Imágenes de páginas
PDF
EPUB

deux, qui envoïerent leurs deputez à Conftance, où ils furent reçûs avec de grandes demon-AN.1418. ftrations de joie. Ils curent audience le dernier du mois de Janvier, & prêterent ferment de fidelité à Martin V. de forte qu'il ne refta plus que deux cardinaux à Benoît XIII. l'un étoit Julien d'Oblat, & Pautre Dominique de Bonnefoi chartreux tous deux Efpagnols.

[ocr errors]

Au commencement de Février l'empereur af. fembla les princes & les prelats, pour déliberer fur l'affaire du duc d'Autriche : l'électeur de Brandebourg prefidoit à cette affemblée. On y refolut que le duc obligeroit tous ceux de fes vaffaux qui refufoient de reconnoître l'empereur, de s'y foumettre, ou qu'il confentiroit qu'on les y forçât.

CII.

modement

Quelques jours après l'empereur nomma des ambaffadeurs pour divers païs. Sur quelque dif- Accomferend furvenu entre Sigifmond & Philippe-Marie entre l'emduc de Milan, ce dernier avoit envoïé à Con- pereur & ftance l'abbé Manfrede de la Croix pour faire le duc de hommage du Milanois à fa majefté imperiale; Milan. mais comme il furvint enfuite de nouveaux dé- Rainald. mêlez entre eux, l'empereur à la requifition du 1418.7.2. duc, envoïa l'évêque de Paffau & le comte d'Ottingen à Milan pour les terminer à l'amiable. Une des conditions du traité fut que le duc de Milan joindroit fes troupes à celle du Montferrat pour faire la guerre aux Genois dont l'empereur n'étoit pas content. Mais il y cut lieu de douter que ce duc füt fincere; on Paccufa d'avoir fait couper la tête à Beatrix Tenda fon époufe, qu'il croïoit d'intelligence contre lui avec les ambaffadeurs de Sigifmond.

CIII.

reurenvoie

Le comte de Schawartzembourg avec d'autres feigneurs de Bohême fut auffi envoïé à Bâle, L'empepour engager les habitans de cette ville à remet- des ambaftre à l'empereur les places qu'ils avoient prifes fadeurs à

fur

Bâle,

&c.

[ocr errors]

fur le duc d'Autriche depuis Bâle jufqu'à Zurich, AN.1418. Mais ils ne rendirent rien & en furent quittes Maïence, pour une bonne fomme d'argent. L'empereur s'accommoda de même avec les autres villes de Suiffe. I envoïa auffi à Maïence, à Vormes & à Spire pour redemander quelques villes du Palatinat & des environs qui avoient appartenu l'empire. Ces villes envoïerent leurs deputez à Conftance pour en traiter avec l'empereur; mais ils s'en retournerent fans rien conclure, hormis ceux de Maïence à qui il remit quelques: impôts.

CIV.

fade folem

de

Le concile ne regardant pas le fchifme comOn envoïe me tout-à-fait éteint, tant que Benoît demeureune ambaf- roit obftiné dans fa prétenfion d'être feul le pape nelle à Be legitime, reprefenta à Martin V. qu'il falloit le nolt fommer par une ambaffade plus folemnelle, ceder & de reconnoître le pape, & de le menacer de l'y forcer par toutes les peines ecclefiaftiques. Le cardinal de Pife fut envoïé pour cet effet legat en Efpagne, & de fon côté l'empereur écrivit aux rois d'Arragon, de Castille & autres , pour les prier de faciliter la ncgociation du legat. Mais le cardinal de Pife ne fût pas plus heureux que d'autres qu'on avoit déja en Platin.c.27. voïez à Benoît dans le même deffein. L'antipape fe contenta de répondre qu'on devoit le repofer fur lui du foin de pacifier l'églife, & qu'il en

Bzov.n.12.

Sup.n. 103.

CV.

vouloit conferer lui-même avec Martin V. Mais

le cardinal regardant cette réponse comme une defaite, fulmina par tout l'Arragon des bulles d'excommunication contre Benoît, & contre les deux cardinaux qui étoient demeurez auprès de luit

Sur ces entrefaites Martin V. & le roi d'ArraBroulleries gon fe brouillerent ; celui-ci avoit envoïé au entre le papape une ambaffade lui demander qu'en pe & le roi d'Ar- confideration des depenfes que fon pere Ferdi-.

› pour

nand.

ragon,

nand & lui avoient faites pour la paix de l'égli fe, il lui accordât à perpetuité le droit de difpo. AN.1418. fer des benefices de la Sicile & de la Sardaigne, fans être fujet à aucune redevance au fiege apoftolique, & outre cela une partie de la dixme des biens ecclefiaftiques qui appartenoient au fiege de Rome dans l'Arragon. Il demandoit encore quelques places de la dépendance des chevaliers de Rhodes, & le droit de donner un grand-maître à quelque autre ordre de chevale rie. Comme le pape tiroit tous les ans dix-huit mille florins de la Sicile & de la Sardaigne, il ne jugea pas à propos d'alicner an revenu fi confiderable & ne l'offrit feulement que pour cinq ans. Ce refus irrita tellement le roi d'Arragon, qu'il fe rangea du parti de Pierre de Lune quoique d'abord affez fecrettement, mais enfuite il rappella fes ambaffadeurs de Conftan& leur défendit d'entrer dans fon roïaume, parce qu'ils avoient mal foutenu, difoit-il, fes intcrêts auprès du pape. Cette conduite diminua beaucoup le credit du concile de Conftance en Arragon.

ce,

[ocr errors]
[ocr errors]

Alfonfe qui cependant ne vouloit point d'éclat, réïtera fes demandes auprès du pape ; & tout ce qu'il en put obtenir fut > que s'il pouvoit faire fortir Pierre de Lune de Panifcole & le ranger à fon devoir, il lui accorderoit avec le fort & la ville, tout le revenu des benefices qui en dépéndoient pendant leur vacance. Cette réponse irrita Alfonfe plus que jamais il répondit qu'il prétendoit bien fe rendre maître de Panifcole, fans faire aucune violence à Benoît. Cette divifion fut une femence d'inimitiez & de querelles entre Martin V. & Alfonfe, & elles durerent jufqu'après la mort de Benoît XIII. qui n'arriva qu'en 1424.

Le dix-neuviéme de Février il arriva une am

CVI.

bafla Ambaffade

de Con

ftance.

baffade folemnelle de la part de Manuel Paleodes Grecs logue empereur,des Grecs, & de Jofeph patriarau concile che de Conftantinople, pour faire au concile des propofitions de réunion. Le chef de eet ambaffade étoit George archevêque de Kiovie: il Dupin. bi- étoit accompagné de plufieurs princes Tartares, & de dix-neuf évêques du rit Grec. Ils furent reçus avec beaucoup d'honneur & de folemnité. L'empereur lui-même, les princes & tout le clergé allerent en ceremonic au-devant d'eux : & pendant tout le tems qu'ils furent à Conftance,

Blist. tom.

12 p. 27.

ils y curent une entiere liberté de faire le fervice divin felon leurs rits & leurs ceremonies. It ne paroît pas que cette ambaffade ait eu aucun fucRamald, cès. On trouve dans Raynaldus continuateur de an.14 8. Baronius, une lettre de Martin V. au fils de Manuel, dans laquelle il lui mande que l'am baffade Grecque fut favorablement écoutée. Mr. Dupin dit que le pape renvoïa à Conftantinople Eudemon Jean avec des prefens & des filles de qualité que l'on donna en mariage à des feigneurs Grecs, entre autres la fille du duc de Montferrat à Jean Paleologue, & celle du duc d'Urbin à Theodore fon frere; & Raynaldus ajoûte que ce fut à condition que les femmes Latines qui épouferoient des Grecs auroient la liberté de fuivre le rit Latin, & demeureroient fous l'obéiffance du pape fans être inquietées.

au roi de

CVII. Comme Ladiflas roi de Pologne s'étoit fort Privileges emploïé pour la converfion des infidéles dans la accordez Samogitie, & avoit très-bien fecondé les foins par le pape du concile, aïant fondé un grand nombre d'égli Pologne. fes qu'il entretenoit à fes dépens, le pape conRainald, firma tous les privileges que ce prince avoit oban. 1418. tenus de fes predeceffeurs. Il donna deux bulles 3831-18. dattées de Conftance l'une du quatrième & Pautre du treizième de Mai. Il lui accorde la qualité de vicaire general de l'église dans le

[ocr errors]

roïaume de Pologne & dans la Ruffe Polonoife. Il confirme les privileges accordez par la AN. 1418. même confideration à Withold grand duc de Lithuanic, & le fait auffi fon vicaire general dans cette province : enfin de concert avec l'empereur, il ordonna une trève d'un an entre les Polonois & les chevaliers de l'ordre Teutonique, à commencer le vingtiéme de Juillet. Pour la sûreté de cette tréve, les chevaliers devoient remettre entre les mains des Polonois quatre places, à condition qu'elles ne feroient point fortifiées, & que le roi de Pologne ne prétendroit aucun droit fur clles. Martin V. publia auffi par fa bulle du mois d'Avril une croisade pour exhorter les princes chrétiens à affifter Jean roi de Portugal contre les Maures, fur lesquels il avoit déja pris Ceuta dès l'année 1415.

CVIII.

du livre de

Jean de

L'archevêque de Gnefne étant à Paris avec l'empereur, avoit trouvé le livre feditieux de La conJean de Falkenberg religieux dominicain de Ca- damnation minieck contre le roi & le roïaume de Pologne en faveur des chevaliers Teutoniques, & le prelat à Falkenfon retour fit emprifonner l'auteur qui étoit enberg eft core à Conftance. Ce libelle eft adreffé à tous furlife. les rois, princes, prelats, & generalement à toute la chrétienté; & Falkenberg y promet la vie éternelle à tous ceux qui voudront fe liguer pour exterminer les Polonois & Ladiflas leur roi. On trouve dans Dugloff auteur de l'hiftoire de Duglaf. Pologne, la fentence de condamnation que les hift. Polez. deputez avoient prononcée au nom du concile contre ce livre. Cependant quoique cette condamnation eût été refolue unanimement, elle n'avoit point été confirmée dans aucune feffion publique. Le pape qui en avoit figné la fentence étant cardinal, voulut enfuite, à la follicitation des chevaliers de Pruffe, la caffer, ou du moins l'adoucir.

Les

lib. 21. R.

576.

« AnteriorContinuar »