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ftoire fans leur dérober tous les titres qu'ils ont rapportez, lefquels compoferoient un gros volume fans donner au public rien de nouveau ? On fçait que les titres font pour une Hiftoire particuliere des fondemens plus folides que tous les raifonnemens qu'on peut faire, & que ce font les oracles aufquels on doit recourir à tous momens pour toutes les difficultez qui ont déja été formées & qui peuvent naître dans la fuite.

Comme il ne nous refte que tres-peu d'anciens tîtres, aprés tant de guerres & d'incendics, on ne peut rien décider que par des inductions dans lefquelles on peut aisément fe tromper, ou dont on peut faire des applications conformes à fes interefts & à fa paffion. Pour moi je ne ferai pas furpris fi je tombe dans l'erreur voulant penetrer dans des temps auffi obfcurs; mais ceux qui me connoiffent croiront que je fuis autant éloigné de la flatterie que je fuis dégagé de toute prévention: on ne doit pourtant pas trouver mauvais que j'aye affez de retenue pour n'offenfer perfonne; car outre que je n'ai aucun Patron pour me défendre, j'agirois.contre mon inclination. Si je ne puis me contraindre à écrire contre mes fentimens, j'ay affez de force fur mon efprit pour diffimuler les abus aufquels je ne fuis pas en état de donner ordre. Perfonne ne doit doncapprehender que je veuille critiquer ce qui a été

inferé dans nos Nobiliaires, par faveur & par prefens, ou pour enter les uns fur des familles anciennes, ou pour faire paffer les autres pour plus nobles qu'ils ne le font. Je ne ferai aucune fuite de genealogies, & je ne parleray que de ceux qui ont été grands Officiers, Evêques, ou qui ont fait quelque action éclatante, ou qui fe font diftinguez par leur merite, en quelque profeffion que ce foit, ne repetant que le moins que je pourrai, de ce qui a été remarqué par nos deux Au

teurs.

J'ai cru auffi que ce feroit paffer les bor nes d'une Hiftoire particuliere, fi je failois la defcription des Conciles, des guerres, & autres ceremonies & actions éclatantes auf quelles nos Evêques ont affifté.

Je ne dois pas commencer par des fables pour rendre l'origine de la Ville de Beauvais plus augufte, nôtre Sparte cft affez illuftre par une antiquité venerable, & par des hiftoires veritables & importantes, pour negliger les fictions qui ne fervent qu'à rendre les Romans. plus agreables.

On tient pourtant qu'elle fut bâtie par Bellouefe neveu d'Ambigat Roy des Gaules, vers l'an 164. de la fondation de Rome, d'où il alla en Provence & y fecourut les Phocenfes nouveaux habitans de la ville de Marfeille, contre les Salliens, & qu'enfuite il entra en Italie, où il fe tendit maître de la Lombar

die: ce qui lui fit donner le nom de la Gaule Cifalpine, à caufe des Gaulois qu'il y fit venir pour l'habiter, environ 200. ans avant la prife de Rome par les Gaulois.

D'autres difent que cette Ville a été bâtie par Belgius 14. Roy des Gaules, d'où elle a été appellée Belgis ou Belgion, dont parle Cefar, ce qui a pû donner fujer de croire que Bratufpance étoit Breteuil, parce que és environs on voit des fondemens maffifs, & des reftes de puits & de caves : mais il eft cerrain que Breteuil n'a pû être cette Ville fi confiderable qui étoit la Capitale des Beauvaifins, dautant que Cefar, aprés les avoir reduits, alla fur les frontieres du pais d'Amiens, où il fe fut trouvé tout d'un coup fans mouvement, fi Breteuil eût été la grande Ville du Beauvaifis. Il paroit auffi par fes Commentaires liv. 5. que cette Ville étoit plus éloignée du païs des Nerviens qui eft Tournay, que n'étoit Amiens, & qu'elle étoit plus proche de Chartres, que n'étoit la Ville d'Amiens, fuivant les ordres qu'il donna pour faire venir fes Legions qui y étoient en garnifon. Les Beauvaisins n'euffent pas retiré leurs effets dans Breteuil qui étoit éloigné du Mont-Ccfar où ils étoient campez, & Cefar n'eût pas manqué de l'affieger avant que d'avancer; parce que Breteüil étoit plus proche du che min de Soiffons par où il étoit venu: ce qui détruit encore davantage l'opinion de ceux

qui veulent que Bavais en Hainaut ait été l'ancienne Bratufpance Capitale des Belges: ce qu'en marque Prolomée & Antonin, leve encore toute les difficultez qu'on peut faire; & il fuffit de voir ce qu'ont dit Jules Cefar liv. 2. & 6. Hircius Panfa liv. 8. Strabon liv. 4. Prolomée liv. 2. c. 9. & Divæus dans fes Antiquitez de la Gaule Belgique c. 7. de Belgiyagis pour être convaincus que les Beau vaifins ont été les plus confiderables de toutes les Gaules. Ils refifterent aux Cimbres & aux Teutons qui entrerent dans les Gaules 108. ans avant J. C. & les chafferent de leurs pays.

Ce feroit une temerité de vouloir nicr que nôtre Ville n'ait été reduite comme, les autres fous la domination des Romains par Jules Cefar depuis l'an 694. jufqu'en l'an 703 de la fondation de Rome: Les Beauvaifins avec leurs alliez ayant voulu aller au devant de Cefar à Breine 54. ans avant J. C. & ayant appris que Divitiacus avec ceux d'Autun, lors du parti de Cefar, entroient dans. leur pays, ils y retournerent pour le défendre; mais Cefar ayant pris Noyon,& étant venu affieger Bratufpance, où ceux du pays avoient retiré tous leurs effets, ils fe rendirent par compofition, & donnerent 600. Otages. Trois ou quatre ans aprés, ceux d'Autun & Les autres peuples des Gaules s'étant foulevez regleront ce que chaque Ville devoit four

nir d'hommes, & les Beauvaifins ayant été tottifez à dix mille; ils déclarerent qu'ils vouloient faire la guerre en leur particulier fans fe mêler avec les autres, & neanmoins ils ne laifferent pas d'envoyer 2000. hommes à la priere du Commius Capitaine d'Arras, a taufe de l'ancienne liaison avec les Artefiens : mais cette armée confederée fut défaite en bataille rangée l'année fuivante, qui étoit a cinquième aprés que Bratufpance fe fut rendue à Cefar. Les Beauvaifins avec plufieurs de leurs voifins affemblerent une armée fous: Ja conduite de Corrée leur Capitaine, & de Commius: Cefar en ayant eu avis par ceux de Reims fit approcher fes troupes, & les trouva campez fur une hauteur où il y avoit de bons retranchemens, dont il refte encore lés veftiges proche l'Abbaye de Froidmont au lieu nommé le Camp de Cefar, à trois petites lieues de Beauvais, où il y a és environs un marais, la forest d'un côté & la riviere de l'autre; Cefar les y ferra de fi présqu'il les obligea de fe retirer dans un autre camp vers Villers S. Sepulchre, & de là ils révinrent à trois mille ou vers la montagnede S. Symphorien qui fe trouve à la même distance, où on a trouvé plufieurs veftiges. d'un ancien camp. Les Beauvaifins battirent d'abord une partie de la cavalerie de ceuxde Reims joints avec Cefar, tuerent Vertifque leur Capitaine, & deffirent la feptiéme

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