: culins de même Rime entre deux Feminins qui riment enfemble à Rimes mêlées, lorfque dans le mélange des Vers on ne garde d'autre Regle que celle de ne pas mettre de fuite plus de deux Mafculins, ou plus de deux Feminins, de laquelle même quelques-uns fe difpen fent. Le Poëme Epique, la Tragédie, la Comédie, l'Elegie, l'Eglogue, la Satyre, se compofent à Rimes plates; l'Ode, le Sonnet, le Rondeau, la Balade, le ChantRoyal à Rimes croifées : les Fables, les Madrigaux, les Chanfons à Rimes mêlées. On emploie depuis peu cètte derniere Ordonnance, qui eft peu Poëtique, dans l'Idille, dans quelques Piéces de Théatre, comme on a fait dans l'Amphitrion, dans les Opéra, & dans tout ce qui eft fait pour être chanté. Parmi les Rimes des deux espèces, on diftingue celles qui font Riches, & celles qui ne le font pas; je nomme ces dernieres, Rimes fuffifantes, parce que les fons y font fuffifamment les mêmes pour qu'elles puiffent être indifféremment emploiées avec les Riches dans nos compofitions, hors certains cas qui feront fpécifiez dans leur lieu. Les définitions de nom ne fe conteftent C pas, pourvû qu'on s'explique, & qu'elles fervent à abreger. II. REG LE. La Rime Feminine eft Suffifante, lorfque la pénultiéme voyelle ou diphtongue avec tout ce qui la fuit, rend un même fon dans les mots qui forment la Rime: Comme antes. b {infid-} elle. {victoire. III. REG LE. gl La Rime Feminine eft Riche, lorf que immédiatement devant la pénultiéme voyelle ou diphtongue il y a une même lettre dans les deux mots qui font la Rime: La Rime Masculine eft Suffifante, lorsque la derriere voyelle ou diphtongue des mots, avec tout ce qui la fuit, y rend un même fon: Comme def }ant, {dd}irs. (cfr.} oir. eux. V. REG L E. {efp-} La Rime Mafculine eft Riche, lorf qu'immédiatement devant cette derniere voyelle ou diphtongue il fe trouve quelque lettre femblable dans les deux mots : Ceux qui définiffent la Rime Riche, Un même fon dans les deux dernieres fyllabes des mots, ne parlent pas affez jufte, puifque ces Rimes (troublé, reglé) (troublée, reglée) (couvrir, flétrir), & un grand nombre d'autres, paflent pour Riches, quoique dans les fyllabes dont il s'agit, il y ait des lettres différentes; fçavoir le b & le g dans les deux premieres rimes, & l'u & let dans la derniere. C'eft donc de la pénultiéme voyelle ou diphtongue des mots que fe prend la confonance qui fait la Rime Feminine; au lieu que celle qui fait la Rime Masculine se tire de leur derniere voyelle ou diphtongue. Pour abreger mes expreffions, je nomme Appuy cette voyelle ou diphtongue d'où fe prend la Rime, & fur laquelle elle est appuyée comme fur fon fondement. On voit donc que l'appuy de la Rime Feminine eft toûjours dans la pénultiéme fyllabe des mots, & l'appuy de la Mafculine dans leur derniere fyllabe. Dans les figures fuivantes on a détaché des mots les lettres qui font la Rime, & la premiere de ces lettres eft ce que nous avons Rommé l'Appuy. Toutes ces Rimes Feminines font bonnes, quoiqu'elles ne foient que fuffifantes. Vous connoîtrez que les fuivantes font Riches, parce qu'immédiatement devant l'Appuy, il y a quelque lettre de même fon dans les mots dont elles font compo fées. { ha-} zarde. {fup- } rême. { ferfer-} tile. { ext Rimes Mafculines Suffifantes. regard. { immort-} el. { foûp-} is. dép- S art. {nou- } veaux. { cer- tain. {bonheur. Ri-vaux. def- S tin. VI. REGL E. La Rime Riche eft toûjours préferable à la Suffifante, parce qu'elle flatte plus agréablement l'oreille. |