efté dit. Mais s'il ne fait en quelques lienx qu'un abregé des evenemens qu'on avoit defia remarquez, il ne les eftouffe pas en les refferrant. Il en fait comme un Tableau racourcy, où l'on voit fans confufion tout ce qu'on verroit dans un plus grand Au contraire,il s'eftend fur les chofes qu'owa Tome I.

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