DE LITTÉRATURE ORIENTALE, Traduits de différens Manufcrits Turcs Denis mi Par M. CARDONNE, Secrétaire-Interprête TOME I. A PARIS S Chez HÉRISSANT le Fils, rue S. Jacques. M. DCC. LXX. Avec Approbation & Privilége du Roi. THE 12-19-275H. que PREFACE. Es Mille un Jour, les quelques autres tradu Єtions de différens Livres orientaux ont toujours été reçus du Public avec une espéce d'applaudiffement: je n'ignore point la manière dont ces Livres font écrits, a pu contribuer à l'accueil qu'on leur a fait. Trop foible pour égaler les favans Ecrivains qui les ont compofés, j'étois prêt de difcontinuer ces Mêlanges de Littérature lorfque j'ai confidéré, que s'ils devoient beaucoup à la délicateffe de leur plume, ils devoient auffi quelque chofe au fujet qu'ils ont traité : cette réflexion a ranimé mon courage, & j'ai espéré racheter les défauts du ftyle par la nou veauté, & par le choix des matières. J'ai pensé qu'une autre raifon avoit pu contribuer au fuccès des écrits dont je viens de parler ils peignent des humains auffi éloignés de nos moeurs que de notre climat : toutes les Nations, tous les Peuples méritent l'attention du Philofophe; & moins les Orientaux nous reffemblent, plus il faut les examiner, pour fe convaincre, que les mœurs infiniment variées, ne changent jamais le fond de l'homme, & que toutes les passions qui s'expriment de tant de manières, ont toujours la même fource, & le même but. La pelliffe, le turban, & tous les habillemens d'un Afiatique, l'offrent à nos yeux très-différent de ce que nous fommes; mais nous ne -penfons pas pour cela, que l'Etre qui nous a formé, l'ait fait différent de nous : il en eft de même de fon ame; la paffion qu'il exprime autrement qu'un Européen, fes defirs, fes craintes, fes plaisirs & ses pei |