Et ce feroit affez de ce que nous avous fait remarquer dans cette Regle & dans les précédentes, pour comprendre combien notre Poëfie l'emporte fur l'Italienne & sur l'Espagnole du côté de la sévérité & de l'exactitude. On peut permettre la Rime de tems avec Printems aux faifeurs de Printems & de Chanfonnettes, parce qu'il y a bien à dire de leur caractère à celui d'Auteur. Mais s'il eft quelque tems Où vous foiez fenfible aux peines que j'endure C'est pour moi, Philis, je vous jure, Ce qui fait le Printems. Je trouve encore la Rime de jours à toûjours dans les Rondeaux dont il a été parlé. Mais cet exemple étant unique, & étant tiré du Rondeau, ne fait point de Regle. Le jeune Arcas penfa trancher fes jours, V. REG L E. La Rime du fimple au compofe eft reçûe, lorfqu'ils ont par l'ufage des fignifications affez différentes. Comme garde 25 luftre 25 fait 2 5 fort effort S Ou querellant tout bas le Ciel qu'elle regarde,' A la Bête gémir d'un Roi venu fans garde. Defpreaux. La Satyre ne fert qu'à rendre un Fat illuftre, C'est une ombre au tableau qui lui donne du luftre. le même. Tout le monde a lû dans de fort jolies Fables: Comme on l'eut dit autrefois on l'eut fait. Quand nos Peres vouloient peindre un amour par fait, La Tourterelle en étoit le symbole. La Fontaine a dit dans les fiennes : L'aîné les ayant pris & fait tous fes efforts, 1. Obfervation pour fervir d'éclairciffe ment aux deux Regles précédentes qui regardent les Rimes du fimple avec les compofez, ou de la racine avec les dérivez. Lorfque de deux mots que l'on fait rimer ensemble, l'un eft pris dans le fens naturel, & l'autre dans le fens figuré, ou que l'un & l'autre font pris dans un fens figuré, la Rimë eft réguliere. 2. Observation. Elle l'eft auffi lorfque les deux termes n'ayant entre eux qu'une liaison purement Grammaticale dans leur origine, ils fignifient des chofes très-différentes. Par exemple, un Grammairien ou un homme qui travaille fur les origines de la Langue, trouvera que ressource est un compofé de fource, & qu'allarmes eft dérivé d'armes ; & c'eft-là tout le rapport que l'on peut concevoir entre ces termes, qui ont d'ailleurs des fignifications bien différentes. Par ces deux Obfervations on jugera que les Rimes fuivantes font des Rimes inconteftables. Joiez content de voir au feul bruit de vos armes • Tant d'Etats agitez de mortelles allarmes. dans Cadmus Epitre au Roi Mais tous les amis qui coururent, A point nommé le fecoururent. Sarafin dans la Pompe funebre de Voiture Bien digne du pardon qu'on devoit lui donner, Sarafin. La Rime de donner avec ordonner ne fouffre point de difficulté, & n'appartient point à cette Regle; car ordonner ne vient point de donner, comme on voit par les deux ter mes latins, donare, ordinare. ↓..... .. Mais j'attefte les Dieux, Témoin de la fureur de mes derniers adieux: Seigneur, il faut régler les nôtres: Et je ne puis vous dire en ces triftes adieux ... Ils ont entrepris ma défaite ; Pfiché. Hé bien, leur volonté foit faite. Sarafin Je fuis ce que le Ciel m'a faité. Si les vœux qu'on m'offroit vous ont mal fatisfaite Quinault. Effayez en prenant mon amitié pour gage, Ce que peut une foi que nul ferment n'engage, Racine. J'obéis comme on me commande, Et voici comme je vous mande. Sarafin. Sa colere après tout n'a rien qui me surprenne : C'est à vous, c'est à moi qu'il faut que je m'en prenne. Racine. Monfieur, pour un Sergent je ne pouvois vous prendre : Mais le plus habile homme enfin peut le mépren dre. Racine dans les Plaideurs. C'est pour vous furprendre... Il n'a point à prendre... dans un même air de Pfiche Mais je connus bien-tôt qu'elle avoit entrepris Racine. Le refte est un malheur qui n'est point fans reffource, Des larmes d'Odavie on peut tarir la fource. le même, |