1412. Maitre Gouverneur defdites Communes, comme faulx Traiftre, fift laiffer l'assault, & print grant argent des Arminaz, & fut du tout de la Bande, & fi difoit-on que c'eftoit un des bons de France, & ne se fçavoit-on en qui fier; car il mist nos gens en tel eftat qu'il leur convint partir à minuyt pour culx en venir à Paris, ou autrement euffent esté tous tuez par les faulx Traiftres & autres Gentilshommes qui tant les hayoient, qu'ils ne les povaint fouffrir, pour ce qu'ils besoingnoient fi bien; car qui les cuft creüz, ils cuffent nettoyé le Royaume de France des faulx Traiftres en mains d'ung an, mais autrement ne pot eftre; car nul preudomme ne fut escouté en ce temps. Et pour ce fut faite Paix du tout à leur gré, quoique le voulfist voir car le Roy eftoit toujours malade, & fon ainfné filx ouvroit à fa volenté plus que de raison, & croioit les jeunes & les fols, fi en faifoient lefdittes Bandes tout à leur guife, & fift-on que la joye d'icelle Paix, les feuz avau 1. Aouft. Paris. Le premier Sabmedi d'Aouft 1412. & le premier Mardy de Septembre, fut criée parmy Paris à Trompettes, mais il fut autrement; car il fut mis ès carrieres de Noftre Dame des Champs, & le penulțiesme jour dudit moys ou dit an, le Roy vint au Bois, & le Duc de Bourgongne à Paris, & allerent les Bourgeois au-devant par commandement. 17. Sept. 23. Octob Item, le Mardi 17. jour de Septembre, jour faint Cofme & faint Damien, fut defpendu par nuyt du Gibet de Paris, Jean de Montaigu, jadis Grant Maistre d'Oftel du Roy, lequel avoit eu la tête couppée pour fes demerites, & fut porté à Marcouffy aux Celestins, lesquelx il avoit fondez en sa vie. Item, le Dimenche vingt-troifiefme jour d'Octobre enfuivant, entra le Roy à Paris, & fut faitte à sa venuë la plus grant fefte & joye du Commun qu'on avoit veuë paffée avant douze ans : car petiz & grans baffinoient, & vint avecques le Roy, le Duc de Bourbon & le Comte de Vertus nepveu & plufieurs autres, & furent avec le Roy à Paris moult amcz du Roy & du Commun, qui avoit grant joye de la Paix qu'on cuidoit qu'ils teniffent bonnement; & ils ne tendoient qu'à la destruction du Roy; & efpecialement de la bonne Ville de Paris & des bons Habitans, & firent tant par leur maulvaise malice › pour mieulx venir à leur maleureufe intencion, que plufieurs qui amoient & avoient amé le Roy, & le prouffit commun, furent du tout de leur malvaife & faulce intencion, comme le frere de la Royne de France, Pierre des Effarts, Prevoft de Paris, & plufieurs autres, & par efpecial ledit Prevoft qui ce povait venter que Prevolt de Paris depuis cent ans devant, n'avoit eu auffi grant grace que ledit Prevost avoit & du Roy & du Commun; mais fimal se porta, qu'il convinst qu'il s'enfoüift lui & plufieurs des autres des plus grans, 1412. comme le frere de la Royne, Duc de Baviere, le Duc de Bar Edouart Jacques de la Riviere & plusieurs autres Chevaliers & Efcuiers, & fut en la fin de Fevrier 1412. & demoura la chofe plufieurs jours, auffi comme se on les cuft oubliez. Et cepandant l'Univerfité qui moult amoit le Roy & le Commun,fift tant par grant diligence & grant fens qu'ils orent tous ceulx par efcript de la maldite & faulce traïfon, & la greigneur partie de tous les Grans en eftoient, tant Gentils que villains. Et quant l'Univerfité par grant cure orent mis en efcript, efpecialement tous ceulx qui povaient nuire. Cependant revindrent les deffufdiz, qui fuiz s'en eftoient, & furent les bons varlets, & brafferent ung mariaige de la femme au Comte de Mortaing qui mort eftoit, au frere de la Royne Duc de Baviere, & eftoit leur malcureufe intencion de faire leurs nopces loing, & de emmener le Roy, pour estre Maiftres de Paris, de en faire toute leur volenté qui moult eftoit malvaife ; & l'Univerfité qui tout fçavoit, ce le fit fçavoir au Duc de Bourgongne & au Prevoft des Marchands qui avoit nom Andriet d'Efpernon, né de Quinquepoix, & aux Echevins. Si firent tantoft armer la bonne Ville & clercs, d'avant diz, comme parurent, & caff s'enfuirent ou Chastel de faint Anthoine, & là ce bouterent par force & le frere de la Royne fift le bon varlet, & fervoit le Roy auffi comme s'il n'en fceuft riens, & ne fe mut oncques d'avec le Roy. Tantoft après fut la Ville armée, & affiegerent le dit Chastel, & jurerent que jamais ne s'en partiroient tant qu'ils les euffent prins par force. Et quant ceulx qui dedens le Chastel eftoient, virent tant de gens & fi efmeus, fi fe rendirent vers le foir au Duc de Guienne, & au Duc de Bourgongne qui en refpondirent, ou les gens de Paris les euffent tous defpeciez; car ils eftoient bien vingt-quatre mille. Lors furent prins bien & étroitement, & menez au Louvre, & le fut le 5. jour de May 1413. jour de Vendredy, & ledit Prevoft demeura dedens faint Anthoine encore quatre ou cinq jours après, & fut allé querre & admené au Louvre environ l'eure du minuyt, & là fut emprisonné, & la fepmaine de devant l'Afcenfion fut la Ville de rechief armée, & allerent en l'Hoftel de faint Paul, où le frere de la Royne eftoit, & là le prindrent, voulfift ou non ; & rompirent l'uys de la chambre où il estoit, & prindrent avecques lui treize ou quatorze que Dames, que Damoifelles, qui bien fçavoient la malvaistre, & furent tous menez au Louvre pelle melle, & fi cuidoit ledit frere de la Royne le landemain espouser fa femme, mais fa chance tourna contre fa volenté. Le Mercredi, vigille de l'Afcenfion, le derrain jour de May ou dit an 1413. fut amené ledit Prevost du Louvre au Palais en prinson, & 141 3. s. May. cedit jour fut nommé le Pont de la Flanche de Mibray, le Pont Noftrc1 41 3. Dame, & le nomma le Roy de France Charles, & frappa de la trie fur le premier pieu, & le Duc de Guienne fon fix après, & le Duc de Berry & de Bourgongne, & le Sire de la Trimouille, & eftoit l'heure de dix heures de jour au matin, & en cedit moys de May print la Ville chapperons blancs,& firent bien faire de rois à quatre mille, & en print le Roy ung, & Gu enne, & Berry, & Bourgongne, & avant que la fin du mois fuft, tant en avoit à Paris que tout par tout vous ne vificz gueres autres chapperons, & en prindrent hommes d'Eglife, & femmes d'onneur, Marchandes qui à tout vendoient les denrées. 19. Juin. 1. Juillet. Item, le difiefme jour du mois de Juin 1413. jour S. Landry, vigille de la Pentecofte, fut mené Meffire Jacques de la Riviere, Chevalier & Symonet Petitmeny, Efcuyer, eulx deux furent prins au Palais du Roy, & de là traifncz jufques ès Halles de Paris; c'eft affavoir, Jacques de la Riviere; car il eftoit mort, & ce eftoit tué d'une pinte pleine de vin, dont il s'eftoit feru fur la tefte fi grant cop, qu'il fe caffa le teft & la cervelle, & ledit Symonnet fut traifné jufques à la Heaumerie, & là mis en ia charrette fur un ais affis, une croix en fa main, le mort traifné jufques ès Halles, & là orent les teftes couppées, & dirent à la mort que d'eulx deux fçavoit cfté la plus belle prinfe qui cuft cfté faite pour le Royaulme, paffé avoit vingt ans, & yceulx avoient efté prins au Chastel de S. Anthoine, comme davant eft dit. Item, le Jeudi enfuivant, ung autre, nommé Colin de Brie, Efcuyer, prins ou dit lieu, comme davant eft dit, & prins au Palais, traifné comme Sy monnet davant dit, & couppé fa tefte ès Halles, de ladite Bande, très-plein de tyrannie, très laide & cruelle perfonne, & recognut plufieurs trayfons; car il avoit en pencée de faire de par le Prevoft de Paris; car il cuida trahir ceulx du Pont de Charenton, & là fut pris à tout finance, qu'il cuidoit faire paffer pour ledit Prevost qui cuidoit paffer par ledit Pont celle nuyt. Item, le premier jour de Juillet 1413. fut ledit Prevoft prins de dens le Palais, traifné fur une claye jufques à la Heaumerie, & puis affis fur ung ais en la charrette tout jus, une croix de bois en fa main, veftu d'une houppelande noire,déchiquetée, fourrée de martres, unes chauffes blanches, ungs efcafinons noirs en ces piez; en ce point mefné ès Halles,de Paris,& làon lui couppa la tefte & fut mife plus hault que les autres plus de trois piez; & fi eft vray que depuis qu'il fut mis fur la claye jufques à fa mort, il ne faifoit toujours que rire, comme il faifoit en fa grant majefté, dont le plus de gens le tenoient pour ung foul; car tous ceulx qui le veoient plouroient fi piteufement, que vous ne ouyffiez oncques parler de plus grans pleurs pour mort d'homme, & lui tout feul rioit, & eftoit fa pencée que le commun le gardaft de mourir: mais il avoit difant. Item, vers la fin dudit mois recommancerent ceulx de la malditte Bande à venir prés de Paris, comme autrefois avoient efté, & vuyderent ceulx des Villages d'entour Paris tout ce qu'ils avoient, & l'amenerent à Paris; & lors fut fait ung Traité pour faire la Paix, & devoit eftre fait à Pontoife, & y alla le Duc de Berry le vingtiesme jour dudit mois, four Ste Marguerite: & le Duc de Bourgongne le landemain vigille de la Magdeleine, & là furent environ dix jourspour cuider faire la Paix, & firent tant qu'elle fut oncques faitte, & n'euft efté aucunes demandes que lefdits Bandez demanderent qui eftoient inraisonnables; car ils demandoient aucuns de ceulx de Paris pour en faire leur plaine voulenté, & autres chofes touchans vengence trés cruelle, laquelle chofe ne leur fut point accordée: mais à celle fin que la Paix ne tint à ceulx qui de par le Roy y eftoient allez, firent tant que lesdits Bandez envoyerent à fauf conduit leurs Ambaffadeurs avec la Compaignie de Berry & Bourgongne, & ceulx de Paris pour parler au Roy à bouche, & entrerent le jour S. Pere, premier jour du 1413. 1. Aouft. 1413. mois d'Aoust ensuivant, qui fut au Mardy, & parlerent au Roy à bouche tout à leur voulenté, qui leur fift faire trés-bonne chere. Quant eft des demandes & des réponses, je me tais; car trop longue chofe feroit mais bien fçay que ils demandoient toujours à leur povair la deftruction de la bonne ville de Paris & des habitans. 3. Aouft. Item, le Jeudy troisiesme jour dudit mois d'Aouft fut l'Université de Paris à S. Paul demander congié au Roy de propofer le landemain certaines chofes quimoult eftoient prouffitables pour la Paix du Royaulme, laquelle chofe leur fut ottroyée. Et le landemain jour de Vendredy,quatriefme jour d'Aouft,comme ce le dyable les cuft confeillé,propoferent tout au contraire de ce qu'ils avoient devant confeillé par plufieurs fois; car leur premiere demande fut que mift hors tous les prifonniers, qui de la trayfon dont Pierre des Effars, Meffire Jacques de la Riviere & Petitmefnil avoient eu les teftes couppées, eftoient droit Maiftres & Miniftres, & eftoient le Duc de Baviere frere de la Royne de France, Meffire Edouart Duc de Bar, le Sire de Boiffay & deux de fes filx, Anthoine des Effars frere dudit Pierre des Effars, & plufieurs autres, lefquelx eftoient emprifonnez au Louvre, au Palays & au Petit Chastellet. En après que tous ceulx qui contrediroient leurs demandes touchant la Paix, fuffent tous habandonnez, leurs corps & leurs biens. Après autres demandes firent-ils, & ne propoferent point pour la Paix de ceux qui avoient gardé à leur povair la ville de Paris, & qui avoient efté confentans d'emprisonner les devant diz prifonniers pour leurs démerites; & fi fçavoient-ils bien que tous les Bandez les hayoient jufques à la mort. Iceux hays eftoient Maistre Jehan de Troyes, Juré. de la ville de Paris, Concierge du Palays, deux de fes filx, ung nommé Jean le Gouays & fes deux filx Bouchers, Denisot Caboche, Denifot de Saintyon, tous deux Bouchers; ledit Caboche Cappitaine du Pont de Charenton, ledit de Saintyon Cappitaine de S. Cloud; iceulx eftoient en la presence, quant le propos fut ottroyé, qui leur sembla moult dure chofe, & s'en vindrent tantoft en l'Oftel de la Ville, & là affemblerent gens, & leur monftrerent comment la Paix qui eftoit traittée n'eftoit point à l'onneur du Roy,ne du Duc de Bourgongne, ne au prouffit de la bonne Ville, ne des habitans, mais à l'onneur desdiz Bandez, qui tant de fois avoient menty leur foy. Mais ja pource le menu commun qui ja eftoit assemblé en laPlace deGreve armez tous à leur povair, qui moult defiroient la Paix, ne vouldrent oncques recevoir leurs paroles: mais ils commencerent tous à une voix à crier: La Paix, la Paix ; & qui ne la vieult; fi ce traie au feneftre, & qui la vieult, ce traie au cofté dextre. Lors fe trairent tous au cofté dextre; car nul n'ofa contredire à tel peuple : cependant le Duc de Guienne & le Duc |