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POUR SERVIR

A L'HISTOIRE DE FRANCE

ET DE BOURGOGNE,

CONTENANT

UN JOURNAL DE PARIS,
Sous les Regnes de Charles VI. & de Charles VII.
L'Hiftoire du Meurtre de Jean fans peur, Duc de Bourgogne,
avec les Preuves..

Les Etats des Maifons & Officiers des Ducs de Bourgogne de la derniere Race,
enrichis de Notes hiftoriques très-intereffantes pour un grand nombre
de Familles illuftres.

Des Lettres de Charles le Hardy, Duc de Bourgogne, au Sieur de Neufchaftel du Fay,
Gouverneur du Luxembourg; & plufieurs autres Monumens très-utiles
pour l'éclairciffement de l'Hiftoire du XIV. & XV. fiecle.

Avec une Table des Matieres, & des Noms des Familles les plus confiderables
dont il eft fait mention dans l'Ouvrage.

Chez

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A PARIS,

JJULIEN-MICHEL GANDOUIN, Quay de Conry,

Vertus.

ET

PIERRE-FRANÇOIS GIFFART, ruë faint Jacques,
à l'Image fainte Therese.

M. DCC. XXIX.

AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY.

SOLEGE

HARVITS

MAY 24 1910

LIBRARI

Gift of Frof.A.C.Coolidge

37-248 13

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I

L me paroît inutile de relever par des éloges les Mémoires que l'on donne au Public dans ces deux Volumes: un Recueil auffi riche que celui-ci n'a pas befoin de recommandation, & tous ceux qui aiment l'Hiftoire de France en reconnoîtront l'importance du premier coup d'œil.

Le Journal de Paris qui eft la premiere piece de ce Recueil, n'étoit pas entierement inconnu, M. CL. DUPUY, Confeiller au Parlement de Paris, mort en 1594. l'avoit vû, & il en avoit conçû tant d'estime, qu'il en avoit fait de fa propre main un long Extrait, que M. JACQ. DUPUY, Prieur de S. Sauveur, l'un de fes fils, communiqua depuis à Denys Godefroy, qui le joignit avec quelques autres pieces, à l'Hiftoire de Charles VI. de Jean Juvenal des Urfins.

On croit que le Ms. fur lequel a été fait cet Extrait, que Godefroy appelle une Piece notable & curieuse, a appartenu à M. PETAU, Confeiller au Parlement, que la Reine CHRISTINE de Suede l'acquit enfuite, & que c'eft de fa Bibliotheque qu'il a paffé dans celle du Vatican, où on le conferve aujourd'hui. Quoiqu'il en foit, l'Extrait que nous en avions étoit plus propre à exciter la curiofité qu'à la fatisfaire, & l'on avoit befoin de l'Original pour être plus parfaitement instruit de divers évenemens importans.

P.. 497. &
Tuiv.

Il feroit à souhaiter que nous euffions ce Journal entier, le com-
mencement nous manque, & l'on ne fçait fi l'on peut efperer de ré-
parer cette perte. M. Dupuy y avoit lû fous l'an 1408. une Rela-
tion de l'Entrée du Roy Charles VI. à Paris, avec quelques observa-
tions fur ce que l'Univerfité pratiquoit autrefois à la mort duPape, &
lorfqu'on lui avoit élu un Succeffeur: au lieu de cela on a trouvé dans
le Ms. une defcription affez étendue des précautions que l'on prit pen-
dant deux mois dans la même Ville, pour n'être pas furpris par le
Duc d'Orleans, que les Parifiens n'aimoient pas.

Cette defcription qu'on a rapportée à l'an 1408. n'y convient fùre-
ment pas; le Duc de Bourgogne n'avoit plus de troupes dans Paris
au mois de Septembre de cette année-là, il en étoit forti aller P
pour
combattre les Liégeois, qui refufoient de reconnoître leur Evê-
que. Après fon départ, la Reine entra dans cette Ville le 30. Août,
& peu après les deux Ducheffes d'Orleans & le Duc d'Orleans lui-mê-

195.

Hift. de

Charl. VI.

194.

me, à qui le Confeil promit de rendre justice. On fit, à la verité, garder les portes, quand on eut appris la défaite des Liégeois; mais on ne prit ces précautions que contre le Duc de Bourgogne, dont les Princes appréhendoient le retour, & peut-être auffi pour contenir les Parifiens, qui montroient trop d'affection pour le Bourguignon: du moins fongeoit-on fi peu à leur donner les ordres dont il eft fait menp. 196. tion dans le Journal, que la tranquillité où on les laiffoit fervit de prétexte aux mal-intentionnéz, de faire courir le bruit qu'on avoit réfolu de défarmer tous les habitans, & de leur ôter les chaînes dont ils fe fervoient dans les temps de troubles pour fermer les paffages.

Ce qui montre encore que cet endroit du Journal ne peut conve-
nir à l'an 1408. c'est qu'on y lit que l'Evêque de Liége vint au mois
de Septembre à Paris, & qu'après avoir été obligé par le Prevôt qui
étoit allé le recevoir à la Porte S. Denys, à faire ferment
que
il ne feroit
contre le Roy ne contre la Ville, il alla loger à l'Hôtel de la Trimouille.
Ce Prélat avoit de l'occupation ailleurs au mois de Septembre 1408.
il venoit de foûtenir un fiége dans la ville d'Utrecht, & après la re-
traite des Liégeois, il s'étoit mis en marche à la tête des troupes qu'il
avoit pû raffembler, pour aller joindre fes Alliez ; mais quelque dili-
gence qu'il eut faite, il ne les joignit qu'après la Bataille du 23. Sep-
tembre, qui lui affùra la poffeffion de l'Evêché.

J'ai crû devoir chercher l'époque de ce commencement du Jourp. 166. nal, & j'ai trouvé que c'étoit l'année 1405. La Reine & le Duc d'Or leans ayant quitté Paris vers la fin du mois de Juillet, ou au commencement du mois d'Août, en firent enlever le Dauphin, mais il fut ramené dans cette Ville par le Duc de Bourgogne, qui gagna l'affec tion des Parifiens par cette action, & en déclarant qu'il avoit réfolu de s'appliquer à rétablir le bon ordre dans le Royaume. On fit entrer enfuite des troupes de tous côtez dans Paris, où l'on vit en peu de temps jufqu'à vingt mille Chevaux étrangers, fans que les vivres y rencheriffent.Le Duc de Berry fut fait Capitaine de la Ville,& le Duc de Bourbon y étoit dans une haute confideration; on le nomma Chef de l'Ambaffade qu'on envoya à la Reine & au Duc d'Orleans pour les appaifer. Jean Juvenal ajoûte plufieurs autres particularitez remarquables : que les troupes du Duc de Limbourg, frere du Duc de Bourgogne, fe gouvernerent bien doucement & gratieusement, que l'Evêque de Liége entra dans Paris le 28. d'Août, & qu'il fit des difficultez avant qu'il vouluft entrer que le Duc de Berry fit remettre les chaînes au travers de la riviere.... & ordonner les portes pour fermer, lef quelles n'avoient fermé y avoit plus de vingt-quatre ans : enfin que le Samedy 15. jour d'Octobre, on cria allarme; que les gens de guerre &

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les habitans ayant pris les armes, vouloient faillir par la porte S. Antoi-
ne, mais que le Duc de Berry appaifa ce tumulte. Il est aifé de
voir la conformité de cette narration avec celle du Journal, où
l'on n'a apparemment nommé deux Capitaines de Paris, qu'à cause
qu'il avoit été reglé que le Duc de Bourbon feconderoit le Duc de
Berry, & feroit Capitaine de la Ville en fon abfence. L'Hiftorien de
Charles VI. entre davantage dans le détail des troupes qui vinrent à
Paris, & le Journaliste décrit plus exactement les précautions que
prit pour la fûreté de la Ville, & fur-tout pour empêcher que des en-
nemis cachez n'y miffent le feu. S'ils ne font pas d'accord fur le jour
de l'arrivée de l'Évêque de Liége, ni fur celui de cette émeute gene-
rale dont j'ai parlé, ces legeres differences nous obligent d'autant
moins à croire qu'ils décrivent des chofes arrivées en differentes an-
nées, qu'il eft constant que la date de l'émeute eft vicieufe dans l'Hif-

que l'on

toire. Le 15. d'Octobre en 1405. se rencontra au Jeudy ; & puifque

l'Historien & le Journaliste s'accordent à dire que ce fut un Samedy
qu'elle arriva, nous pouvons hardiment la placer au 10. du même
mois, comme a fait le dernier.

On peut dire encore qu'ils font d'accord en partie fur le jour de l'arrivée de l'Evêque de Liége à Paris. Notre Auteur dit que ce fut le Vendredy 12. de Septembre qu'il entra dans cette Ville; mais le 12. de Septembre étant un Samedy en 1405. il eft conftant qu'il fe trompe, & peut-être vaut-il mieux placer avec l'Hiftorien cette arrivée au 28. d'Août, qui effectivement fut cette année-là un Vendredy.

Comme c'est en cette année 1405. que commencerent les troubles du Royaume, auxquels les Parifiens prirent tant de part, il y a lieu de croire que le Journal ne remontoit pas plus haut: il étoit peu chargé d'abord, comme on le voit aux années 1409. & 1410. que nous avons toutes entieres, mais il est enfuite plus abondant, & contient une foule de détails intereflans qu'on trouveroit mal aisément ailleurs. Au reste, ce n'eft pas l'Ouvrage d'un feul Auteur ; le premier qui y a mis la main, n'a poufflé fon travail que jufqu'à l'an 1431. & celui qui lui a fuccedé eft beaucoup plus court.

Le premier Auteur a fi bien marqué le temps où il écrivoit, que je ne comprends pas comment M. Dupuy ne l'a pas reconnu. Je ne m'arrête pas à la defcription qu'il fait fous l'an 1430. des défordres que commettoient les François, les Anglois, les Armagnacs, les Bourguignons & les Picards: it en parle comme de maux préfens, mais il avoit parlé de même de la trifte fituation où le Roy Charles VI. & la Reine fa femme s'étoient trouvez en 1419. après la

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