SOTENCOUR. Au diable la pécore avec ses visions! Il faut te détromper de tes opinions. (Il étele masque à la prétendue Léonor et l'on recon noît le baron.) LE BARON. Serviteur. SOTENCOUR. C'est le diable. LE BARON. Prêt à vous emporter, mais pourtant fort traitable. Et jé la fais conduire au château de la Garde; On m'enlève ma fille! Au secours! au voleur! SCÈNE XIX. VALERE, GERONTE, SOTENCOUR, MATHIEU CROCHET, MERLIN, LE BARON, ET TOUS LES MASQUES. VALERE. MONSIEUR, pour Léonor n'ay ez aucune peur: Ah! Valère, c'est vous. Que veut dire ceci ? SOTENCOUR. Quoi! Valère... Comment! VALÈRE. Que très civilement Je viens ici vous dire, en parlant à vous-même,} Que Léonor pour vous sent une haine extrême ; Qu'elle mourroit plutôt que.. SOTENCOUR. Léonor me hait? VALÈRE, Si vous ne m'en croyez, croyez-en ce billet. SOTENCOUR, lisant. « Pour éviter l'hymen dont mon amour murmure Et pour ne jamais voir votre sotte figure, J'irois au bout du monde, et plus loin même encor: Oh! ma fille est à vous. GÉRONTE. SOTENCOUR. Non, parbleu, par bonheur: Je lui baise les mains, et la rends de bon cœur. GÉRONTE. Vous me faites plaisir, monsieur, de me la rendre. SOTENCOUR. Oh! vous ne manquerez, sur ma foi, pas de gendre, Ni vos petits-enfants de père. Allons, Mathieu, MATHIEU CROCHET. Adieu, messieurs, adieu. MERLIN. Place à Mathieu Crochet. SCÈNE X X. LÉONOR, GERONTE, VALÈRE, LISETTE, MERLIN, LE BARON, ET TOUS LES MASQUES. LÉONOR. A vos genoux, mon père... Oublions le passé, ma fille; en cette affaire, Que ne vous dois-je point pour de telles bontés! Pour vous, dont je connois le bien et la famille, Monsieur... VALÈRE. GÉRONTE. Nous vous devons assez en ce moment, De nous avoir défaits de ce couple normand. MERLIN. L'honnête homme, morbleu! Vive monsieur Géronte! Ma foi, sans moi, la belle en avoit pour son compte. Puisque tout est d'accord maintenant entre vous, Rions, chantons, dansons, et divertissons-nous. (Tous les masques qui sont sur le théâtre font une espèce de bal; et, après qu'on a dansé un passepied, le baron chante l'air gascon suivant.) LE BARON. Cad dis, vive la Garonne! En valur on n'y craint personne; En amour, comme au jeu, jé vrille, (On reprend la danse, après laquelle Merlin chanie un passe-pied breton.) MERLIN. Un jour de printemps, Pour ses maux soulager: Ma bergère, laisse-moi, la la la la la, rela, rela; 'Prendre un tendre baiser: (Les masques se prennent par la main et dansent en chantant:) Ma bergère, laisse-moi, la la la la la, etc. MERLIN. La belle à l'instant UNE BERGÈRE. Non, Colin, ne le prends pas, Non, Colin, ne le prends pas, LE CHOEUR. Non, Colin, ne le prends pas, La la la la, rela, rela; Non, Colin, ne le prends pas, Je vais te le donner. (Tous les masques, ayant formé une danse en rond, se retirent; et Merlin chante au parterre le couplet suivant. ) MERLIN. Si mon air breton A su vous divertir, Messieurs, d'un haut ton Daignez nous applaudir; Mais, s'il ne vous plaisoit pas, FIN DU BAL |