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2.

B

es

pour ne point entendre parler d'autres affaires.
Les deux concurrens faifoient même de leur mieux
pour entretenir cette guerre, de peur que
la réü-
nion de ces deux puiflances ne leur devînt fatale.
Mais après la paix faite, le roi écouta les remon
trances de l'univerfité; l'abbé de faint Nicaife fut
chaflé; on fit un édit qui portoit défenses de tranf
porter ni or ni argent hors du roïaume. Le pre- .
mier prefident de Paris Arnaut de Corbie alla de la
part du roi remontrer au pape la juftice des plain-
tes de l'univerfité, le fuppliant au refte de ne plus
fonger à faire de pareilles exactions; ce que Cle-
ment promit.

La même univerfité touchée des defordres que xxx11. caufoit le schifme, & voïant que Boniface & Cle- Remonment ne fongeoient qu'à fe maintenir dans le pon- l'univerfité trances de tificat par l'appui des puiffances temporelles, & au roi pour à s'entre-détruire par leurs bulles, & par les enne- éteindre le mis qu'ils tâchoient de fe fufciter l'un à l'autre ; re- schisme, folut d'ufer de tout ce qu'elle avoit de credit pour rétablir la paix dans l'églife. Ses deputez firent de frequentes remontrances au roi, en l'une defquelles le docteur qui portoit la parole parla avec tant 25 de majefté & de vigueur fur la neceffité de l'union, fur les malheurs que caufoit le fchifme, & für l'obligation que les rois & les princes avoient d'y apporter le remede, que la plupart des affiftans fe jetterent aux pieds du roi, le conjurant de vouloir bien emploïer fon autorité pour réunir l'églife. Mais comme ce prince étoit fort attaché à Clement depuis l'entrevûc d'Avignon, & que le pape avoit gagné ceux qui le gouvernoient alors, tous les efforts de l'univerfité furent inutiles. On vit pourtant dans la fuite quelques difpofitions à la réunion de l'églife par l'entremise de deux chartreux que leur pieté fit aller à Rome pour exhorter Boniface IX. à donner la paix à la chrétienté.

Ces deux chartreux étoient dom Pierre prieur XXXIII. de la chartreufe d'Afte, & dom Bathelemi de Ra- Deux char

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1. 12. c.7. P.232. Spuileg. to, VI

treux vont venne prieur de l'ifle de Gorgonne fur la mer de folliciter Genes. Ces faints religieux voïant que la divifion Boniface à s'étoit introduite jufques dans leur ordre; qu'Ur la paix. bain VI. avoit depofé dom Guillaume Raynaldi Le moine du generalat pour mettre en fa place dom Jean anonyme de de Bar prieur de la chartreufe de faint Barthelemi S. Denis, dans la campagne de Rome; & qu'enfin le schifme s'étoit introduit parmi ces religieux qui avoient en même-tems deux generaux, l'un en France & l'autre à Rome : ces deux chartreux, dis-je, allerent trouver le pape Boniface, auquel ils firent de fi fortes remontrances, qu'ils lui perfuaderent d'écrire au roi très-chrétien pour l'exhorter à rétablir la paix dans l'églife, offrant d'y contribuer de fon côté. On trouve cette lettre du pape au roi dans le fixiémetome du fpicilege de dom Luc DaDachery chery. Mr. Fleury femble infinuer que ces deux reSpicil. to.6. ligieux étoient allez à Rome folliciter l'exemption de lcur ordre, & qu'ils l'obtinrent en effet, com. me il paroît par la bulle de Boniface du feiziéme de Mars 1391. & la lettre qu'il écrivit au roi eft du deuxième d'Avril de l'année fuivante. Il voulut affocier aux deux chartreux quelque habile jurifconfulte pour foutenir ou pour representer fes droits; mais ils l'en détournerent adroitement, dans la crainte que fi Clement en faifoit autant, la negociation ne degenerât en difputes.

XXXIV.

Les deux religieux vinrent donc premiérement Clement à Avignon, ou étoit le duc de Berri grand parti les fait fan du pape Clement VII. La deputation des charprifon à treux mit l'un & l'autre dans de grandes inquietu leur retour.des: pour en empêcher l'effet, on les enferma

mettre en

dans la chartreufe de Villeneuve proche d'Avignon, où on leur fit inutilement mille violences pour tirer d'eux la lettre de Boniface au roi de France. L'univerfité de Paris informée de ce mauvais traitement, en porta fes plaintes à Charles VI. & agit fi fortement par fes remontrances auprès de lui, que ce monarque écrivît au pape

Cle

ment

ment en termes très forts, qu'il ne pouvoit fouf. frir qu'on violât le droit des gens, en retenant prifonniers ceux qu'on lui envoïoit, & demandoit la liberté des deux chartreux. Clement qui n'ofoit defobliger le roi, les relâcha, proteftant, quoi que très-fauflement, qu'il avoit ignoré leur commiffion. Il fit même femblant de vouloir concou→ rir à l'union avec Boniface; & en renvoïant ces religieux, il leur ordonna de dire au roi qu'il contribueroit auffi de fon côté pour une fi bonne action, de tout ce qu'on pouvoit attendre de lui, & qu'il étoit prêt de facrifier pour cela & fa dignité & fa vie. Ces chartreux partirent donc & n'ar riverent à Paris que vers la fin de Decembre.

XXXV. les ren

voie à Paris à la prie

re du roi.

XXXVI.
Le roi de

France tombe en

219.

Ils trouverent le roi Charles VI. attaqué de cette étrange maladie qui jufqu'à fa mort ne lui laiffa que quelques bons intervalles, & qui attira par les déplorables fuites qu'elle eut, des maux infinis fur phrencfie. la France. Il y avoit déja quelque tems que ceux Le moine qui l'approchoient s'étoient apperçu de quelque anonyme de alteration dans fon efprit & dans les paroles. Mais S. Denis.l. fon mal éclata d'une maniere fort tragique le cin- 12. c. 3. Po quiéme d'Août, lorsqu'il marchoit en bataille contre le duc de Bretagne. A la vue d'un gueux de fort mauvaise mine qui le fuivit pendant près de demi heure ariant après lui, quelque effort qu'on fit pour le faire taire, & pour le repouffer Roi, où vas-tu ? ne paffe pas outre, car tu es trabi, & on te doit livrer à tes ennemis; le roi entra dans une fi grande fureur, qu'il couroit çà & là comme un phrenetique, frappoit de fon épée tous ceux qu'il rencontroit, & tua quatre hommes, parmi lef quels étoit un chevalier de Guienne nommé le bâ tard de Polignac. Enfin fon épée fe rompit heut reufement pour ceux qu'il continuoit à pourfuivre; on fe faifit de lui, on l'emmena en fon palais, & on le mit fur un lit, où il demeura deux jours entiers fans aucun fentiment, en forte que les medecins croïoient à tous momens qu'il alloir `expirer. Cet

b iij

chartreux

Idem. c. 7.

XXXVII. Get accident fut caufe que les chartreux ne pu Il est gueri rent avoir audience que dans le mois de Decem. & renvoie bre: le roi étant gueri ils furent écoutez favora quatre blement. Le bref du pape fut lû en plein confeil, à Boniface. & le roi en parut très-fatisfait; mais on délibera fi l'on répondroit à Boniface, & quel tour on prendroit pour le faire car n'étant point reconnu en France, on ne pouvoit pas lui écrire comme au pape fans offenfer Clement, & d'autre côté Boniface n'eût pas été content fi on lui eût écrit comme à un intrus. On prit donc le parti de lui répondre de vive voix par les mêmes chartreux, malgré toute l'oppofition de Jean duc de Berri oncle du roi & grand ami de Clement; que le roi approuvoit fort ce qu'il lui avoit écrit, & qu'il étoit refolu d'emploïer tous fes bons offices & toutes les forces pour procurer l'union à l'églife. Avec cette réponse on renvoïa les deux chartreux, & om leur donna deux compagnons du même ordre, dont l'un étoit prieur de la chartreufe de Paris. Et pour mieux témoigner Ja bonne volonté du roi, on les chargea de lettres pour tous les princes d'Italie, qu'on invitoit à fe joindre à Charles VI. pour feconder fes bonnes intentions. Après cela l'on ordonna des prieres publiques, & des proceffions pour Pheureux fuccès de cette deputation, & l'on publia dans l'uni verfité que chacun eût à donner des memoires fur les moïens qu'il croiroit les meilleurs pour parve nir à l'union.

XXXVIII. Pour recevoir ces memoires, on mit dans le Affemblée cloître des Mathurins un coffre bien fermé avec de l'univerfité pour une ouverture en haut comme à un tronc, & il y faire ceffer eut cinquante-quatre docteurs nommez pour les le fchifme, examiner,& en faire des extraits. Ils firent leur Hift. univ. rapport dans une affemblée generate compofée des Parif.to.IV. quatre facultez, où après qu'on eut recueilli les

p. 687.

fuffrages fecrets, on trouva qu'ils concluoient tous à prendre l'une de ces trois voies, ou la ceffion volontaire des deux papes pour en élire un autre ;

ou

C

oule
compromis, , par lequel ils remettroient leur
droit entre les mains des arbitres qui feroient nom-
mez par eux-mêmes ou par d'autres pour décider
ce differend; ou enfin le concile general, qui au-
roit de JESUS-CHRIST même fon autorité, étant
affemblé en cette occafion du confentement des fi-
déles. Les docteurs Pierre d'Ailli & Gilles de
Champs eurent ordre de compofer un écrit qui fe-
roit prefenté au roi en forme de lettre, & dans
lequel on juftifieroit ces trois n moïens d'union;
avec une réponse à toutes les difficultez qu'on
pourroit y oppofer. Nicolas de Clemangis Cham-
penois bachelier en theologie de la maifon de Na-
varre, & le plus celebre profeffeur de rethorique
qui fût dans l'univerfité, eut ordre de mettre cet-
te lettre en latin, ou plûtôt de la compofer en cer-
te langue fur les memoires que les docteurs lui
fourniroient.

Cependant les quatre chartreux envoïez par le
roi de France vers Boniface étant arrivez à Pe-
roufe, lui prefenterent les memoires dont on les
avoit chargez, & ajoûterent de bouche les difpo-
fitions de Charles VI. mais tous ces beaux projets
n'eurent aucun effet, parce que les deux concur
rens étoient d'intelligence à foutenir chacun fes
droits, pendant qu'ils fe déchiroient en public.
Boniface mécontent du rapport des chartreux, au
lieu de perfifter dans la parole qu'il avoit donnée,
ne fit que foutenir par d'autres lettres qu'il étoit
le vrai pape, & ne ceffoit de fe plaindre de ce
qu'on reconnoiffoit encore Clement qu'il traitoit
d'intrus; en forte qu'il renvoïa ces quatre religieux
avec une lettre bien differente de la premiere. Il
n'y propofoit point d'autre voie que de le recon-
noître, & d'obliger Clement à ceder.,, Ce que xxXIX.
,, nous n'avons pû comprendre, dit-il au roi, c'eft Boniface
si que ceux qui ont fait antipape Robert de Gene- yeut qu'on
le recon-
» ve, ou qui lui ont adheré, fe prévalant de vô-
noiffe pour
tre jeuneffe, vous ont tellement fafciné les yeux, vrai pape.

"

b iv

» que

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