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l'Occident, mais avec quelque dépendance du fouverain pouvoir de fon frere.

Avant que Fupiter cût donné la paix à l'Europe par fes grandes victoires, les peuples y étoient dans une guerre prefque continuelle, & par confequent dans l'agitation & le mouvement. Mais depuis fes victoires, tout y étoit en paix & en tranquillité. Ce fut donc alors, que Dis, frere de ce Monarque, fit des peuplades de Titans en plufieurs endroits, & établit des colonies dans les Gaules & dans les Efpagnes. Il en fut lui-même le chef & le conducteur, felon toutes les apparences. Et c'est la véritable raison, pourquoi les anciens Grecs lui ont donné le nom d'Agéfandre & &Agefilans, Æfchzi Α' γήσανδρος, καὶ Α γεσίλαος ; car ces callideux noms veulent dire, conducteur mach d'hommes, & conducteur de peuples. Hefych Ce Prince étant dans l'Espagne,qui alors femble avoir porté le nom de Tartése il y trouva tant d'or & tant d'argent, car jamais terre n'en fut plus féconde, comme Strabon le remarque aprés les anciens, qu'il fut appellé Pluton, en Straba Grec ПλTav, Pluto, ou Plutus, c'est-à- geograph. Tib. F dire, Riche; & on l'a depuis regardé,

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Athen

comme le Dieu des richeffes, tant chez les Grecs, que chez les Latins.

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D'ailleurs, comme l'Efpagne étoit à l'extrémité de l'Occident, où le Soleil fembloit fe coucher dans l'Ocean; & que le lieu où il fe couchoit étoit regardé des anciens Grecs comme la partie la plus baffe & la plus inferieure de la terre de-là eft venu que les Poëtes, & les faifeurs de fables, ont dit,'que ce Prince étoit le Dieu des bas lieux, ou le Dieu des Enfers. Car comme remarque fort bien Lactance en parlant de ceci, l'Orient, d'où la lumiere vient aux hommes, femble être la partie fuperieure de la terre : & l'Occident au contraire paffe pour l'inferieure & pour la plus baffe: Eo quòd plaga Orientis, Divin. ce Pere, ex qua lux mortalibus datur, 1 cap.11. fuperior; Occidentis autem, inferior esse

Lactan.

infiit. lib.

dit

videatur. Tout cela a fait croire à Strabon, avec affez de vrai-femblance, que Strato. le mot Grec Tápræpos, Tartarus, a été geograph forgé fur celuy de Tartéfe, qui étoit un païs à l'extrémité de l'Espagne & de P'Occident. Si Dis a conduit dans les Gaules des colonies de Titans

Tib.3.

Celtes; les Gaulois avoient quelque raifon de dire, aprés leurs Druides, qu'ils

étoient venus de luy; puifque c'étoit de luy qu'ils tenoient leur établiffement, qu'ils regardoient avec quelque raison comme le commencement de leur origine.

Que fi même on recherche celle du mot de Dis, qui fait Ditis au genitif, on découvrira aifément, qu'elle vient de Tit, d'où on a fait Ditis, par adouciffement, au lieu de Titis; car dans toutes les Langues, mais principalement dans celles du Septentrion, le D, & le T, font tres-fouvent pris l'un pour l'autre. Ainfi Dis, veut proprement dire, terre, ou terreftre. De même le nom, Ans, que les Grecs donnent communément à Pluton, eft comme fi vous difiez, A'rni, Ates ; & il vient du mot Celtique At, qui fignifie, terre. L'on voit affez par ces Etymologies, tirées de la langue des Titans, que le Dis des Latins, & l'A'ns des Grecs, étoit la même chose. D'ailleurs comme les Titans fe difoient, nez de la terre, ou enfans de la terre, les Gaulois avoient encore, par cet endroit, lieu de dire, qu'ils venoient de Dis; qu'ils étoient enfans de Dis, qu'on regardoit alors comme le Dieu de la torre. De quelque maniere qu'on prerme les

choses, il est manifefte, que les Celtes on Gaulois viennent des anciens Titans, comme Callimaque, qui étoit tres-habile, l'a fort bien remarqué.

Mais ce que je vas dire de Mercure, fera d'un grand poids pour autorifer de nouveau, tout ce que j'ay écrit de l'origine des Celtes. Ce Prince a été propre neveu de Dis, ou de Pluton, parce qu'il étoit fils de Jupiter, & de Maia, comme toute l'antiquité en tombe d'accord. Parmi les guerres & les diffenfions, qui ar、 riverent entre les Titans, Mercure fut toujours inviolablement attaché aux interêts de fon pere qui ne manqua pas de reconnoître fon attachement & fa fidélité. Car fi nous en croyons Suidas, Jupiter, avant de mourir, lui donna l'EmV., pire d'Occident: wapadou's TÀN THS

Suidas.

δύσεως αρχήν, cum Occidentis Imperium tradidiffet filio fuo Mercurio, Epun, fato functus eft. Il y a bien de l'apparence, que fon oncle Dis étoit déja mort, quand Jupiter lui confia le gouvernement de l'Empire d'Occident, qui comprenoit au moins l'Italie, les Gaules & l'Espa→ gne, & peut-être encore l'Allemagne ou la Germanie. La Chronique d'Alexandrie confirme affez ce que dit Suidas

puifqu'elle porte expreffément, que Mercure, à qui elle donne le nom de Faune regna trente-cinq ans dans l'Italie aprés la mort de fon pere: Poft fovis Pici obitum, filius ejus Faunus, qui & Mercurius, regnum Italia adminiftravit annos quinque fupra triginta : ἐβασίλευσεν ὁ υιός αυτό

Chron.

Φαῦνος, ὁ καὶ Ερμῆς, τῆς Ιταλίας ἔτη Alexand i piánovla névte. Cette Chronique ajoute, pag. 105. qu'il fut le premier, au moins dans prior.edit. l'Occident, qui trouva l'art de fondre l'or & de le raffiner par le moien du creufet ou de la coupelle.

avec

Les anciens monumens nous appren-
nent, que Mercure étoit un Prince rufé,
habile, éloquent ; qui poffedoit parfai-
tement toutes les fciences, de ce tems-
là, & fur tout celle des augures, des
divinations, des enchantemens,
tout ce qu'il y avoit de plus fin & de
plus fecret dans la Magie. Et c'est
pour cela qu'on a dit de lui, qu'il étoit
l'interprete des Dieux, c'est-à-dire, l'au-
gure & le devin des Princes Titans, qui
le confultoient dans leurs deffeins &
leurs entreprises. Ce fut fans doute pour
fe perfectionner dans ces fciences toutes
diaboliques,qu'il alla jufqu'à trois fois en
Egypte, comme S. Cyrille d'Alexandrie

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