Toutes ces Rimes font exactes. Les deur dernieres font de l'Auteur de l'Art de prêcher, qui a crû pouvoir imiter Defpreaux, & faire rimer après lui terre avec chaire, à quoi il ajoûte de son chef la Rime de guerre avec chaire. C.. . . . à fes Sermons traînant toute la Terre Fend les flots d'Auditeurs pour aller à sa Chaire. Defpreaux. Combien depuis dix ans de Grimaux dans la Chaire De leurs fades Portraits ont fatigué la Terre ? L'Auteur de l'Art de Prêcher: Je ne t'arrête pas, va ptêcher, monte en Chaire, ans relâche au pécheur va déclarer la guerre. Le même. Mais cette licence qui feroit affez com mode, ne me paroît point encore affez établie, & Coras qui ne pardonne rien à Defpreaux, lui en fait une faute dans fa Parodie. Je me ris d'un Rimeur qui pour rimer à Terre XIV. REMARQUE. Les noms qui ont eul au fingulier peu vent retenir ou laiffer leur au plurier pour la commodité de la Rime: car on peut prononcer ayeuls, glayeuls, linceuls, ou ayeux, glayeux, linceux. Ménage n'est pas de ce fentiment: mais nous avons l'autorité des meilleurs Ecrivains pour le regard d'ayeux, qu'il condamne dans fes. Obfer. vations. Une longue fuite d'Ayeux Que la gloire a mis dans les Cieux. L'Orient qui de leurs Ayeux Sçait les titres ambitieux. Malherbe Le même. Et quel mal ai-je fait, quand fecondé des Dieux, J'ai rentré par leur ordre aux biens de mes yeux? T. Corneille. L'éclat du Diadême, & cent Rois pour Ayeux Deshonorent ma flâme, & bleffent tous les yeux Racine. Réveur, fombre, inquiet, à foi-même ennuyeux U vivoit plus content fi comme les yeux... Delpreaux, Il faut excepter feul & Filleul qui retienpent leur au plurier. Et les enfans tranfis d'être tout feuls · Couvrent leurs têtes de linceuls Saint-Amant, X V. REMARQUE. L's qui termine la premiere perfonne de certains Verbes, comme je vois, je crois, je dis, je frémis, j'avertis, je fuis, je tiens, cettes, dis-je, peut être ou retenue ou retranchée pour la commodité de la Rime. Voici mes garans. Defpreaux dit je crois dans ce Vers Monofyllabique. Mais moi qui dans le fond fçai bien ce que j'en crois Qui compte tous les jours vos défauts fur mes doigts. Et il dit je croy dans la X. Satyre. Gardons de la troubler, fa fçience je croy Aura pour s'occuper ce jour plus d'un employ Mais enfin je te eroj, Ou plûtôt je fais vœu de ne croire que toy. Racines Je ne me cache point, mais à ce que je voy .I Je vous donne un confeil qu'à peine je reçoy. A bons Dieux! je fremy: Pandolphe qui revient ! fut-il bien endormy? Là-même. Vizir, fongez à vous, je vous en averty, Racine, Bajazet. Quel importun devoir m'eft enjoint aujourd'huy! Que jamais lorfque je couvry Malherbe. Ce Louvet, fi je met jouvien, Richer. Vous à mis a la main la lettre que je tien, Ce retranchement de l's finale ne regarde que la premiere perfonne des Verbes: car de le vouloir étendre à la feconde, pour dire comme Richer: Tu joue à te caffer le cou Si tu rencontrois quelque trou. Et puis tu t'en prendras à moy. Ou comme on a parlé dans ce piquant impromptu contre Voiture, rapporté par Peliffon : Quoi Voiture tu degenere? Cela eft bon pour un impromptu, ou pour le style badin & familier: mais je n'en trouve point d'exemple dans les compofitions ferieuses, hormis celui de l'Avorton, qui a été critiqué. Et du fond du néant où tu rentre aujourd'huy. XVI. REMARQUE. Les deux voyelles en forment quelquefois une veritable Diphtongue, c'est-à-dire, qu'elles ont un fon compofé de celui de Fe & de l's, & quelquefois elles ont feulement le fon de la voyelle : & cette Remarque peut être d'ufage dans certaines Pro vinces. 1o. La régle la plus générale eft que ces deux voyelles font une Diphtongue par tout |