des Régles, & que leur réputation ne les difpenfe pas des loix,

On a cru devoir faire dans le corps du Livre quelques corrections & quelques additions, légeres à la vérité, mais devenues néceffaires depuis le tems où l'Auteur écrivoit. Par le même principe on a changé plufieurs exemples, fur-tout de la troifiéme Partie, Ceux qu'on a fubftitucz ne feront pas regretter les autres il y en a encore quelquesuns de l'Auteur même. Quant aux Additions confidérables, elles confiftent en huit Chapitres, où l'on explique fuccinctement, non plus la ftructure des Vers ou des Pieces de Poëfie, mais les régles de goût pour chacun des Ouvrages poëtiques qui font le plus à la mode, & à la portée des Commençans. Ces Obfervations font la matiere d'un Ouvrage plus étendu : mais malgré leur brievete; elles ont l'avantage de mettre au fait des myfteres de l'art.

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On peut regarder la Poëfie commę un jeu d'Echets : l'ouvrage du Pere Mourgues en apprend la marche générale & les évolutions différentes, mais les réfléxions qu'on ajoûte en infinuent les fineffes.

Ceux qui s'intereffent à la mémoire du Pere Mourgues ne feront pas fâchez de fçavoir qu'il a enfeigné avec distinction la Rhétorique & les Mathématiques dans l'Univerfité de Touloufe; qu'il joignoit une politeffe très-fine à une érudition exquife; qu'il étoit également aimé des Gens de Lettres & des Sçavans, qui ne font pas toûjours les mêmes; qu'il donnoit prefque tous les ans des Poëfies nouvelles, & un volume en fait de fcience; qu'enfin fa droiture & fa probité ne le rendirent pas moins cher aux honnêtes gens que refpectable aux libertins même, objets ordinaires de fon zele. Il fut victime de fa charité, & mourut à Toulouse au fervice des Pauvres l'an 1713,

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année funefte par le mal contagieux qui affligea cette Ville. On doit à cet Auteur des Elemens de Mathématiques des bons Mots mis en Vers François la Morale d'Epictete comparée à celle de JESUS-CHRIST; la Théologie des Payens, avec la Traduction de la Terapeutique de Théodoret, & quantité d'autres bons Ouvrages.

ODE

DE L'AUTEUR

POUR MESSIEURS

DE L'ACADEMIE

DES JEUX FLORAUX

En leur dédiant les Régles de la Poëfie Françoise.

Ilence, Critique ennemis;
Refpecte ces Loix des bons Vers,
Et le nom d'une Académie
Célebre dans tout l'Univers.
Quelquefois Apprentif docile
Je me coule dans cet Afile
De l'elegante pureté :

Quand je puis m'y faire une route,
C'est là qu'inutilement j'écoute
Pour mériter d'être écouté.

On lira fi l'on veut me fuivre
Jufques dans le Sacré Vallon,
Ces mêmes Régles fur le cuivre
Où les fit graver Apollon.
Ayant daigné me les apprendre :
Allez, me dit-il, faire entendre
Mes plus harmonieux accords ;
Et foumettre au frein légitime
De la Mefure & de la Rime
Ceux qui refentent mes transports.

Contre l'ignorance jaloufe,
Pourfuit le Maitre des neuf Sœurs;
Je vous deftine dans Toulouse
Un Corps d'auguftes Défenfeurs.
MORAN, l'honneur de ce Parnaffe,
Y remplit dignement ma place,
Zelé pour les Arts Liberaux :
Et l'on y voit plus magnifiques
Que ceux des courfes Olympiques
Les Triomphes des JEUX FLORAUX.