SCENE III. HECTOR. AUTANT que je m'y puis connoître, Cette Nérine-ci n'est pas trop pour mon maître. SCÈNE IV. VALÈRE, HECTOR. (Valère paroit en désordre, comme un homme qui a joué toute la nuit.) HECTOR. MAIS je l'aperçois. Qu'il a l'air harassé! On soupçonne aisément, à sa triste figure, Qu'il cherche en vain quelqu'un qui prête à triple usure. VALÈRE. Ma robe de chambre. ( à part. ) Euh ! HECTOR, à part. VALERE. Il jure entre ses dents. Eh bien ! me faudra-t-il attendre encor long-temps ? (Il suit son maître, tenant sa robe de chambre toute déployée.) VALERE, se promenant. Une école maudite Me coûte, en un moment, douze trous tout de suite. HECTOR, tenant toujours la robe. VALERE, se promenant. Je me rís de tes coups, j'incague tá fureur. HECTOR. Votre robe de chambre est, monsieur, toute prête. Va te coucher, maraud; né me romps point la tête. HECTOR. Tant mieux. SCÈNE V. VÄLÈRE, se mettant dans un fauteuil. Je veux dormir dans ce fauteuil. Que je suis malheureux ! je ne puis fermer l'œil. SCÈNE VI. VALERE, HECTOR. HECTOR, derrière le théâtre. MONSIEUR. VALÈRE. Eh bien ! bourreau, veux-tu venir ? Hector entre à moitié déshabillé. VALERE. N'es-tu pas las encor de dormir, misérable? HECTOR. Las de dormir, monsieur ? Hé ! je me donne au diable, Je n'ai pas eu le temps d'ôter mon justaucorps, VALERE. Tu dormiras demain. HECTOR, part. Il a le diable au corps. Est-il venu quelqu'un ? HECTOR. Il est, selon l'usage, Venu maint créancier; de plus, un gros visage, Ils reviendront bientôt. VALÈRE. Bou. Pour cette autre affaire, M'as-tu déterré... HECTOR. Qui? cette honnête usurière, Qui nous prête, par heure, à vingt sous par écu? Justement, elle-même. VALERE. HECTOR. Oui, monsieur, j'ai tout ya. Qu'on vend cher maintenant l'argent à la jeunesse ! J'aurois les mille écus! O ciel ! quel coup de grace! HECTOR. Comme l'argent rend tendre ! VALERE. Et tu crois qu'en effet Je n'ai, pour en avoir, qu'à donner mon billet ? HECTOR. Qui le refuseroit seroit bien difficile; Vous êtes aussi bon que banquier de la ville. Pour la réduire au point où vous la souhaitez, Il a fallu lever bien des difficultés : Elle est d'accord de tout, du temps, des arrérages; Des gages? VALERE. HECTOR. Oui, monsieur. VALÈRE. Mais y penses-tu bien ?. Où les prendrai-je ? dis. HECTOR. Ma foi, je n'en sais rien. Pour nippes, nous n'avons qu un grand fonds d'espérance Et, dans ce siècle-ci, messieurs les usuriers, VALLRE Mais quel gage, dis-moi, veux-u que je lui donne? HECTOR. Elle viendra tantôt elle-même en personne; VALÈRE. Si je l'aime? ah! ce doute et m'outrage et me pique : HECTOR. Tant pis; c'est un signe fâcheux. Quand vous êtes sans fonds, vous êtes amoureux; Et, quand l'argent renaît, votre tendresse expire. |