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fupprimé dans la prononciation, quand il fe mange. Ainfi, par exemple, la troifiéme fyllabe de ce Vers fait entendre à l'oreille une maniere de fifflement, ou de Triphtongue, compofée des fons de l'a, de l'e, & de l'i, ce qui rend la mesure tout-àfait languiffante. On voit encore trois voyelles jointes en une fyllabe dans l'antepénultiéme du dernier Vers.

Non pur le Querce, mà le Rocche, e i colli.

Ils n'ont que cette forte de Vers, où ils ayent égard à la Cefure; & cette Cefure ne le fait pas neceffairement comme parmi nous, ou fur la derniere fyllabe du mot, comme elle l'eft par hazard dans ce Vers,

Negro via piu c'horror-d'Inferno, in Cielo...: ou fur la pénultiéme; non feulement à condition qu'il y ait élision dans la derniere

comme

Da gl'occhi de' morta-li un negro velo.... mais auffi fans cette condition, comme Non pur le Querce, mà le Rocche, e i colli.

Et comme cette Cefure n'eft parmi eux

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qu'un Accent foûtenu, & que l'Antepénultiéme du mot foûtient quelques - fois l'Accent chez les Italiens, ils y placent auffi la Cefure, comme on le voit dans cet autre Vers du Taffe.

En fembiante magna-animo, & augufto...

Mais ce qui donne de grandes facilitez pour la Cefure, c'eft qu'elle peut porter ou fur la quatriéme fyllabe du Vers, ou sur la fixiéme, ainfi qu'il plaît à l'Auteur. Elle est fur la fixiéme dans le premier Vers de cette Octave,

Da gl'occhi de' mortali un negro

velo....

ainfi que dans la deuxième, troifiéme, fixiéme, feptiéme, & fur la quatriéme dans tous les autres.

Cofi fiammeggia in fra baleni, e lampi....

Cette diverfité fait qu'il y a fineffe à donner la cadence aux Vers Italiens en lifant: & comme fuivant ces remarques il y a jufques à cinq ou fix manières de Cefure toutes reçues, on ne fçauroit prefque jetter onze fyllabes fur le papier qu'on n'en rencontre quelqu'une, & qu'on ne trouve un Vers tout fait.

192 DELA CESURE DES VERS FRANÇ

Ces réfléxions ajoûtées à celles, que nous avons faites dans la premiére Partie, & à la licence que les Italiens prennent de tronquer, & de defigurer prefque tous les mots, font voir non-feulement que leur verfification eft infiniment plus facile que la nôtre, mais auffi qu'elle n'a pas cette jufteffe, & qu'elle eft dépouillée d'une infinité d'agrémens qui nous font particuliers.

Fin de la feconde Partie,

INSTITU

UNIVERSITY

TAYLOR

23 SEP 1955

OF OXFORD

TROL

TROISIEME PARTIE

Des Ouvrages particuliers à
la Poëfie Françoife.

C

E'ft à ceux qui traitent de la Poëtique en général, de donner les Régles du Poëme Epique, des Actions Dramatiques, de l'Ode, de l'Eglogue, de l'Elegie, & de la Satire; parce que les Régles en font univerfelles pour toutes les Langues, & pour toutes les Nations. Mais quand on s'eft borné à la Poefie Françoife, on ne doit traiter, pour fe tenir dans fon fujet, que des Piéces dont le caractére & la maniére y ont quelque chofe de propre & de particulier.

R

CHAPITRE I.

Des Stances, & de leurs différentes Espèces.

Ne Stance n'eft autre chose qu'un nombre arrêté de Vers, comprenant un fens parfait, & mêlez d'une maniere particuliere, qui s'obferve dans toute la fuite de la piéce.

PREMIERE REGLE.

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On ne doit jamais enjamber d'une Stance à l'autre, comme font les Grecs & les Latins dans leurs Strophes, aufquelles, à cela près, nos Stances ont beaucoup de rapport. On dit que les Stances font enjambées, lorfque chacune prise séparément ne fait pas fon fens parfait.

II. REG LE,

Il faut conclure chaque Stance par quelque pensée plus fine, & par quelque trait plus piquant que le refte, à peu près comme on fait l'Epigramme; à moins qu'on ne falle qu'une fimple traduction; car

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