POUR SER VIR ET DE BOURGOGNE, CONTENANT UN JOURNAL DE PARIS, Sous les Regnes de Charles VI. & de Charles VII. avec les Preuves. de Familles illustres. pour l'éclaircissement de lHistoire du xiv. & xv. siecle. dont il est fait mention dans l'Ouvrage. À PARIS, aux trois Vertus. Chez ET (PIERRE-FRANÇOIS GIFFART, ruë saint Jacques , à l'Image sainte Therese. M. DCC. XXIX. P. 497. & Tuiv. PREFACE. par des éloges les Mémoires que l'on donne au Public dans ces deux Volumes : un Recueil aussi riche que celui-ci n'a pas besoin de recommandation, & tous ceux qui aiment l'Histoire de France en reconnoîtront l'importance du · premier coup d’ail. Le Journal de Paris qui est la premiere piece de ce Recueil, n'étoit pas entierement inconnu, M. Cł. DUPUY, Conseiller au Parlement de Paris, mort en 1594. Pavoit vû, & il en avoit conçû tant d'estime, qu'il en avoit fait de la propre main un long Extrait, que M. JACQ. Dupuy, Prieur de S. Sauveur, l'un de ses fils, communiqua depuis à Denys GODEFROY , qui le joignit avec quelques autres pieces, à l'Histoire de Charles VI. de Jean Juvenal des Ursins. On croit que le Ms. sur lequel a été fait cet Extrait , que Godefroy appelle une Piece notable de curieuse, a appartenu à M. PETAU , Conseiller au Parlement, que la Reine CHRISTINE de Suede l'acquit ensuite, & que c'est de la Bibliotheque qu'il a passé dans celle du Vatican , où on le conserve aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, l'Extrait que nous en avions étoit plus propre à exciter la curiosité qu'à la satisfaire, & l'on avoit besoin de l'Original pour être plus parfaitement instruit de divers évenemens importans. If seroit à souhaiter que nous eussions ce Journal entier, le commencement nous manque , & l'on ne sçait si l'on peut esperer de réparer cette perte. M. Dupuy y avoit lù sous l'an 1408. une Relation de l’Entrée du Roy Charles VI. à Paris, avec quelques observations sur ce que l'Université pratiquoit autrefois à la mort duPape, & lorsqu'on lui avoit élu un Successeur : au lieu de cela on a trouvé dans le Ms. une description assez étenduë des précautions que l'on prit pendant deux mois dans la même Ville, pour n'être pas surpris par le Duc d'Orleans , que les Parisiens n’aimoient pas. Cette description qu'on a rapportée à l'an 1408. n'y convient sûrement pas ; le Duc de Bourgogne n'avoit plus de troupes dans Paris Charl . VI. au mois de Septembre de cette année-là, il en étoit sorti pour combattre les Liégeois, qui refusoient de reconnoître leur Evêque. Après son départ, la Reine entra dans cette Ville le 30. Août , & peu après les deux Duchesses d'Orleans & le Duc d'Orleans lui-mê Hift. de aller p. 1940 195 1 pour contenir les me, à qui le Conseil promit de rendre justice. On fit, à la verité, gar- trop d'affection pour le Bourguignon : du prétexte aux mal-intentionnéz, de faire courir le bruit qu'on avoit Ce qui montre encore que cet endroit du Journal ne peut conve- J'ai crû devoir chercher l'époque de ce commencement du Journal, & j'ai trouvé que c'étoit l'année 1405. La Reine & le Duc d'Orleans ayant quitté Paris vers la fin du mois de Juillet, ou au commencement du mois d'Août, en firent enlever le Dauphin, mais il fut ramené dans cette Ville par le Duc de Bourgogne, qui gagna l'affecotion des Parisiens par cette action, & en déclarant qu'il avoit résolu de s'appliquer à rétablir le bon ordre dans le Royaume. On fit entrer ensuite des troupes de tous côtez dans Paris , où l'on vit en peu de temps jusqu'à vingt mille Chevaux étrangers, fans que les vivres y rencheriffent. Le Duc de Berry fur fait Capitaine de la Ville,& le Duc de Bourbon y étoit dans une haute consideration ; on le nomma Chef de l'Ambassade qu'on envoya à la Reine & au Duc d'Orleans , pour les appaiser. Jean Juvenal ajoûte plusieurs autres particularitez remarquables : que les troupes du Duc de Limbourg , frere du Duc de Bourgogne , fe gouvernerent bien doucement du gratieusement , que l'Evêque de Liége entra dans Paris le 28. d'Août, & qu'il fit des difficultez avant qu'il voułuft entrer: que le Duc de Berry fit remettre les chaînes au travers de la riviere.... e ordonner les portes pour fermer, lef-; quelles n'avoient fermé y avoit plus de vingt-quatre ans : enfin que le Samedy 15. jour d'Odobre, on cria allarme ; que les gens de guerre & p. 166. He, mais prit pour les habitans ayant pris les armes, vouloient faillir par la porte S. Antoi que le Duc de Berry appaisa ce tumulte. Il est aisé de voir la conformité de cette narration avec celle du Journal, où l'on n'a apparemment nommé deux Capitaines de Paris , qu'à cause qu'il avoit été reglé que le Duc de Bourbon seconderoit le Duc de Berry, & seroit Capitaine de la Ville en son absence. L'Historien de Charles VI. entre davantage dans le détail des troupes qui vinrent à Paris, & le Journaliste décrit plus exactement les précautions que l'on la sûreté de la Ville , & sur-tout pour empêcher que des ennemis cachez n'y missent le feu. S'ils ne sont pas d'accord sur le jour de l'arrivée de l'Évêque de Liége, ni sur celui de cette émeute generale dont j'ai parlé, ces legeres differences nous obligent d'autant moins à croire qu'ils décrivent des choses arrivées en differentes années, qu'il est constant que la date de l'émeute est vicieuse dans l'Hiftoire. Le 15. d'Octobre en 1405. se rencontra au Jeudy; & puisque l'Historien & le Journaliste s'accordent à dire que ce fut un Samedy qu'elle arriva, nous pouvons hardiment la placer au 10. du même mois, comme a fait le dernier. On peut dire encore qu'ils sont d'accord en partie sur le jour de l'arrivée de l'Evêque de Liége à Paris. Notre Auteur dit que ce fut le Vendredy 12. de Septembre qu'il entra dans cette Ville ; mais le 12. de Septembre étant un Samedy en 1405. il est constant qu'il se trompe, & peut-être vaut-il mieux placer avec l'Historien cette arrivée au 28. d'Août , qui effectivement fut cette année-là un Vendredy. Comme c'est en cette année 1405. que commencerent les troubles du Royaume, auxquels les Parisiens prirent tant de part, il y a lieu de croire que le Journal ne remontoit pas plus haut: if étoit peu chargé d'abord, comme on le voit aux années 1409. & 1410. que nous avons toutes entieres, mais il est ensuite plus abondant, & contient une foule de détails interessans qu'on trouveroit mal aisément ailleurs. Au reste, ce n'est pas l'Ouvrage d'un feul Auteur ; le premier qui y a mis la main, n'a poussé son travail que jusqu'à l'an 1431. & celui qui lui a succedé est beaucoup plus court. Le premier Auteur a si bien marqué le temps où il écrivoit , que je ne comprends pas comment M. Dupuy ne l'a pas reconnu. Je ne m'arrête pas à la description qu'il fait fous l'an 1430. des désordres que commettoient les François , les Anglois , les Armagnacs', les Bourguignons & les Picards: it en parle comme de maux présens , mais il avoit parlé de même de la triste situation où le Roy Charles VI. & la Reine la femme s'étoient trouvez en 1419. après la |