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12. Sept.

19. Sept.

24. Sept.

1408. dousiesme jour dudit mois arryva à Paris l'Evefque du Liege, & & lui fift faire ferment le Prevoft de Paris, & autres, à l'entrée de la Porte faint Denis, que il ne feroit contre le Roy ne contre la Ville, ne lui ne les fiens; mais leur feroit garant de treftout fon povair & ainfi le promift-il par la foy de fon corps & par fon Seigneur, & après entra à Paris, & fut logé en l'Oftel de la Trimoullie. Et icellui jour aprés fa venuë fut crié ce que en mift des Lanternes à bas les ruës & de l'eave aux huis, & auffi fist on. Et le 19. jour dudit moys de Septembre fut crié & commandé que on eftoupaft les pertuys qui donnoient clarté dedens les Celiers. Et le 24. jour enfuivant fut commandé par tretous les Feurez & Marêchaux de Paris & Chauderonniers, qu'on fit des chaifnes comme autreffois avoient esté, & lefdits Ouvriers de fer commancerent le landemain, & ouvrerent Feftes & Dimenches & par nuit & jour. Et le 26 jour dudit mois de Septembre fut crié deparmy Paris que, qui auroit puiffance d'avoir Armure fi en achataft pour garder la bonne Ville de Paris. Et le 10 jour d'Octobre enfuivant jour de Sabmedi, vint telle efmeutte en la Ville de Paris, comme on pourroit guéres voir, fans fçavoir pourquoy. Mais on difoit que le Duc d'Orleans estoit à la Porte de faint Anthoine à toute fa puiffance, dont il n'eftoit riens & les Gens du Duc de Bourgoingne s'armerent: car les gens de Paris furent fi efmeus, comme ce tout le monde feuft contre eulx, & les voulfift détruire, & fi ne fceuft-on oncques pourquoy ce fuft.

26 Sept.

10. Octob.

14.09. 35. Aoult.

7. Octob.

L'an 1409. le jour de la my-Aoust fift tel tonnoyre environ entre cinq ou fix heures au matin que une ymage de Notre-Dame qui étoit fur le Moustier de S. Ladre, de forte pierre, & toute neufve, fut du Tonnoyre tempeftée & rompuë par le mylieu, & portée bien loing delà : & à l'entrée de la villeote S. Ladre au bout de devers Paris furent deux hommes tempestez, dont l'un fut tué tout mort & fes foulliers & fes chauffes, fon gippon furent tous deffirez, & fi n'avoit point le corps entamé, & l'autre homme fut tout affolé.

Item, le Lundi 7. jour d'Octobre ensuivant, c'est assavoir 1409. fut prins ung nommé Jehan de Montagu, Grant Maistre d'Oftel du Roy de France empres S. Brenetor, & fut mis en petit Chastelet, dont il avint telle efmeutte à Paris à l'eure qu'on le print; comme fe tout Paris fust plain de Sarazins, & fi ne fçavoit nul pourquoy ils s'enfuioient : & le print un nommé Pierre des Effarts,qui pour lors eftoit Prevoft de Paris, & furent les Lanternes commandées à allumer, comme autrefois & de l'eave à Huis, & toutes les nuys le plus bel guet à pié & à cheval qu'on vit gueres oncques à Paris, & le faifoient les Meftiers l'un après l'autre. 12. Nov. Et le 17. jour du mois d'Octobre Jeudi, fut le deffus dit Grant Maif

tre d'Oftel mis en une charette veftu de fa Livrée d'une Houpelande 1409. de blanc & de rouge & chapperon de mefmes, une chauce rouge & l'autre blanche, ungs Efperons dorez, les mains liées devant, une Croix de boys entre fes mains, hault affis en la charrette, deux Trompettes devant lui. En ce l'état mené ès Halles, là on lui couppa la tête, & après fut porté le corps au Gibet de Paris, & pendu au plus hault en chemise à toutes fes chauffes & Efperons dorez, dont la rumeur dura à aucun des Seigneurs de France, comme Berry, Bourbon, Alençon & plufieurs autres, dont il advint l'année enfuivant 1410. environ la fin d'Aouft, que chacun endroit soy admena tant de Gens d'armes au tour de Paris que à vingt lieuës environ eftoit tout degafté; car le Duc de Bourgoingne & fes freres admenerent leurs puiffances de devers Flandres & Bourgoingne, mais ils ne prenoient que vivres ceulx au Duc de Bourgoingne ne à fes aidans, mais trop largement en prenoient, & les Gens de Berry & de fes aidans pilloient, roboient, tuoient en Eglife & dehors Eglife, efpecialement ceux au Comte d'Armignac, & les Bretons, dont fi grant charté s'enfuivy de pain que plus d'ung mois le fextier de bonne farine valloit cinquante francs ou foixante, dont les pouvres gens de ville, comme au defefpoir, fuoient, & leur firent plufieurs efcarmouches & en tuerent moult, & tout ce n'eftoit que pour l'envie qu'ils avoient pour ce que les gens de Paris aimoient tant le Duc de Bourgoingne, & le Prevost de Paris, nommé Pierre des Effars, pour ce qu'il gardoit fi bien la Ville de Paris, car toute nuyt & toute jour il alloit parmi la Ville de Paris, tout armé, lui & grant foifon de gens d'armes, & faifoit faire aux gens de Paris toutes les nuys le plus bel guet qu'ils povaient, & ceulx qui n'y povaient aller, faifoit veiller devant leur Maison, & faire grans feus par toutes les ruës jusques au jour, & y avoit Quarteniers, Cinquanteniers, Difeniers, qui ce ordonnoient, dont ceulx de devers Berry tindrent fi court ceulx de Paris pardevers la Porte S. Jacques, Bordelles, S. Marciau, S. Michel, que les vignes demourerent à vendenger & les femailles, & plus à quatre lieuës au tour de Paris devers lesdites Portes jufques à la S. Climent, encore vendengeoit-on, & par la grace de Dieu il y avoit tres peu de pourris ; car il fift tres bel tems, mais ils ne fe povaient efchaufer es cuves, & fi ne venoit pain à Paris qui ne convenift aller querre à force de gens d'armes par eauë & par terre; & y avoit ung Chevalier logé à la Chapelle S. Denis, nommé Meffire Morelet de Betencourt, qui alloit querre le pain à S. Brice & aillieurs lui & fes Gens tant que ce contens dura, qui dura jufqu'à la Touffains. Et un pou devant avoit prefché devant le Roy le Miniftre des Mathurins tres bonne perfonne, & monstra la

3

I409.

1410.

crualité que ils faifoient par deffault de bon confeil, difant qu'il falloit qu'il y euft des traitres en ce Royaulme, dont ung Prélat nommé le Cardinal de Bar qui cftoit audit Sermon le defmenty & nomma villain chien, dont il fut moult hay de l'Univerfité & du Commun; mais à peu lui en fù, car il praticoit grandement avecques les autres qui portoient chacun une bende dont il étoit Ambaffadeur. Car le Duc de Berry portoit celle bende, & tous iceulx de par lui, & ce tindrent tellement en celle bande, qu'il avint que ledit Prevost fur depofé pour l'envie qu'ils avoient fur le Commun de Paris qu'il gardoit fi bien: car aucuns & le plus de la bende qui cuidoient de certain qu'on deust piller Paris, & tout le mal qui ce faifoit de delà, chacun difoit que ce faifoit le Comte d'Armignac, tant eftoit de malle voulenté plain & pour certain on avoit autant de pitié de tuer ces Gens comme de chiens. Et quelconque eftoit tué delà on disoit c'est un Armignac car ledit Comte eftoit tenu pour tres cruel homme & Tirant & fans pitié. Et certain ceulx de laditte bende euffent fait du mal plus largement, ce ne fuft le froid & la famine qui les fist traictier comme une chose non achevée, comme pour en charger arbitres, & fut fait environ le 6 Novembre 1410. & s'en alla chacun à sa Terre Novem, jufques à ce qu'on les mandaft, & qui a perdu fi a perdu. Mais le Royaulme de France ne recouvra la perte & le dommaige qu'ils firent en vingt ans enfuivans; tant viengne bien. En ce temps fut la riviere de Saine fi petite, car oncques on ne la vit à la S. Iehan d'Efté plus petite qu'elle eftoit á la S.Thomas devant Nouel; & neantmoins par la grace de Dieu on avoit à Paris en ce temps environ cinq femaines après l'allée des Gens d'armes tres bon blé pour dix-huit ou vingtfols le Sextier. L'an 1411. enfuivant recommancerent ceulx de la bende leur mauvaise vie : Car en Aouft vers la fin vindrent devant Paris du cofté de devers faint Denis & deffierent le Duc de Bourgoingne & fit chacun fon Affemblée vers Mondidyer, mais que les Bendez fceurent la belle Compaignie que Bourgoingne avoit,ils ne l'oferent oncques affaillir, & fi les attendit-il par cinq femaines. Quant le Duc vit la chofe, il dit qu'ils n'avoient guerre qu'au Roy & à la bonne ville de Paris, les renvoia fes communes & les convoya grant pays,& les faulx Bendez Armignacs commancerent à faire tout le pis qu'ils povaient & vinrent aux plus de Paris en plaines vendenges; c'eft affavoir 3 Octob. environ mynuit entre Sabmedy & Dimenche troifiéme jour d'Octobre 1411. furent à Pantin, à faint Ouyn, à la Chapelle faint De nis, à Montmartre, à Glinen court & par tout les villaiges d'entour Paris dudit cofté & affegerent faint Denis & firent tant de maulx, comme cuffent fait Sarrazins; car ils pendoient les gens, les uns

14 II. Aouft.

par les poulces, autres par les piez, les autres tuoient & rançonnoient & efforçoient femmes & boutoient feux & quiconques ce feist, on difoit ce font les Armignacs, & ne demouroit perfonne efdits villaiges que culx mefmes. Cepandant vint Pierre des Effars à Paris & fut Prevost comme devant & fift tant qu'on cria parmy Paris qu'on abandonnoit les Armignacs & qu'on povoit les tuer, fi les tuaft & prints leurs biens. Si y alla moult de gens qui plufieurs fois leur firent dommaige & par efpeciallement compaignies de villages qu'on nommoit Brigans qui s'affemblerent & firent du mal; aflavoir fous l'ombre de tuer les Arminaz. En ce temps prindrent ceulx de Paris chapperons de drap pers & la Croix faint Andrieu, un Jou milieu de la Croix, ung efcu à la fleur de Lis & en maint de quinze jours avoit à Paris cent milliers que hommes que enfans fignez de laditte Croix; car nul n'y soit de Paris qui ne l'avoit.

1411.

3

Item, le 13 jour d'Octobre prin drent les Arminaz le Pont de 13 Octob; faint Cloud par un faulx Traiftre qui en eftoit Cappitaine qu'on nommoit Colinet de Pifex qui leur vendy & livra & furent tuez moult de bonnes gens qui estoient dedens & tous les biens perdus dont il y avoit grant foifon ; car tous les villaiges d'entour y avoient leurs biens qui furent tous perdus par le faulx Traistre.

Item, le vingt-quatrième jour d'Octobre prinrent S. Denis, comme Saint Cloud par trahison d'aucuns qui estoient dedens, fi comme on difoit que le Seigneur de Chaalons en eftoit confentant, lequel eftoit au Duc de Bourgoingne. Quant les Bandez furent maiftres des deux de faint Cloud & de faint Denis, ils s'énorgueillirent tellement qu'ils venoient jufques aux Portes de Paris: car leurs Seigneurs eftoient logez à Montmartre & venoient jufques dedens Paris, & qui y entroit & yffoit, dont ceulx de Paris avoient grant doubte. En ce temps avoit à Paris ung Efcuier nommé Enguerrand de Bournonville, & ung nommé Amé de Brey qui moult leur firent d'efcarmouches & de jour & de nuit car les Arminaz doubtoient plus ces deux hommes que le Comte de S. Paul & toute fa puiffance qui lors eftoit Cappitaine de Paris, & portoit en fa Banniere fleur de Bouroche.

24. Octob

Item, le 16 jour d'Octobre estoient les Arminaz emprés le moulin à 16. Octob vent au deffus de S. Ladre, à doncques yffirent ceulx de Paris fans Gouverneur & allerent fur culx tous nuds d'armes, fors que deTrait & de Piques de Flandres, & les autres eftoient bien armez & vindrent fur la chauffée à eulx,& tantoft en tuerent bien foixante à quatre vingt & leur ofterent quant qu'ils avoient jufques aux Brayes, & plus en euffent tué largement, ce ne fuft le chemin qui eftoit eftroit, & la nuit car non pourtant moult de ceulx de Paris furent pavrez, Quelques feuillets ont été déchirez.

qui venoit ; ainfi advint

A iij

1411.

B. Nov.

Adoncqeftoient ceux de Paris moult esbahis; car on ne fçavoit nulle nouvelle du Duc de Bourgongne, & cuidoit on qu'il fust mort, & il cftoit allé traiter aux Englois en Angleterre,& revint à Paris le plustot 23. O&ob. qu'il pot, & y entra le 2 3 jour d'Octobre ou dit an, & amena en sa compaignie bien fept à huit mille Englois avecques fes Gens, & le 25 jour 25. Caob. dudit mois allerent les Englois efcarmoucher ou Moulin au vent, & tüerent moult des Arminaz & de leurs chevaux par force de Trait. Item, le huitiéme jour de Novembre enfuivant oudit an, fift chafcune Difenne felon fa puiffance de Compagnons veftus de Jacques & armes, & firent leur monftre cedit jour, & furent bien feize ou dix-fept cens tretous fors hommes ; & ce jour environ dixheures de nuyt party de Paris le Duc de Bourgongne avecques lui les Compaignons deffus dits & les Englois, & alla toutte nuyt à faint Cloud, & parti par la Porte S. Jacques ; & quant il fut devant le Pont de S. Cloud, il fut le point du jour. Adoncq il fist affaillir ledit Pont, & la Ville qui étoit toute plaine de tres puiffans gens d'armes Arminaz, qui moult fe deffendirent, mais pou leur valust; car tantost furent defconfiz, & tous mis à l'efpée, & furent bien fix cens tuez, & le faulx Traitre qui avoit vendu le dit Pont, fut prins en l'Eglise de S. Cloud au plus hault du clocher vestu en habit d'un Preftre, & fut admené à Paris en prinfon, & le Duc de Bourgongne fift mettre le feu dans le Pontleveys, dont il s'en noya bien trois cent, & diton que ce de paour & de hafte d'entrer en la Tour, & dit-on que ce fut ung des beaux affaulx qu'on euft point veü paffé à long-temps. Car une partie de la plus grant force des Arminaz eftoient en la Tour, fi que on ne la peuft avoir fi legierement; & auffi tous les Arminaz de S. Denis y vinrent de l'autre cofté de l'eaüe, fi ne porent rien faire l'un à l'autre, que gafter leur Trait. Lors fit le Duc de Bourgogne retraire fes Gens, & s'en revint à Paris pour aller affaillir ceulx de S. Denis. Et le landemain allerent à S. Denis le Prevoft, & Enguerran & ceulx de Paris; mais ils n'y en trouverent nuls, tous s'en eftoient fuiz la nuyt de devant, & paffé la riviere par un Pont de bois qu'ils avoient fait en laditte Ville de S. Denis. Et ce jour que nos Gens furent à faint Denis, eftoit la vigille faint Marcin dyver, & fut ce jour faite Proceffion Generale à Noftre-Dame de Paris, & là devant tout le peuple fut maudite, & excommuniée toute la Compaignie des Arminaz & tous leurs aidans & confortans, & furent nommez par nom tous les grans Seigneurs de la maldite Bande: c'est afsavoir le Duc de Berry, le Duc de Bourbon, le Comte d'Alençon, le faulx Comte d'Arminac, le Conneftable, l'Arcevefque de Sens, frere du devant dit Montagu, Robert de Tuillieres Lieutenant du Prevost de

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