ouvert dans cette derniere terminaison, comme dans prêt, forêt, interêt, ou preft, foreft, intereft, il eft: au lieu que dans les mots de la premiere de ces terminaisons, comme dans fecret, difcret, net, cabinet, regret, projet, fujet, objet, muguet, coquet, c. l'e eft fermé ou mediocre: car c'eft ainfi que quelques-uns veulent nommer cet e qui femble tenir le milieu entre l'e fermé & l'e ouvert, ayant un fon plus plein que l'e fermé, & moins ouvert que l'ê qui porte ce nom. C'est une cinquiéme forte d'e que l'on ne fçauroit s'empêcher de reconnoître dans notre Langue : l'on n'a pour cela qu'à confulter l'oreille fur le fon du dernier e de ces trois mots entré, difcret, for eft.

Les mots de la terminaison en ait, comme attzait, portrait, parfait, [çait, fait, & &e celle en alt ou aift, comme il plaît, il repaift, fuivant la même analogie; ceux de la premiere prenant le fon de l'e mediocre, & ceux de la feconde le fon de l'e anvert.

Ce qu'il y a encore de remarquable est que le nombre plurier réunit toutes ces terminaifons, & que l'e & l'ai y ont toûjours le fon de l'e ouvert. De forte que ces quatre termes pourroient former les Rimes Masculines des deux Quatrains d'un

Sonnet, fecrets, forêts, attraits, je më repais; ce que ne fçauroient faire ces mêmes termes en fingulier, fecret, foreft, attrait, il fe repais. De même regret ne rime point avec intereft, quoique regrets rime avec interêts, & de ces deux autres rimes (portrait, preft), (portraits, prêts) la premiere eft condamnée, & la feconde eft reçûe.

XII. REMARQUE.

La voyelle & les diphtongues ai & ei fuivies d'une m ou d'une n dans la même fyllabe, rendent un même fon. Ainfi les Rimes fuivantes font régulieres.

{faim} {vin} { fain }

Et la mort au retour terminant fon deftin,
Fit par avance en lui ce qu'auroit fait la faim.

Defpreaux.

XIII REMARQUE.

Quoique pour des raifons d'Ethymolo gie notre Orthographe se trouve remplie de confonnes doublées, neanmoins elles ne fe prononcent que comme les fimples lettres de même nom : Les deux / comme un /, les

deux m comme une seule, & ainsi des deux n, des deux p, des deux r, & des deux t.

'A quoi bon m'étaler cette bizarre école Du mauvais fens, dis-tu, prêché par une Folle? Defpreaux, Sat. 10

Mais de tous les Mortels, grace aux devotes ames, Nul n'eft fi bien foigné qu'un Directeur de Femmes. Là-même.

Remarquez en paffant que I'm a le même fon que la fimple ou la double », dans la penultiéme des mots damne, condamne, colomne, Automne: Hymne eft excepté & n'a point de Rime.

Et l'on veut qu'Hypolite épris d'un feu profane. . ¿ Oui, c'est ce même orgueil,lâche,qui te condamne. Racine,

Et du plus ferme Empire ébranlant les colomnes, Attaquer, conquerir, & rendre les Couronnes.

Racine:

Redouble tes faveurs, augmente fes Couronnes,
Et que tes bras divins foient les fortes colomnes..¿
D'Andilly, Poëme¿

Font bouillonner le fang, de même que bouillonne
Sous le preffoir qui bruit le doux fang de l'Automne.

Le P. le Moine.

Et ce qui plus d'ennui me donne,
L'Hyver arrive avant l'Automne.

Voiture,

Voici une exception remarquable à l'égard de la double r, & de l'r fimple: car quoiqu'elles ayent un même fon dans la bouche de ceux qui fçavent parler François, il y a un cas où elles ne peuvent être affemblées en une même Rime; c'est lorfqu'elles fe trouvent placées entre deux e, dont le dernier eft muct. Ainfi terre ne rime point avec caractére, ni avec taire, qui rime fort bien avec caractére, fuivant la VI. Remarque. Ce qui rend faulle la premiere de ces Rimes, c'eft que la doubler rend toûjours ouvert l'e qui précede; au lieu que celui qui précede la fimple r eft toûjours fermé. Et comme la diphtongue ai fuivie d'une r dans la pénultiéme des mots le rapporte exactement à l'e fermé, c'eft ce qui rend défectueufe la Rime de taire avec terre, de chaire avec guerre, & femblables. Car pour la doubler & I'r fimple, elles n'ont rien de différent pour l'oreille, comme on le les exempeut voir

ples fuivans.

par

Mal prend aux Volereaux de faire les Voleurs,

L'exemple eft un dangereux leurre,

Tous les mangeurs de gens ne font pas grands Sei

gneurs :

Où la Guêpe a paffé le Moucheron demeure.

La Fontaine, Fables

'A toute force enfin elle fe réfolut D'imiter la nature & d'être mere encore, Elle bâtit un nid, pond, couve, fait éclorre.

Le même!

Et qu'après cet éclat qu'un noble cœur abhorre ́Il pût m'être permis de vous aimer encore.

Moliere, Mifantrope:

Car le feu qui brûla Gomorre

Ne fut jamais fi vehement
Que celui-là qui me dévore.

Voiture.

Non, l'on n'a point vû d'ame à manier fi dure; Ni d'accommodement fi pénible à conclurre. Moliere, Mifantrope

Chacun s'anime & le prépare:

Les Trompes & les Cors font un tel tintamarre
Que le bon homme eft étonné.

La Fontaine.

Place bien tes couleurs, peins le Bourgeois avare Le Courtifan flatteur, le grand Seigneur bizarre... Non, mais de ces difcours que voulez-vous conclurre?

Qu'on peut fans art, guidé de la feule nature..}