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Duc de Berry cemirent au chemin pour venir en Greve: mais quant ils furent devant l'Oftel d'Anjou, on ne les ofa oncques laiffer entrer en Greve, pour paour qu'aucune mocion de peuple ne ce feift, & s'en allerent au Louvre, & en ofterent le Duc de Bar & le Duc de Baviere à Trompettes, & à auffi grant honneur furent admenez, comme s'ils veniffent de faire le plus bel fait com puift faire en ce monde de Sarazinefme ou d'autre part, & en venant querre les prisonniers dessus diz; c'eft afsavoir le Duc de Baviere, le Duc de Bar, & autres qui eftoient au Louvre, ils encontrerent le Duc de Bourgongne qui alloit à S. Paul, & de ce ne fçavoit riens, fi fut moult esbahy quant on lui dit la chofe : touttes voies il diffimula celle foys, & alla avecques culx au Louvre, regardant faire l'Exploit devant dit. Après ce fait ils revindrent au Palays, & crioit on Noüel par tout où ils paffoient. Audit Palays eftoit le Sire de Boiffay, deux de fes enfans Anthoine des Effars, qui furent tous deflivrez plainement, qui que le voulsist voir, fust tort ou droit. Et tantoft le Duc de Guienne qui ouvroit à voulenté habandonna les corps & les biens de tous ceulx qui fçavoit bien qui avoient caufé de les emprifonner. Pour lors eftoit Concierge du Palays Maistre Jehan de Troyes devant nommé, & là demeuroit : mais après l'abandonnement en mains d'heure que on ne feroit allé de S. Nicolas à S. Laurens, l'Oftel dudit de Troyes fut tout pillé & defnué de tous biens, ces ferviteurs prins, menez en diverses prisons. Le bonhomme foy arma le micux qu'il pot, & tous les autres par tel party : c'eft affavoir les Gouais, les enfans dudit de Troyes, les enfans Saintyon & Caboche, & plufieurs autres qui la bonne Ville s'eftoient avancez de garder à leur povair; mais fortune leur fut fi perverse à celle heure, que ce ils euffent trouvez, fuft du Gentil ou du commun, ils euffent efté tous defpeciez, & fi ne fçavoit on pourquoy, fors qu'on difoit qu'ils eftoient trop convoiteux. Or voy-on con peu de fiance par-tout; car le jour de devant ils euffent peü, s'ils euffent voulu, faire affembler la ville de Paris en une place. Ainfi leur advint par fureur de Prince, par murmure de peuple, & furent tous leurs biens mis en la main du Roy: ainfi fuft. Advint après que le Duc de Guienne & les autres vindrent à S. Paoul, & changerent ce propre jour de Vendredy le Prevoft de Paris, qui eftoit allé en Picardie pour le Roy, & eftoit nommé le Borgne de la Heufe, & la baillerent à ung des ferviteurs au Duc d'Orleans mort, qui eftoit Breton, & eftoit nommé Tanneguy du Chaftel. Ils changerent deux des Echevins, & mifdrent deux autres ; c'eft afsavoir Perrin Oger Changeur, Guillaume Ciraffe Charpentier, qui avoient renommée d'eftre de la Bande. Ils laifferent Andry de Spire Preyoft des Marchands pour fa très-bonne renommée. Tome I.

C

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I 4 13.

6. Aouft.

Item, ils firent les deux Ducs devant dis, de Baviere & de Bar,. Cappitaines, l'ung de S. Anthoine, & l'autre du Louvre, & autres de S. Cloud, du I ont de Charenton, firent Cappitaines tous hayneux du commun.

Item, le Sabmedy ensuivant fift cercher au tour de Paris pour trouver aucuns des Gouverneurs devant diz ; mais nul n'en trouva, & ce jourfut terminé qu'on meist des lanternes par nuyt.

Item, le Dimenche enfuivant fixiefme jour d'Aouft 1413. fut criée la Paix par les carrefours de Paris, & que nul ne ce meflaft de chofes que les Seigneurs feiffent, & que nul ne feift armé, fe nonpar le commandement des Quarteniers & Cinquanteniers ou Difeniers.

Item, le Mercredy enfuivant fut fait Sire Henry de Marle Chancelier de France, & fut defpofé Maiftre Huiftafe de Leftre qui l'avoit efté environ deux moys, & l'avoit efté fait par les Bouchers devant diz, & avoient defpofé Meffire Ernault de Corbie, qui bien auroit maintenu l'Office plus de trente ans, & fut Cappitaine de Paris le Duc de Berry. Le Vendredy enfuivant & ce jour revint le Prevoft; c'est affavoir le Borgne de la Heufe, & fut remis en fa Prevofté, & l'autre voulsist ou non, deppofé; & ainfi ouvroit fortune à la vollée en ce Royaume, qu'il n'y avoit ny Gentil ne autre qui fceuft quel estat eftoit le meilleur. Les Grans s'entrehayoient, les moyens eftoient grevez par fubfides, les très-pouvres ne trouvoient où gaignier.

Item, le feiziefme jour d'Aouft ou dit an furent murées la Porte S. Martin & celle du Temple, & fist si chault, que les raisins d'entour Paris eftoient prefque bons à vendenger en icelluy temps.

Item, le vingt-troifiefme jour d'Aouft fut dépendu le devant dit Prevoft & Jacques de la Riviere, & furent mis en terre benoiste par nuyt, & n'y avoit que deux torches ; car on le fift trés-celeément pour le commun, & furent mis aux Mathurins.

Item, la troisieme sepmaine d'Aoust ou environ furent commencez Huguez pour ceulx qui gouvernoient, où il avoit foifon feulles d'ar-gent, & en efcript d'argent le droit chemin,& eftoient de drap viollet, & avant que la fin d'Aoust fuft, tant en avoit à Paris que fans nombre, & especiallement ceux de la Bande qui eftoient revenus à cens & à milliers la portoient, & lors commencerent à gouverner &mifdrenten tel eftat tous ceulx qui c'eftoient meflez du gouvernement du Roy & de la bonne Ville de Paris, & qui y avoient mis tout le leur, que les ungs s'enfuioient en Flandres, autres en l'Empire, ou oultre mer ne leur: challoit-on ; mais ce tenoient moulte eureux, quant ils pouvoient efchapper comme truans, ou comme Paiges, ou comme Porteurs d'adventure, ou en autre maniere quelle que ce fuft, & nul fi hardy d'oser ~ parler contr'eulx,

Item, celledite fepmaine, s'en alla le Duc de Bourgongne hors de Paris,& feist le mariaige de une de fes filles, comme on difoit ; mais de ce rien n'eftoit.

1413.

Item, le Vendredy 15 jour de Septembre 1413. fut ofté le corps 15. Sept. du faux Traiftre Colinet de Pifieux du Gibet, & fes quatre membres des Portes, qui devant avoit vendu le Pont de S. Cloud; & neantmoins il estoit mieulx digne d'eftre ars ou baillé aux chiens, que d'ef tre mis en terre benoifte, fauf la chretienté; mais ainsi faifoient à leur volenté les faulx bandez.

Item, le jour de S. Matthieu ensuivant, fut deffermée la Porte faint Martin, qui avoit efté murée par commandement des Bandez, & par eux fut faitte demurer, qui ainfi gouvernoient tout, ne nul n'en oloit parler,& environ dix ou douze jours devant fut depposé le Prevoft des Marchands; c'est afsavoir, Andriet d'Efpernon, & y fut remis Pierre Gencien, qui moult avoit esté contraire au menu Commun, & s'en eftoit fouy pour ces faits avec les Bandez, qui le remirent en fon Office, fust tort ou droit.

grant

Item, le 25. jour de Septembre 1413. demiftrent le Borgne de la 25. Sept. Heufe de la Prevofté de Paris, & firent Prevoft de Paris ung de leur Bande nommé Andri Marchant. En conclufion, il ne demoura oncques nul Officier du Roy que le Duc de Bourgongne euft ordonné qui ne fust ofté ne deppofé,fans leur faire aucun bien, & faifoient crier la Paix aux Sabmedis es Halles,& tout le plat pays eftoit plain de gens d'armes, de par eulx & firent tant par Placebo, qu'ils orent tous les grigneurs Bourgeois de la Ville de Paris de leur Bande, qui par semblant avant, avoient amé moult le Duc de Bourgongne,pour le temps qu'il eftoit à Paris; mais ils se tournerent tellement contre lui,qu'ils euffent mis corps & chevences pour le deftruire lui & les fiens, ne perfonne tant fust n'ofoit de lui parler que on le fceuft,qu'il ne fust tantoft prins & mis en diverses prinfons, ou mis à grant finance ou banny. Et mefmes les petits enfans qui chantoient aucunes fois une chanfon qu'on avoit faitte de lui, où on difoit ( Duc de Bourgongne Dieu te remaint en joye) eltoient foullez en la boüe, & navrez villaynement defdits Bandez, ne nuls n'ofoit les regarder, ne parler ensemble en my les ruës, tant les doubtoit-on pour leur cruaulté, & à chacun n'eft faulx traiftre chien Bourgoignon,je regni beu,ce vous ne ferez pilliez. Et en ce temps eftoit toujours le Roy mallade & enfermé,& ils tenoient fon ainfné filx qui eftoit Duc de Guienne,& avoit époufé la fille du Duc de Bourgongne, dedans le Louvre de fi près que homme ne povait parler à luy ne nuyt ne jour que eulx, dont le povre Commun de Paris avoit moult de deftreffe au cueur, qu'ils n'avoient aucun chef qui pour eux parlast; mais autre

1413.

2. Fey..

17%.Fev.

n'en povaint faire. Ainfi gouvernerent lefdits Bandez tout O&tembre, Novembre, Decembre, Janvier 1413.

Item, à l'entrée de Février ou dit an, vint le Duc de Bourgongne à S. Denis, & fut le neufviesme jour dudit mois, & le Sabmedi enfuivant il cuidoit entrer à Paris pour parler au Roy; mais on lui ferma les Portes, & furent murées, comme autreffois avoit esté, avecques ce tres grant foifon de gens d'armes les gardoient jour & nuyt, & nulle de deçà les Pons n'eftoit ouverte que celle de S. Anthoine, & delà celle de S. Jacques, & eftoit garde de la Porte de S. Denis le fire de Gaule, & de celle de S. Martin Louys Bourdon, qui donna tant de peine à Estampes, & le Duc de Berry gardoit le Temple, Orleans S. Martin des Champs, Arminac l'Oftel d'Artois, qui eftoit le droit chief d'eulx, Alençon, Behaine; brief tous eftoient deçales Pons, & fi n'avoient hardement d'ouvrir nulles des Portes, tant fut paour, & convint ce Sabmedy fdevant que ceulx qui admenoient les biens à Paris, comme le Pain de S. Brice, comme autres biens & vivres, plufieurs furent jufques à une heure fonnée, pour attendre qu'on ouvrift la Porte; mais oncques ne fut en leur hardement de l'ouvrir, tant ils avoient grand paour du Duc de Bourgongne, & convint que lefdits bonnes gens, fi remefnaffent leurs denrées, & les mefnerent en l'Oft du Duc de Bourgongne, qui fit crier fur la Hart, qu'on ne prinft riens fans payer, & là vendirent leurs denrées bien; & fut ainfi Paris fermé bien quatorze jours, que homme n'ofoit, & ne povait befoingner. aux champs, & fi n'y avoit nuls gens d'armes fur les champs plus près que S. Denis, où eftoit le Duc de Bourgongne & fes gens,qui nul mal ne faifoient à créature nulle, & difoit-on qu'il ne vouloit rien à homme nul que au Roy Louis Duc d'Anjou, pour ce que ledit Louys avoit un filx, lequel avoit époufé une des filles audit Duc, & fans fçavoir caufe pourquoy ledit Louys fift departir fon Fils de ladite Fille dudit Duc de Bourgongne, & la renvoya comme une bien povre ou fimple Dame à fon pere ledit Duc, & plus fort avoit tant fait au Duc de Bretaigne, qu'il donna en mariaige une fienne fille, qui n'avoit mie encore trois ans à ce dit filx du Roy Loys, qui eftoit mary à la fille devant dite fille du Duc de Bourgongne. Et en celle dite fepmaine,firent erier fur le Hart que nul du Commun ne fe armast, & qu'on obeist au Duc de Baviere & au Comte d'Arminac, qui eftoient deux des hommes du monde qui plus hayoient les bonnes gens de Paris. Ainfi eftoit tout gouverné comme vous avez oüy.

Item, le Sabmedi enfuivant 17 jour de Février ou dit an fut crié ledit de Bourgongne à Trompettes parmy les Carrefours de Paris, banny comme faulx traiftre, mur&rier, lui & tous les fiens habandonnez corps & biens fans pitié, ne fans mercy.

Item, en icelluy temps, chantoient les petits Enffens au foir en allant au vin, ou à la moustarde, tous communément : Votre C.. a la toux,Commere, voftre C. a la toux, la toux. Si advint par le plaisir de Dieu qu'ung maulvais air corrompu, chut fur le monde, qui plus de cent mille perfonnes à Paris mis en tel, qu'ils perdirent le boire & le menger, le repoufer, & avoient tres forte fiebvre deux ou trois fois le jour, & efpeciallement tout teffois qu'ils mengeoient, & leur fembloient touttes chofes quelxconques ameres & tres maulvaises & puan tes, & toujours trembloient où qu'ils fuffent, & avecques ce qui pis eftoit, on perdoit tout le povair de fon corps, que on n'ofoit toucher à foy de nulle part que ce fuft, tant estoient grevez ceulx qui de ce mal estoient atteints, & duroit bien fans ceffer trois fepmaines, ou plus, & commença à bon efcient à l'entrée du moys de Mars ou dit an,& le nommoit on le Tac ou le Horion, & ceux qui point n'en avoient, ou qui en eftoient guéris, difoient par esbattemens, en as-tu? Par ma foy tu as chanté, voftre C. a la toux, Commere; car avec tout le mal devant dit, on avoit la toux fi fort & la rume & l'enroueure, on ne chantoit qui rien fuft de haultes Messes à Paris; mais fur tous les maulx la toux eftoit la cruelle à tous, jour & nuyt, qu'aucuns hommes, par force de touffir, eftoient rompus par les genitoires toute leur vie, & aucunes femmes qui eftoient groffes, qui n'estoient pas à terme, orent leurs enfans fans compaignie de perfonne par force de touffer, qu'il convenoit mourir a grant martyre & mere & enfant ; & quant ce venoit fur la garifon, ils jettoient grant foifon de fanc bete par la bouche & par le nez & pardeffous, qui moult les ebayffoit, & neanmoins perfonne ne mouroit; mais à peine en povait perfonne eftre guary car depuis que l'appetiz de manger fuft aux perfonnes refi fuft-il plus de fix fepmaines après, avant qu'on fuft nettement guary. Ne Fififien nul ne fçavoit dire quel mal c'eftoit.

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Item, le dernier jour de Mars ou dit an, vigille de Pafques Flories, mefnerent les devant diz Bandez le Roy & fon ainfné filx efcrier contre le Duc de Bourgongne, & lui firent affieger Compiengne, ainst lui firent paffer la fepmaine peneufe, & les Pasques en celle bonne befongne, & cependant ceux qui devoient garder la Ville, comme let Roy Loys, le Prevoft de Paris & leurs Bandes firent & ordonnetent une groffe taille, & firent crier parmy Paris que chacun portaft la bande, & tantoft plufieurs la prindrent tout à plain. Et fut ou moys d'Avril après Pafques, & en ce dit moys fut ars le Pont à Choify tre tout, & fi ne pot homme fçavoir qui ce avoit fait, mais moult de bon nes gens y perdirent tout le leur entierement.

Item

1412%

ou moys d'Avril 1414. la derraine fepmaine, fut prinfe 1414

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