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ECCLESIASTIQUE,

POUR

Servir de continuation à celle de feu
MR. l'Abbé FLEURY,

Prêtre, Prieur d'Argenteuil, & Con-
feffeur du Roy.

TOME VINGT-UNIEME.

Depuis l'an 1401. jufqu'en 1431.

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A BRUXELLES,

Chez EUGENE HENRY FRICK, Imprimeur de Sa
Majefté, vis-à-vis de l'Eglife de la Madeleine. 1726.

Avec Privilege & Approbatoins.

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LUZERA

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C

OM ME il n'y a perfonne qui ne convienne de l'utilité de l'étude de l'histoire ecclefiaftique & des avantages qu'on en peut tirer, je n'entreprendrai point ici d'en faire l'éloge; je me contenterai feulement de repeter après Mr. l'abbé Fleury, que rien n'eft M. Fleury difcours preplus propre à nous confirmer dans la foi, que de voir la même doctrine qu'on nous enfeigne aujourd'hui, enfeignée dès le commencement par les apôtres, fcellée par le fang d'une infinité de martyrs, & confirmée par tant de miracles ; que de trouver encore dans la conduite des faints des exemples qui nous font connoître en quoi confifte la folide pieté & qui détruifent les faux prétextes fur lefquels nous croïons bien fondez nos relâchemens, en montrant que la perfection chrétienne eft poffible, puifque JESUS-CHRIST l'a enfeignée & que les faints l'ont effectivement pratiquée.

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J'ajoûterai que le but de l'hiftoire tend encore à former des hommes raifonnables, nez pour la focieté, en leur mettant devant les yeux les dé fauts de ceux dont on décrit la conduite, afin qu'ils en profitent. Ainfi lire l'hiftoire, ce n'eft pas charger fa memoire d'un grand nombre de dattes, de noms & d'évenemens; beaucoup de gens fe croient habiles en ce genre, pourvût qu'ils puiffent feulement redire ce qu'ils ont lû ou en. tendu dire, & penfent dès-lors qu'ils peuvent paller pour fçavans. Le veritable ufage de cette

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Etu

étude eft plûtôt de connoître les hommes, & d'en juger fainement; d'étudier leurs motifs, leurs opinions, leurs paffions, pour en découvrir tous les refforts, les tours & les détours, les illufions qu'elles font à l'efprit, & les surprises qu'elles font au cœur; c'eft de reflechir naturellement & fans art fur ce qu'on y trouve de plus remarquable, afin que la lecture, qu'on en fait puiffe nous rendre & raisonnables & chrétiens qualitez qui font infeparables, quand il s'agit de la vraic probité.

En effet, que fert-il de fçavoir en general que les hommes font & vicieux & vertueux, qu'ils font fujets à beaucoup de paffions & à de fort grands défauts, que les uns par le fecours de la grace les ont corrigez, que d'autres ont perfeveré & font morts dans leurs defordres; fi cette connoiffance ne nous donne pas un moïen de ne point reffembler à ceux-ci, & d'imiter ceux-là? Et ce moien ne peut être que d'étudier toutes les manieres dont on peut tomber dans ces vices, dont on y tombe ordinairement, & dont on fe releve en homme chrétien. Or, il n'y a que l'hiftoire ecclefiaftique qui puiffe nous fournir la matiere de cette étude. Ce n'eft que dans ce grand nombre d'actions differentes qu'elle reprefente, & qui viennent prefque toutes, ou de ces défauts, ou de la vraie vertu, qu'on doit s'exercer à connoître toutes les efpeces d'actions ou louables ou blâmables, qui font à imiter ou à fuir. C'eft-là qu'en confiderant la qualité, l'âge & l'interêt des perfonnes qui ont fait ces actions, ce qui les a précedé, & ce qui les a fuivi, la conjoncture du tems & du lieu; enfin, toutes les autres circonftances, même les plus legeres, que les bons hiftoriens rapportent fi foigneufement dans les occafions fingulieres; c'eft à la faveur de ces diverfes Jumieres, qu'on peut, en reflechiffant fur toutes ces chofes avec ordre, penetrer les fecrets des cœurs,

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cœurs, reconnoître dans quel efprit on a agi en ces rencontres, & en former un jugement clair & certain. Ce font-là les premieres idées que Mr. l'abbé Fleury a eues en écrivant l'hiftoire des quatorze premiers ficcles de l'églife; & ce font auffi celles que je me propofe de fuivre en la continuant, quoique je ne fçache que trop l'extrême difference qui fe trouvera entre ce qu'il a fait, & ce que je puis faire. Avant que de rendre compte de mon travail, je dois à la inemoire de Mr. Fleu ry, rappeller aux yeux du public les principaux traits de fa vie.

Monfieur l'abbé Fleury étoit Parifien, fils d'un avocat originaire de Rouen, il vint au monde le fix Decembre 1640. Il fut d'abord deftiné au barreau, qu'il frequenta pendant ncufans, donnant toute fon application à l'étude de la jurispruden ce & des belles lettres: mais une inclination naturelle pour un genre de vie plus tranquille, lui fit quitter cette profeffion pour paffer à celle de l'état ecclefiaftique, dans lequel il reçut l'ordre de prêtrife. Dès-lors, fon devoir lui fit tourner fes principales études du côté de la thcologie, de l'é criture fainte, de l'hiftoire ecclefiaftique, du droit canonique, & des faints peres. Il fe renferma dans ces feules sciences, perfuadé qu'une érudition plus partagée, en donnant plus d'étendue à l'efprit, le rend auffi moins profond. En 1672. il fut choisi pour être précepteur des princes de Conti, que le roi faifoit élever auprès de monfeigneur le dauphin fon fils. La fidelité avec laquelle il remplit fes devoirs, lui procura un autre éle ve. En 1680. on lui confia la conduite du prin ce de Vermandois Amiral de France, après la mort duquel le roi le nomma en 1684. à Päbbaie de Loc-Dieu ordre de Cîtcaux diocese de Rhodez; & cinq ans après, c'eft-à-dire en 1689. Louis XIV. jetta les yeux fur lui pour le faire fousa iij

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