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même la mort de l'archevêque. Il lui donna un AN.1411. rendez-vous à Almanha proche Sarragoffe, fous pretexte d'une conference particuliere fur l'af faire de la fucceffion. L'archevêque s'étant mis en chemin, Antoine alla au-devant de lui à quelque diftance du village, & fur quelques con teftations de paroles, Antoine renverfa le prelat d'un coup de poing, lui enfonça le poignard dans le fein, & ceux qui accompagnoient An. toine l'acheverent & le percerent de mille coups. Cet affaffinat ne fervit qu'à rendre Jacques d'Urgel l'objet de l'execration publique.

XXX.

d'Anjou

pour chaffer Ladiflas.

Juven.des Urfins hift. de Charles

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Quant au pape Jean XXIII. dès qu'il fe vit Mefures élevé fur le faint fiege, il ne penfa plus qu'à que pren chaffer Ladiflas du roïaume de Naples, afin nent le pape & Louis d'en mettre en poffeffion Louïs duc d'Anjou, Ce prince, après avoir repris toutes les places que Ladiflas avoit prifes dans la Toscane & dans le patrimoine de faint Pierre, s'en étoit retourné en France l'année precedente pour y affembler de nouvelles troupes, qu'il avoit rame nées par mer, & dont il laiffa une partie fur fes vaiffeaux pour fe rendre à Boulogne, & y XXXI. conferer avec le nouveau pape. Là tous deux Le pape convinrent de faire leurs preparatifs pour dépouilJean va ler Ladiflas; Rome, & & la premiere demarche qu'ils laiffe au jugerent à propos de faire, fut de fe rendre aux follicitations des Romains; & d'aller prendre Minutolo poffeffion de Rome, pour la délivrer des inquie l'admini- tudes lui donnoit Ladiflas. Le pape prit Boulogne, avant fon depart les mesures neceffaires pour fureté de fes interêts en Italie. Il laiffa à Henri 1411.7.4. Minutolo cardinal évêque de fainte Sabine, l'administration de Boulogne, & de toute la Romagne, avec la qualité de legat perpetuel. Sa legation d'abord ne fut pas heureufe; le peuple laflé du gouvernement tirannique de Jean XXIII. prit occafion de fon depart pour le foulever; on

cardinal

ftration de

Bzov. an.

que

la

chaffa

chaffa le legat, on fe faifit du palais, on s'empara du gouvernement. Jean XXIII. mit la ville AN.1411. en interdit; mais quelque tems après les principaux des mutins aïant été chaffez, le pape y en voïa en 1412. le cardinal Flisko, avec plein pouvoir de lever l'interdit, & de reconcilier la ville à l'églife; ce qu'il executa heureusement, avec le fecours de Jacques de l'Ifle, qui avoit beaucoup de credit & d'autorité parmi les Boulonois. Les autres places de l'état de l'églife fu rent confiées au cardinal Othon Colonne le même qui fut élû pape au concile de Conftance fous le nom de Martin V.

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fait fon en

Toutes ces precautions étant prifes, le pape XXXII. s'avança vers Rome, accompagné de Louis d'An- Le pape jou, de tous les cardinaux, & de tous les prin- trée dans cipaux chefs de l'armée. Il y entra le treiziéme Rome d'Avril dans une magnifique pompe, parmi les Bzov. n. 3. acclamations du peuple & du clergé Romain, Anton. part. qui fouhaitoit avec beaucoup d'ardeur, après a- 3., 22, 66 voir fouffert la tirannie de Ladiflas, de recevoir 6. le pape dans Rome. II celebra pontificalement la meffe dans faint Pierre, & le vingt-troifiéme d'Avril jour de faint George, il benit folemnellement dans la même bafilique le grand étendard de l'églife, qu'il mit entre les mains de Louis d'Anjou, declaré generaliffime & grand gonfalonier de l'églife, & celui du fenat & du peuple, qu'il donna à Paul des Urfins, qui commandoit les troupes ecclefiaftiques fous le general. Enfin toute cette ceremonie étant faite, Louis d'Anjou & Paul des Urfins partirent le vingt-huitiéme d'Avril après avoir reçû la benediction du pape, qui la donna auffi à toute l'armée, & qui voulant y avoir un legat, choifit pour cette fonction Pierre Hannibaldi de Stefanefci Romain, cardinal de faint Ange de la création d'Innocent VII. & auquel il donna un pouvoir abfolu, G }

L'ar

Niem. La

by tract.

VI. cap.

L'armée

L'armée étoit de douze mille chevaux, avec AN.1411. une belle & nombreuse infanterie, fous le comXXXIII. mandement des plus excellens chefs, dont les du pape & principaux entre les Italiens, étoient Paul des de Louis Urfins, Jacques Sforce general des Florentins, d'Anjou fe P'un des grands capitaines de ce tems-là, Braccio de Montone, Gentile de Monterano, le comte

met en

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lib.6.

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campagne. de Tagliacozze, tous les feigneurs de l'illuftre ta Joan maison des Sanfeverins, & quelques barons de XXIII. lib. Naples qui favorifoient le parti de Louts d'An13.6.22. jou. Entre les François qui accompagnoient ce Summon. prince furent Louis de Loigny, qui à fon retour fut fait marêchal de France Gui de Laval, Henri de Pinequeton, Pierre de Beauveau, le fire du Bouchage & le fenêchal d'Eu > > avec beaucoup d'autres feigneurs. Ladiflas de fon côté qui avoit affemblé fes vita Joan. troupes aux environs de Gaïette, en partit pref que en même-tems pour aller au-devant de l'ennemi, avec une armée de treize mille chevaux, & quatre mille fantaffins, fans les troupes que les feigneurs oppofez au parti d'Anjou lui avoient amenées. Il avoit encore quelques compagnies de gens-d'armes, que Gregoire qui n'en avoit aucun befoin à Gaïette, lui avoit envoïées avec XXXIV. un cardinal legat. Comme les deux princes conLes deux currens cherchoient une occafion décisive, elle se presenta bien-tôt. Pendant que Ladiflas étoit fence, fe- en marche, il reçût la nouvelle de l'avantage parées par que fa flotte avoit eu fur celle de Louis, qui le Gariavoit perdu quatre de fes grands vaiffeaux. Enflé de ce fuccès il fit avancer fon armée vers les frontieres du roïaume, & alla se camper fous Pogg 1.4 la fortereffe de Rocca-Secca, à trois ou quatre p.194. licues de Ceperano, où l'armée de Louïs étoit campée le long de la riviere du Gariglian qui fé Le moine paroit les deux armées. De-là il envoïa défier de S. Denis. le roi Louïs par un heraut, qui fut fi bien reçû 6.3461.

armées

font en pre

glian.

de

de lui, qu'il le renvoïa avec des marques de fa
liberalité, & auffi-tôt Louis commanda un ca-
pitaine nommé Braccio, pour aller reconnoître
les forces de Ladiflas, fa contenance & la for
me de fon
camp, & pour remarquer les chemins
les plus propres pour l'aller joindre.

:

AN,1411.

Ce capitaine étant arrivé proche de Perouse fit rencontre d'un autre fameux capitaine nommé Tartaille ou Tartaglia, qui étoit en marche pour le même deffein que lui, avec deux mille hommes à cheval de l'avant-garde de Ladiflas. Il en fallut venir à un combat, qui fut fanglant & opiniâtré mais tout l'avantage demeura à Braccio, qui bien que plus foible de cinq cens hommes, battit fi bien fon ennemi, qu'il lui tua la plupart de fes gens, en mit plufieurs hors de combat, & tout le refte en fuite alla porter dans le camp la nouvelle de leur défaite, ce qui modera la joïe qu'on y avoit eu de la prise des vaiffeaux François. Un fi heureux commencement rehauffa le courage de Louis, qui d'abord avoit balancé s'il hazarderoit le combat, à cau. fe de l'avantageufe fituation de l'armée de La- Summa diflas & il craignoit d'ailleurs que l'armée ne14 fe diffipât faute de vivres & de païe, fi l'on demeuroit plus longtems fans rien faire. Ladiflas d'une part fortant de fon camp s'avança jufqu'à un mille du Gariglian, & du côté de Louis. d'Anjou, Sforce fit arrêter dans le confeil, qu'on pafferoit fur le champ la riviere pour attaquer brufquement l'ennemi, tandis que ne s'attendant à rien moins, il étoit occupé à fe camper.

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Ce fut donc le dix-neuvième de Mai de l'an XXXV. L'armée 1411. fur le foir, que toute l'armée de Louis de Louïs aïant paffé le Gariglian, partie à gué, partie paffe le Ga fur des pontons, un peu au-deffus de Ponte-cor- riglian & vo, petite ville bâtic fur les ruines de l'ancien attaque Lane Fragelles, fe remit bien-tôt en bataille. L'a, diflas.

G 4

vant

vant-garde qui faifoit la pointe droite étoit comAN.1411 mandée par Louis de Loigny, & Sforce étoit avec lui à la tête du premier rang. L'arriere. garde étoit à la gauche avec les troupes de l'é glife, fous le commandement de Paul des Urfins; & Louis d'Anjou conduifoit au milieu le corps de bataille, aïant auprès de lui Braccio, avec tous les feigneurs François. Ladiflas qui vit Pennemi paflé avant qu'il s'en für apperçû, remit promptement les gens dans le même ordre qu'ils avoient gardé en marchant, & s'avança fierement, foit pour attaquer, foit pour recevoir le premier choc, s'il étoit prevenu, comme il le fut en effet par le fieur de Loigny, qui donna le fignal de la bataille.

hift. de Char

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Le moine L'attaque commença de & d'autre avec part de S. Denis des cris redoublez par des réfonnemens d'échos; & en même-tems l'air parut tout couvert d'un nuage de fléches, qui ne put empêcher qu'on ne fe joignit de près, avec un mépris de la mort

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de Ladiflas

ils fe

qui rendoit les foldats auffi forcenez que les bêXXXVL tes les plus farouches. La haine les animoit d'u L'armée ne fureur égale; & comme le fuccès du combat eft entiere-fut foumis à la feule force, les gens de Louis ment dé- ne fe fervirent d'aucune rufe de guerre; faite. contenterent de pouffer à droite & à gauche, & Pogg. hift ils menerent les Siciliens battant d'une telle vi Fler.p.192. gueur, qu'on eût dit qu'ils avoient à dos les Anton. tit. feux & les foudres du ciel, & qu'enfin ils per12.fol. 156. dirent tout coeur & toute efperance de vaincre.

ge,

Quoi que pût faire Ladiflas, à qui l'extrême danger où il fe voïoit de tout perdre en perdant cette bataille, redoubloit les forces & le courail ne put empêcher qu'après avoir opiniâtré le combat jufques bien avant dans la nuit, & rallié plufieurs fois fes gens qui plioient de tous côtez, tout enfin ne fe mît en fuite pour le fauveur des tenebres: elles furvinrent fort à propos

pour

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