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i fon legat. Mais Sigifmond aiant été tiré de fa prifon par fes fujets, qui rentrerent prefque tous dans leur devoir; Ladiflas qui craignit d'éprou ver en Hongrie le même fort que fon pere, retourna en fon roïaume: & auffi-tôt les deux freres, Venceflas & Sigifmond, pour fe venger to de ce que Boniface s'étoit fi hautement declaré contre eux pour Robert & pour Ladiflas, quita terent fon obedience, & se mirent fous celle de Benoît. C'est ainfi que les peuples & les Roiaumes entiers changeoient de papes, felon l'interêt & les paffions differentes des princes qui les gouvernoient.

AN.1401.

Suramon. 6.2.1.4.

Richard II. roi d'An

Les difcordes de la cour d'Angleterre caufées. 111. par le mauvais gouvernement de Richard II. & par l'ambition de fes oncles Jean de Gand gleterre eft Duc de Lancastre, & Thomas Duc de Gloceftre, depofé de

fe terminerent à une catastrophe fort tragique la-roiauté. pour ce prince foible & voluptueux. Son maria- Walfing. ge avec la fille de Charles V. Roi de France, P.264. L'avoit rendu fort odieux aux Anglois, qui le regardoient comme livré à la France. Breft & Polydor. Virg. 20 Cherbourg qu'il rendit aux François, augmen-21. terent encore cette haine. Henri Comte Derby, Duc de Lancaftre depuis la mort de fon pere, profita de ces conjonctures. Il obligea Richard à renoncer folemnellement au roïaume d'Angleterre, le fit dégrader par l'autorité du parlement, condamner à une prifon perpetuelle, & enfermer dans la tour de Londres. Le lendemain vingt-huitiéme de Septembre Henri fut reconnu roi fous le nom de Henri IV. Il prit la couron- du roianne le treiziéme d'Octobre 1400. & fit étrangler me d'Anle malheureux Richard, pour plaire au peuple gleterre. qui demandoit sa mort.

L'année fuivante 1401. quelque tems après l'Epiphanic, le roi Henri tint un parlement à Londres, où il fut fait un ftatut contre les Lol

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IV.

Henri

s'empare

V.

Lollards.

Walfing. P. 327.& 364.

lards. C'étoit une branche des Widefiftes, qui AN.1401. faifoit alors beaucoup de bruit. Ces heretiques avoient à leur tête un feigneur Anglois nommé Cobham, plus connu fous le nom de JeanOdel-Caftel; il fut executé fur la fin de 1417. fous prétexte d'une rebellion, mais au fond pour le Wiclefilme. Monfieur Dupin dit que les Lol Herefie des lards d'Allemagne avoient pour chef un Gautier Lollard, qui commença à enfeigner fes erreurs vers l'an 1315. qu'ils méprifoient les Sacremens de l'Eglife, & fe mocquoient de fes ceremonies & de fes ordonnances, n'obfervoient point les jeûnes ni les abstinences, ne reconnoiffoient point P'interceffion des faints, & croïoient que les mau. vais anges feroient un jour fauvez. Trithême qui rapporte les erreurs de ces fectaires, dit que la Bohême & l'Autriche en étoient infectées, qu'il y avoit plus de quatre-vingt mille perfonnes dans l'Allemagne qui étoient dans ces errcurs, & que la plupart les défendoient avec obftina. tion jufqu'à la mort.

conc. tom.

Ils fe répandirent enfuite en Angleterre, ou ils debiterent des propofitions, abominables conLabbe coll. tre les Ecclefiaftiques & les Sacremens. Nous trouvons dans l'onziéme tome des conciles, que XI. p. 209. dès l'an 1396. le pape Boniface écrivit au roi Richard, pour le prier d'affifter les prelats con tre les Lollards, & de condamner ceux qu'on auroit declaré heretiques. Il y a apparence que ce fur en execution de cette lettre du Pape, qu'il y cut dans la même année un concile à Lon dres, où l'on condamna dix-huit articles tirez du Trialogue de Wiclef, qui regardoient l'Eu chariftie, les enfans morts fans batênre, le Pa. pe, les Evêques, le mariage, les offrandes, les decimes & les biens ecclefiaftiques. Ces articles furent condamnez par Thomas d'Arondel, ar chevêque de Cantorberi, qui avoit été chancelier

d'An.

d'Angleterre fous Richard II. & que Boniface avoit placé fur ce fiege.

con

ANJ401.

VI.

d'Angle

terre fait

Comme les Lollards, malgré cette condamnation, ne laiffoient pas de répandre par tout Le roi leurs hercfies, le roi Henri fit cette année tre eux le ftatut dont on vient de parler. Ce un ftatut ftatut portoit que par tout où on les trouveroit contr'eux. foutenant leur mauvaise doctrine, on les pren. droit, & on les livreroit à l'Evêque diocefain; que s'ils demeuroient opiniâtres à défendre leurs opinions, ils feroient dégradez & livrez au bras fcculier. Walfingham dans la vie de Henri IV. Walfing. roi d'Angleterre, dit que cette loi fut executée P.339. en la perfonne d'un de ces fectaires, fimple artifan, qui foutenoit cette propofition scandaleufe; que le corps de JESUS-CHRIST n'eft point dans l'Euchariftie, & que ce qu'on y prend n'eft autre chofe que je ne fçai quoi d'inanimé, qui valoit moins qu'un crapaut ou une araignée, parce qu'au moins ce font des animaux. Cet homme aiant été livré au bras feculier, fut mis dans un tonneau d'huile bouillante, où il perit miferablement, fans vouloir fe retracter. Voici les articles que le même auteur leur attribue dans l'ouvrage cité.

VII.

toient leurs

erreurs

Que les facremens ne font que des fignes morts de nulle valeur, de la maniere qu'ils s'admini- Quelles é ftrent dans l'Eglife Romaine. Que la virginité & le celibat des Prêtres ne font pas des états approuvez de Dieu; & que par confequent les Vierges, les Prêtres, les Religieux, s'ils veu lent fe fauver, doivent se marier, ou être dans le deffein de le faire. Qu'autrement ils font homicides, ils détruisent la femence fainte, d'où naîtroit la feconde Trinité, & qu'ils interrompent le nombre de ceux qui doivent être ou fauvez ou damnez. Que quand un homme ou une femme font convenus enfemble de fe marier, la

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AN.1401.

VIII.

cemens de

Trith.chron.

Cochlée hift.

Huffit,

volonté eft fuffifante pour le mariage, fans au cune obéiffance à l'Eglife; & qu'ainfi il y a plus de gens mariez qu'on ne croit. Que l'Eglife eft la fynagogue de fatan. Que c'eft pour cela qu'ils ne vont point dans les temples pour y adorer le Seigneur, & qu'ils n'y reçoivent aucun facrement, fur-tout celui de l'autel, qui, felon eux, n'eft qu'un morceau de pain mort, la tour & le pinacle de l'antechrift. Que quand il leur naît un enfant, ils ne le font point batifer par les mains des Prêtres, de peur que cet enfant, qui eft la feconde Trinité, non fouillée par le peché, ne devienne pire en paffant par leurs mains. Qu'il n'y a point de jour qui foit plus faint qu'un autre, non pas même le dimanche. Que tous les jours font égaux pour travailler, pour boire & pour manger. Qu'il n'y a point de purgatoire après cette vie. Qu'il ne faut point d'autre penitence pour expier le peché, que de s'en repentir & de s'en retirer.

Ces erreurs pafferent alors jufqu'en Bohême, Commen- & y firent de grands progrès par le moïen de Jean Hus, dont il faut ici commencer l'hiftoire. Jean Hus. Jean Hus, autrement Huffinetz, tiroit fon nom d'un village de Bohême où il étoit né ; c'étoit an. 1401. la coûtume de ce tems-là de prendre fon nom du lieu de fa naiffance. On dit qu'il étoit plus fubtil qu'éloquent ; mais la feverité de ses mœurs, fa vie rude & auftere, fon vifage pâle & extenué fon affabilité lui attirerent beaucoup de A. Sylv. fectateurs. Comme il n'y a rien qui découvre bift. Bohem. mieux le caractere des hommes que leurs letcap. 35. & tres, on voit dans celles de Jean Hus beaucoup d'emportement contre l'Eglife & le clergé en ge neral, & contre fes juges en particulier, quoiqu'il y affecte une grande fimplicité & beaucoup de candeur. Comme il avoit de l'efprit, & qu'il parloit bien & facilement, il fit briller fes

epift. 150.

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talens

talens dans l'univerfité de Prague, qui étoit alors très-floriffante.

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La divifion qui fe mit dans cette univerfité, obligea le roi Venceflas de rendre une fentence contre les Allemands, qui les fit retirer, ce qui augmenta le credit de Jean Hus. Il paffa par tous les degrez d'honneur , excepté celui de docteur, qu'on ne remarque pas qu'il ait cu. Il fut fait maître-ès-arts & bachelier en 1393. ordonné prêtre en 1400. doïen de la faculté philofophique en 1401. & recteur de l'academic en 1409. Dès 1400. il fut donné pour confeffeur à Sophie de Baviere reine de Bohême; époufe de Venceflas, fur l'efprit de laquelle on dit qu'il cut beaucoup d'afcendant. Peu de tems après, un riche bourgeois de Prague aïant fondé une Eglife fous le nom de Bethleem, Jean Hus en fut fait curé, & s'y rendit fort celebre par fes prédications, & les inftructions qu'il faifoit au peuple en Bohêmien, dialecte de la langue Sclavone. Il commença à y prêcher contre les indulgences, fondé fur la défense que Sigifmond avoit faite de lever aucun argent dans la Bohême, dont il fe difoit gouverneur, pour le porter à Rome, parce qu'il étoit irrité contre Boniface IX. qui foutenoit Ladiflas. Jean Hus fe prévalut de ce reffentiment. Venceflas, auffi mécontent du Pape, qui avoit confenti à fa dépofition, n'en étoit pas faché; & d'aile leurs le fchifme des Papes autorifoit fuffifam ment ces fortes de prédications,

AN.1401

Divifions

Pendant que ces chofes fe paffoient en Bo- IX. hême, la France étoit fort agitée depuis qu'on en France avoit renoncé à l'obedience de Benoît, & qu'il au fujet de étoit retenu dans le château d'Avignon, depuis la fouftraplus de quatre ans. Les efprits étoient partagez les uns en murmuroient hautement : les Lemoine de autres approuvoient l'un & l'autre ; & du nom- §. Denis ♣

A 4

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bre

Єtion.

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