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rer,

tout où elles prennent la place de l'o latin, comme dans tous les mots de la terminafon en eur derivez des mots latins en or, couleur, odeur, cœur, peur, foeur, de color, odor, cor, pavor, foror; dans lieu, cieux, mœurr, je meurs, de locus, calum, mores, morior: dans feu, nænd, væn, aven, de focus, nodus, votum : dans glorieux, genereux, de gloriofus, generofus : dans plendemeurer, de plorare, demorarı : dans heure, bonheur, malheur, de hora. (Remarquez en paffant que plufieurs prononcent beureux, malheureux, chaleureux, valeureux, chevaleureux, peureux, comme s'il étoit écrit bureux, valureux, pureux, &c. pour éviter la cacophonie de deux en de fuite; mais cela n'eft point du fujet de la Rime dans il peut, il meut, de poteft, movet. Je ne fçai qu'un feul mot excepté de cette régle, c'est celui de Meure fruit, où l'es fe prononce ordinairement comme un #, ainfi qu'on peut voir par ces Vers de Sarafin, quoique Meure foit fait de Morum.

Et portant toûjours avec lui

Sur fa peau plus noire que Meure
D'illuftres marques de brûlure,

2o. Comme les Latins forment quantité

F

de fubftantifs en ara de leurs participes en us, pictura, litteratura, de pictus, litteratus : nous en formons auffi beaucoup de nos participes fur la même analogie, comme peinture, teinture, nourriture, de peint, teint, nourri; en forte que la voyelle caractéristique de cette Terminaifon eft la fimple voyelle и tant en François qu'en Latin. Il est vrai qu'à l'égard des fubftantifs que l'on forme des Participes terminez par un e Mafculin, comme de paré, blessé, gravé, à l'égard de ces Subftantifs, dis-je, tels que font pareure, bleffeure, graveure, & un grand nombre d'autres, on y retient l'e dans l'orthographe feulement pour en marquer la formation; mais à condition qu'il n'altérera point le fon de la voyelle caracteriftique ainfi on prononce tous ces mots comme fi au lieu d'en on mettoit un u, parure, bleffure, gravure; & il y a apparence que l'on écrira bientôt de la forte fuivant le penchant que l'on a aujourd'hui à décharger l'orthographe de toutes les lettres fuperflues.

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3°. Nous abregeons quelquefois par ces deux lettres en deux, fyllabes latines dont la premiere portoit un a ou une e, & la feconde un ainfi nous faifons meur, feur, affeurer, de maturus, fecurus : & alors en

n'eft Diphtongue que pour les yeux fenlement & non pour l'oreille, qui n'entend que le son de l'u, mûr, mûre, mûrır, fûr, fure, affurer: de forte que ce ne feroit pas une faute moins choquante de faire .rimer fœur avec feur, que de joindre feul avec Conful, qui font deux Rimes que quelques Rimeurs Galcons ont hazardées dans des Vers imprimez, un peu moins réguliers que ceux-ci d'une Mufe Parifienne.

Et d'avance je vous affeure

Que fi pour nous encor votre fiere humeur dure.
Mad, Deshoulieres.

Fendre Geans du chef à la ceinture
Conrre vous-même en ferois la gageure.

Ne git, beau Sire, en ce point l'encloueure,
Mettez à fin perilleuse avanture.

Quoi chez vous où tout eft fi pur
N'avez-vous pas un moyen fur.......

?

Le triomphe de l'Amour.

4°. Dans le Préterit indéfini & dans le Participe paffé des Verbes avoir, voir, devoir, & les autres de cette terminaison comme dans j'ai eu, il ent, j'ai ven, j'ai den, il dent, fai pen ou j'ai pa, il pent

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receu, apperceu, émeu, il a pleu, il pleut, de pleuvoir, l'e eft entierement muet : quoiqu'il fe faffe entendre dans le Préfent, il peut, il ment, poteft, movet; fuivant ce qui a été dit au premier Article.

Vous fçaurez donc Monfieur, pour-ven Que vous vouliez prêter àne oreille attentive A la narration naïve

D'un petit Animal qui n'a jamais rien ven.

Voiture, dans la Taupe

5°. C'eft par une bizarrerie de l'Ufage qui fe joue des Régles, que la Diphtongue en fe trouve fubftituée à la fimple voyelle

de l'éthymologie Latine dans ces mots, il pleut, jeunesse, jeune, il veut, Dien, formez de pluit, juventus, vult, Deus, & que cette Diphtongue y a fa prononciation propre: fi ce n'eft qu'on veuille dire que Dien eft formé de Theos, & veut de volt, qui fe difoit autrefois pour vult dans le langage de la Comédie, c'est-à-dire, dans le langage du peuple.

XVII. REMARQUE.

On forme quelquefois des Rimes par le retranchement d'une lettre muette, qui n'eft retenue dans l'orthographe que pour marquer l'éthymologie du mot. Ainfi ôtant le d

de pied & de bled; Benferade a fait les deux Rimes qui fuivent.

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L'Afne difoit au Loup, Je fuis eftropié
D'une épine, & voyez de quel air je chemine.
Comme à l'Afne le Loup voulut tirer l'épine,
L'Afne au milieu du front lui tire un coup de pié.

Pour un cheval elle eut le fens troublé,
Et fongea plus à l'avoine qu'au blé.

Voici une autre Rime formée tranchement du d dans répond.

par
le re-

Plus d'un exemple vous répon

Des malheurs dont ici je vous ai menacée :
Lefçavoir nuit à tout, la mode en eft paffée.
On croit qu'un bel efprit ne fçauroit être bon.

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Mad. Deshoulieres, Epitre chagrine.

Jajoûte ici quelques exemples de femblables retranchemens, quoiqu'ils ne me paroiffent point encore affez reçûs. Sarafin joint doigt avec moi, après Saint-Gelais, & blane avec fean.

Quand je le montrerois au doigt
Vous feroient-elles moins connues.
Maintenant renvoyez-les moi,

Elles feront les bien venuës.

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