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defirer les interieures & les celeftes.

9. Parce qu'elles font que nos prieres, com

e un encens précieux, s'élevant jufqu'aux pieds du Trône de Dieu, & font plus facilement écoutées de fa Souveraine Majefté : ainfi le Prophete dit: J'ai crié vers le Seigneur, & je lui ai adreffé mes prieres dans l'affliction qui me preffoit, & il m'a exaucé.

FO. Parce qu'elles nous font un témoigna ge certain que Dieu nous aime le Seigneur difant lui-même dans l'Apocalypfe: Je reprens. & je châtie ceux que j'aime.

Il eft donc conftant que les tribulations nous font tres-utiles, puifqu'elles peuvent nous proeurer tant d'avantages differens: mais reconoiffons en même tems que c'eft par nôtre faute qu'elles n'ont pas jufqu'àprefent produit ans nôtre cœur tous les grands effets que nous venons d'expliquer. Nous avons fouffert plufieurs difgraces & plufieurs afflictions, chacún en nôtre maniere & dans nôtre état : Nous. avons vu mourir nos parens & nos amis : nous. avons vû perir nos biens & nos heritages: nous. avons vu des guerres longues & cruelles qui ont defolé les Provinces & les Roiaumes nous avons vû nos membres & nos corps confumez & détruits par differentes maladies: nous avons vu les mondains s'élever contre nous, crier & cafomnier nôtre pieté & nôtre vertu, & faire tous leurs efforts pour nous opprimer. Et tant de fleaux differens n'ont point contribué à nous purifier,ni à augmenter nos merites: Ils n'ont point excité nôtre zele & nôtre ferveur : ils ne nous ont point detaché dus monde: ils ne nous ont point porté à defirer la fainte Sion & la Jerufalem celefte; parce que nous n'y avons pas fait affez d'attention; parce que nous les avons regardez avec des yeux charnels; parce que nous ne les avons pas con

fiderez comme des vifites que Dieu nous rendoit, & comme des graces qu'il nous accordoit; parce qu'enfin nous n'avons pas eu foin d'adorer fa Providence, ni de nous foûmettre à tous fes confeils, qui font des confeils de bonté & de mifericorde pour tous ceux qui defirent d'être fincerement à lui, & de le fervir pendant tout le cours de leur vie & de toute la plenitude de leur cœur. Nous n'en dirons pas maintenant d'avantage fur ce fujet, parce que nous en parlerons encore dans la fuite de ce traité, lorfque nous accuferons les pecheurs qui étant frappez & humiliez par la main toute-puiffante de Dieu, ne rentrent pas en euxmêmes, & ne penfent point à fe convertir.

CHAPITRE VII.

Des differens deffeins de Dieu fur les Fideles lorfqu'il leur envoie des tribulations & des adverfite.

E que nous allons reprefenter des diffe

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qu'il leur envoie des tribulations & des adverfitez, juftifiera encore que les miferes & les fouffrances de cette vie leur font tres utiles & tres avantageuses: ainfi ce chapitre fera une fuite & une confirmation des précedens.

1. Les Saints Peres enfeignent que Dieu permet que les Fideles paffent par le feu des maladies, des tribulations & des adverfitez, pour leur faire connoître à eux-même s'ils l'aimoient veritablement, lorfqu'ils le fervoient dans la fanté & dans la profperité. Car on fet trompe tres-fouvent en ce point : on s'imagine aimer Dieu tres-fincerement pendant que

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4. 47.

jouit d'une grande fortune, & que l'on vit dans l'abondance: mais les tribulations & les adverfitez decouvrent fouvent qu'on fe trompoit, & qu'on ne penetroit pas les fecrets & les difpofitions de fon cœur; car à la moindre difgrace l'on s'emporte à des plaintes, à des impariences, à des murmures, & l'on tombe en plufieurs autres pechez confiderables. Et alors il paroît avec evidence, que la vertu dont on fe flattoit dans l'abondance & dans la profperité, étoit fauffe & imaginaire.

Ainfi les tribulations nous manifeftent nos difpofitions interieures, nous remettent devant les yeux l'état de nôtre conscience, & nous font connoître à nous mêmes quels nous fommes, autant neanmoins que cela eft poffible dans l'incertitude de cette vie,pendant laquelle P'Ecriture nous affûre que perfonne ne fçait s'il eft digne d'amour ou de haine.

Saint Auguftin dit à ce propos que Dieu envoie des adverfitez aux Fideles, afin qu'ils puiffent juger d'eux-mêmes; qu'ils reconnoiffent s'ils font tels qu'ils croioient être pendant la profperité, & s'ils ont fait quelque progrés. dans la vertu; & qu'ils examinent ferieufement fi leur cœur n'étoit point attaché aux biens qu'ils ont poffedez & dont on les a privez par violence ou par furprise. » Celui, ditil, qui durant la profperité s'avance toûjours » à l'exterieur dans la vertu,reconnoît dans l'adverfité, & lorfqu'il eft tombé dans le malheur, » quel progrés il avoit fait. Tandis que les biens. » periffables l'environnent, il peut à la verité n'y point mettre la confiance: mais c'eft lorsqu'il en eft privé, qu'il voit fi fon cœur n'y étoit point effectivement attaché. Car fouvent lorf» que nous les poffedons, nous ne croions pas. » les aimer; mais quand nous venons à les perdre, nous reconno.ffons la difpofition de nu

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We coeur, puifqu'il faut neceffairement qu'on ce ait poffedé avec amour, ce qu'on ne fçauroit «e perdre fans douleur.

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2. Dieu fait paffer fes ferviteurs par des tribulations & des adverfitez, afin que les autres fideles connoiffent leurs vertus & leurs merites, & qu'ils puiffent s'en édifier & en profter. Dieu permit, dit l'Ecriture parlant de « Tob. 2 l'aveuglement du vieux Tobie, que cette tentation lui arrivât, afin que fa patience fervit " d'exemple à la pofterité, comme celle du faint « homme Job.

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12.

Saint Gregoire nous affûre auffi que ce fûtlà une des fins principales pourquoi Dieu permit que Job fût frappé de tant de plaïes differentes. » Ce grand homme, dit-il, qui poffe- ecPref. im' doit de fi eminentes vertus, n'étoit d'abord cc'ib. moconnu que de Dieu & de foi même, & il ne «" ral. c 24 l'eût jamais été de nous,s'il n'eût point fouffert & les maux dont Dieu l'affligea. Car quoiqu'avant cela il eût déja pratiqué la vertu durant ce fon repos; cette vertu neanmoins ne repandit la bonne odeur de fa reputation, qu'apés avoir c été agitée par l'impetuofité des afflictions. Du- ce rant le calme & la tranquillité de fa vie, fon ce merite étoit comme caché & renfermé en lui même; mais lorsque les maux qu'il éprouva, furent montez jufqu'à la violence & à l'excés ce dont parle l'Ecriture, il parut avec éclat aux ce yeux de tous les hommes. En effet comme les co bonnes odeurs & les parfums ne s'étendent pas ce fort loin, à moins qu'on ne les excitent & co qu'on ne les brûle, ainfi la reputation des Saints ce ne paroît avec éclat que lorfqu'ils font exer- ce cez par les tribulations & par les fouffrances. cc

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C'eft pourquoi il eft dit dans l'Evangile : « Si vôtre foi égaloit un grain de fenevé, vous c diriez à cette montagne, tranfportez- vous d'ici là, & elle s'y tranfporteroit, & rien ne vous Cy

Matt 17..98.

83.

sferoit impoffible. Or file grain de fenevé dont: » on fait la moutarde, n'eft écrafé, on n'en sent:

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nullement la force. Lorfqu'il demeure en fon » entier, il eft doux au goût: mais quand on le " pille & qu'on le broïe, il picque & l'on en fent l'âcreté qui y étoit renfermée. De même quand on laiffe les Saints en repos, ils paroif fent fimples & méprifables: mais s'il font pref 22 fez par l'effort de quelque perfecution, l'on → reconnoît auffi tôt la force de leur vertu qui » étoit cachée au fond de leur ame, ce qui fein-bloit en être foible & languiffant, fe change> en une force & une vigueur divine; & tour » lê bien qu'ils avoient volontairement caché du❤rant le tems de la paix & du repos, fe trouvantagitté par la violence des afflictions, eft » comme forcé d'éclater aux yeux des hommes.

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Ce faint Pape remarque encore que Job avoit obfervé tous les devoirs de la juftice & dela pieté Qu'il avoit pratiqué l'humilité, puifJob: 31 ce qu'il dit lui-même: »Je n'ai pas dedaignéd'entrer en jugernent avec mon ferviteur, & avec ma fervante, lorfqu'ils difputoient contre » moi. Qu'il avoit exercé l'hofpitalité, puifqu'il Ibid. dit lui même : L'étranger n'eft point dej2meuré dehors proche de ma maifon : ma porte » a toûjours été ouverte au voiageur. Qu'ikavoit » toûjours gardé la rigueur de la difcipline, puifcap 19 qu'il dit la même: Lorfque j'allois prendre. ma place à la porte de la Ville, & que l'on me preparoit vn fiege élevé dans la place publique, les jeunes gens me voiant fe tetiroient par refpect, & les vieillards fe levant fe tenoient de » bout. Les Princes ceffoient de parler: ils mettoient le doigt fur leur bouche: Les Grands: » s'impofoient filence, & leur langue demeuroit: attachée à leur palais. Qu'il avoit toûjours-> confervé la douceur au milieu même de fa plus grande feverité, puifqu'il dit lui-même ::

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