Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que manufcrite d'Alberic, citée par Monfieur de Sainte Marthe, fait mention de cet échange, fur l'an 1015. & il eft conftant que la Seigneurie de Sancerre leur appartenoit, & fut partagée en 1152. entre les enfans de Thibaud Comte de Champagne, fils ainé d'Eudes fecond frere du Roy; De telle maniere qu'on examine les termes de divifion & de partage, tant de fois repetez dans cet Acte, il femble qu'on n'en puiffe induire autre chofe, finon qu'Eudes permet à Roger de difpofer de la part de ce Comté qu'il lui avoit auparavant quittée par leur partage qui lui devoit retourner après lui; à l'effet de quoiEudes fe deffaifit de cette partie du Comté entre les mains du Roy, on pour le tout, ou pour partie, pour la ceder à perpetuité aux fucceffeurs Evêques : mais cette donation. qui eft limitée aux chofes y specifiées, ne pouvoit s'étendre à tout le Comté, qui étoitlors beaucoup plus confiderable, & a pû même dans la fuite être réüni au Domaine duRoy, pendant les guerres qu'Eudes a foutenuës contre lui..

On veut encore induire du Roman de Ga-. rin Loherand, compofé en 1950. qui fait mention du Comte de Beauvais & de Roger, que Clermont tint que le Comté de Beauvais étoit demeuré à Eudes depuis cet Acte, mais cette conjecture eft fujette à beaucoup de contredits. Il est vrai que c'est une marque

qu'en ce tems on nommoir un Comte de Beauvais autre que l'Evêque, & ce Roman quoique rempli de fictions n'a pu rien alterer des noms de perfonnages auffi connus.

En effet Eudes & Roger n'ayant donné que ce qui appartenoit au Comté dans les lieux défigncz, on ne doit pas étendre la donation à ce qui pouvoit appartenir au Comté dans la Ville & dans les autres lieux : On peut même objecter qu'Eudes étoit demeuré l'homme du Roy, puis qu'il eft parlé dans la Charte de la conceffion qu'il avoit faite auparavant à son frere à Titre de Fief, & qu'il n'eft rien dit de la foi & hommage. qui feroit faite au Roy par Roger. Ce qui peut faire préfumer qu'Eudes avoit démembré une partie de fon Fief avec réferve dela foi. Il pouvait auffi y avoir plufieurs por-tions du Comté poffedées par differens Seigneurs, dont la principale pouvoit appartenir à Hucgue de Beauvais. L'Evêque même: & le Chapitre, le Châtellain auffi-bien que le. Fief du Tonlieu avoient auparavant la donation de Roger quelques-uns des Droits de: Seigneurie dans la Ville & Fauxbourgs, ainsi que nous ferons voir dans la fuite, ce qui a pu être caufe que le vulgaire lès qualifloit de Comtes; mais il faut convenir que l'Evêque jouifloit dés auparavant de la melleure partie de la Seigneurie de là Ville, & même de celle du Bourg & des Fauxbourgs,,

dont il a quitté une partie aux autres; foit à tite onereux, foit à titre lucratif, & ce qui y appartenoit aux Comtes de Champagne, ne confiftoit qu'en quelques Droits.

Ce qui eft dit dans la même Charte & mercatum quod tenebat Franco de Caftro quod vocatur Gerboredum, ne peut avoir rapport à la Seigneurie de Gerberoy, mais à quelqu'autre droit qui appartenoit à Françon, dautant qu'il n'eft pas parlé dans la déclara-. tion des droits de l'Evêché, de l'an 11sc.. en faveur d'Henry de France, de ce Château de Gerberoy.

Il n'eft pas auffi parlé dans cette déclaration de la Seigneurie de Senantes qui a été donnée, depuis par le Teftament de Philippe de Dreux en 1217. ce qui donne lieu de croire que la Charte du Roy Robert a pû être alteré On voit encore des. Seigneurs de Brefles, depuis cette Chatte. Il n'eft pas auffi parlé de Brefles en l'an onze cent cinquante..

S'il ya cu des Comtes de Beauvais autres ques yaen l'Evêque, dans le onzième Siecle, depuis la donation de Roger.

Na voulu jufqu'à prefent qu'Hucgue de Beauvais ait été Comte de Beauvais.. La qualité de Comte que lui donne Glaber lib. 4.c.3. en paroît une preuve, puifque cette

qualité n'étoit pas lors pure perfonnelle ; & fi Hucgue n'a été tué qu'en l'an 1025. il n'est Pas à croire qu'un favori auffi puiffant qu'il a été jufqu'à fa mort en ait été privé auparavant mais il paroît que la portion du Comté qui étoit échûë par fucceffion à Eudes & à Roger étoit depuis long-tems dans leur famille à caufe de la Maifon de Vermandois. Ainfi Hucgue n'a pu avoir lors la portion. de la Seigneurie qui n'appartenoit pas à l'Eglife, & il y a toute apparence qu'il n'avoit aucun autre droit à Beauvais que la qualité de Capitaine, laquelle ne laiffoit pas d'être à la bien-feance d'Eudes II. fils de la premiere femme du Roy, qui eut pû conserver cette dignité militaire, quand même il eût ce dé tout le Comté à l'Eglife: mais il avoit d'autres emplois plus confiderables.

On peut encore douter fi les enfans d'Eudes ne lui ont pas fuccedé au Domaine qu'il avoit dans Beauvais, à caufe de la mention qui eft faite dans l'Obituaire de faint Lucien du Comte Eftienne qui pouvoit être fon puifné, lequel avec Thibaud fon aîné, furent défaits par Godefroy Comte d'Anjou, qui commandoit pour le Roy Henry I. en l'an 1033. fuivant le P. Petau.

Comme la Champagne & la Brie étoient échûës par partage à ce dernier, la Seigneurie de Beauvais lui pouvoit mieux convenir à caufe de la proximité; mais les Hiftoriens

qui parlent fouvent des autres Comtez ap partenans à cette famille, ne font aucune mention de Beauvais.

On peut encore objecter des Titres de la fondation de faint Symphorien de l'an 2035.qu'il y avoit un Comte Seculier à Beauvais, non Comiti, non Vicario, non cuicumque facuLarium exactorum ulla confuetudo relinqua-· tur. Le mot de Vicarius, s'entendoit du Receveur des droits du Comte, & l'on ne voit pas que l'Evêque de Beauvais fût encore en ce tems diftingué par la qualité de Comte: mais il en avoit les droits long-tems

auparavant.

On peut auffi objecter du titre de S. Quen.. tin de l'an 1079. qu'il y avoit à Beauvais une Puiffance Seculiere outre l'Evêque, & qui étoit autre que le Châtelain qui n'avoit auGun droit dans les terres de cette Abbaïe, non plus que fur celle de faint Symphorien. Mais en ce cas l'Evêque n'eût pu accorder des: affranchiffemens au préjudice des droits du Comte je ne fuis pas affez hardi pour af furer qu'Hucgue frere du Roy Philippe I. qui a foufcrit au même Acte en qualité de Comte ait été lors. Comte de Beauvais, com-. me il l'étoit de Crespy.

On pent dire auffi que les Evêques & l'es Comtes avoient leur demeure differente, le: Comte demeuroit où eft à prefent le Palais Epifcopal, & les Evêques occupoient un au-

« AnteriorContinuar »