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25. In

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que vous vous portez encore bien, & que VOUS » foïez enfuite furpris du péril de la mort, Vous » pouvez alors courir vers les Miniftres de l'E

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glife pour recevoir la reconciliation. Si vous » vous conduifez de la forte, vous mourez avec affurance de vôtre falut. Pourquoi avez-vous cette affurance ? parce que vous vous êtes foumis à la penitence au tems que vous pouviez encore pecher. Mais fi vous ne pensez à faire penitence que lors que vous ne pouvez plus pecher, ce font vos pechez qui vous quittent, & non pas vous qui les quittez.

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Il faut encore faire attention à ce que dit Serm. un autre Pere de l'Eglife; que la penitence appendi e que demande une perfonne qui est dans la foiS. Augu. bleffe de la maladie, eft tres-foible, & qu'il eft à craindre que celle que demande un homme qui eft fur le point de mourir, ne meure elle-même avec lui.

Pour fe convaincre de plus en plus du peu de fond qu'on peut faire fur la penitence de ceux qui attendent à la demander & à s'y foumettre à l'article de la mort, il n'y a qu'à confiderer l'état des malades. Ils ne font prefque occupez que de leurs maux & de leurs douleurs; & fouvent ils n'ont pas la liberté d'efprit neceffaire pour penfer ferieusement à leurs pechez, & pour les detefter. La fraïeur de la mort les faifit & les jette prefque toûjours dans le trouble, enforte qu'ils font ordinairement incapables d'aucune application ferieufe. Ils en font même détournez par la prefence de leurs parens & de leurs amis qui les environnent, & qui amolliffent leur cœur. Les forces leurs manquent pour fatisfaire à Ja juftice divine par les jeûnes, par les veilles, par les mortifications exterieures, & par des prieres reglées & qui ayent de la fuité. L'on Içait bien que cela n'eft pas abfolument necef

faire pour fléchir la colere de Dieu, & que l'on peut en cet état l'appaiser par des gemiffemens interieurs, & par une contrition fincere jointe au Sacrement de penitence. Mais l'on ne fçauroit difconvenir qu'il ne foit toûjours tres-fâcheux & tres-perilleux d'attendre à fe convertir en un tems où le corps foible & languiffant ne peut plus fe foumettre aux exercices ordinaires de la penitence, après avoir eu tant de part aux joies & aux plaifirs illicites, & avoir été l'inftrument du peché. II y a même de la temerité & de la prefomption à croire que l'on pourra toûjours fe convertir à la fin de sa vie. Car enfin quelle affurance a-t-on que l'on fera alors écouté de Dieu après avoir fermé fes oreilles à fa voix pendant tout le cours de fa vie ? Comment peut-on fe promettre que l'on aura alors une grace affez forte pour furmonetr des paffions. que l'on a fortifiées par une tres-longue habitude, aprés avoir tant de fois refifté à cette même grace ? Comment ofe-t-on efperer que l'on trouvera mifericorde auprès du Seigneur après avoir fi fouvent meprifé cette même mifericorde & s'être amaffé des trefors de colere pendant tout le tems que l'on a vêcu fur la terre? Il eft certain qu'il y a de la folie à fe flatter d'une telle efperance. Dieu menace lui-même dans les faintes Ecritures ces fortes. de pecheurs de rejetter leurs prieres,lorsqu'ils l'invoqueront à la fin de leur vie.

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co Prov.i.

CC

24. 6.

Parce que je vous ai appellez, leur dit-il, & que vous n'avez point voulu m'écouter ;. fequent.. que j'ai étendu ma main, & qu'il ne s'est «' trouvé perfonne qui m'ait regardé ; que vous « avez méprifé tous mes confeils, & que vous ce avez negligé mes reprimendes; je rierai auffi à vôtre mort; & je vous infulterai lors que ce «e que vous craigniez vous arrivera. Lors que co le malheur viendra tout d'un coup; & que la ce

Ioan.

21.

mort fondra fur vous comme une tempête » lors que vous vous trouverez furpris par l'af» fiction, & par les maux les plus preffans. » Alors ils m'invoqueront, & je ne les écoute» rai point; ils fe leveront dès le matin, & ils » ne me trouveront point; parce qu'ils ont haï » les inftructions; qu'ils n'ont point embraffé

la crainte du Seigneur; qu'ils ne fe font point » foumis à mes confeils, & qu'ils n'ont eu que » du mépris pour toutes mes remontrances. C'eft 3 encore à ces fortes de pecheurs que Jesus-Chrift dit dans l'Evangile Je m'en vas; vous me » chercherez, & vous mourrez dans vôtre peché.

8.3

2. Ma

shab. 9.1

Ajoûtez que ces converfions promptes & fubites que l'on prétend faire à la fin de sa vie, font des miracles dans le cours ordinaire de la grace, aufquels on ne peut s'attendre fans tenter Dieu, & fans pêcher par confequent. Il eft vrai que l'Ecriture parle de quelques converfions qui ont été operées en un moment, comme celles du bon larron, de la femme pe chereffe, de faint Matthieu de faint Paul & de quelques autres; Dieu dont la fageffe & la bonté font infinies ayant voulu en ces rencontres faire éclatter la toute-puiffance de fa grace, & empêcher par là les plus grands pecheurs de tomber dans le defefpoir, & de fe figurer qu'il n'y a plus de mifericorde pour eux, quoi qu'ils puiffent faire pour flechir fa juftice. Mais il a voulu en même tems que les Ecritures nous appriffent que le miferable Antiochus ne pût obtenir mifericorde à la fin dè fa vie, quoi qu'il la demandât avec larmes & avec gemiffemens. Il a encore voulu que les faints Docteurs de fon Eglife nous avertiffent qu'il faut admirer ces fortes de converfions; mais que nous ne devons pas nous promettre de les imiter, de peur d'être trompez dans

notre attente & de nous expofer à un peril évident de la damnation éternelle. Il y a un grand pecheur qui s'eft converti à l'article de la mort, difent les faints Peres en parlant du Larron, ne defefperez donc pas d'obtenir mifericorde, quelques crimes que vous ayez commis, & en quelque tems que vous vous convertiffez. Mais il eft feul, ne vous fiez donc pas à cet exemple, & prenez garde qu'il ne vous trompe, & ne vous devienne pernicieux, en vous portant à remettre vôtre converfion à l'heure de la mort.

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Il eft donc jufte de conclure après tant d'autoritez & de raisonnemens que puifque nous fommes incertains à quelle heure & à quel tems il plaira à Dieu de mettre fin à nôtre vie, & de nous appeller à lui, nous ne devons pas differer d'un feul moment nôtre penitence & nôtre converfion; que nous fommes obligez de quitter inceffamment les occafions du peché, & d'embraffer la vertu ; & que c'est pour nous une temerité tres-criminelle de remettre à un autre tems une affaire auffi importante que celle de nôtre falut éternel.

CHAPITRE VII.

Que tout nous conduit à la mort & au tombeau. Quelle conclufion il faut tirer de cette verité.

I

L ne fuffit pas d'être perfuadé qu'il eft infaillible que nous devons tous mourir, & qu'il n'y a que la mort feule de certaine fur la terre, comme on l'a ci-devant prouvé; mais il faut outre cela faire reflexion que tout nous conduit au tombeau, & que nôtre vie s'écou¬

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le infenfiblement, & fans que la plupart du tems nous nous en apperce vions.

que

Job pour nous le faire comprendre, dit Cap. 14. comme les eaux cavent les pierres, & que les fleuves qui battent contre la terre, la minent & la confument peu à peu; ainfi Dieu perd l'homme & le fait difparoître.

Pf.143050

In pfal.1.

C'eft dans la même vûë que le Pfalmifte nous reprefente, que l'homme eft devenu femblable au neant, & que fes jours s'écoulent

comme une ombre.

Ces comparaifons juftifient fans doute que tout ce qui fe paffe ici-bas, nous conduit à la mort & au tombeau; que nos jours s'enfuïcnt auffi promptement qu'une figure & un phantôme qu'on perd de vûë auffi-tôt qu'on s'en eft apperçû; que chaques momens de nôtre vie confument & détruifent nos corps; & que nous nous trouvons fouvent fur le bord du tombeau, sans fçavoir comment nous y fom

mes arrivez.

Saint Ambroise declare que cette vie n'eft pour nous qu'une voie & un chemin qui diminue à mesure que nous y marchons, & qui nous conduit infenfiblement à la mort, quoique nous n'y penfions point. C'eft pourquoi il nous compare à des gens qui dorment, ou qui fe divertiffent dans un vaiffeau, & qui font neanmoins pouffez vers le port par les vents fans qu'ils y faffent reflexion.

Cette même verité cft expliquée par faint Jerôme avec beaucoup de netteté & d'éloquenEpift.3" ce. Le tems, dit-il, que j'emploie à dicter, à » relire, & à corriger ce que j'écris, eft autant » de retranché fur ma vie : Tous les traits de plume que donnent ceux qui écrivent fous moi, » font autant de momens qui font rabatus fur >> mes jours. Nous écrivons, nous répondons » nos lettres paffent les mers, & les vagues qui

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