Tiguves, lat.

Terrigena:

ont défiguré leurs grandes actions. Plufieurs ont cru, & croyent encore aujourd'hui, que ces Titans fi renommez ne doîyent étre regardez, que comme des gens fabuleux & imaginaires; mais c'eft une erreur, dont on les fera revenir. La vérité eft, que ç'ont été des hommes puiffans & guerriers, venus du haut de l'Afie, qui ont fait de grands exploits dans le monde dés les premiers fiécles. C'eft ce qu'on verra dans la fuite par tant de preuves & d'autoritez, qu'il ne fera plus permis d'en douter. Je dirai par avance, que ce nom de Titan eft encore tiré de la Langue des Celtes, & qu'il fignifie proprement, homme de la terre, ou né de la terre.

Cela eft fi vrai, que chez les Grecs, Traves, & le mot Traves, Titanes, ou comme Titanes, & écrivent les plus anciens Τιτήνες, Titenes, eft toujours expliqué par celui de Tnyves, ou Terrigena, qui veut dire, nez de la terre, ou fi vous voulez enfans de la terre. Au refte ces Titans ont eu à leur tête trois ou quatre Princes confécutifs, qui ont fait des chofes fi étonnantes, & fi prodigieufes, qu'à peine les peut-on croire. Et c'est par là

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qu'ils ont été mis au nombre des Dieux, & des plus grands Dieux du ciel & de la terre. Je découvrirai bientôt toutes ces chofes, qui font demeurées jufqu'à prefent dans l'obfcurité parce qu'elles font fort reculées de nous & qu'on les a enveloppées de fables ridicules.

Remarquez ici, qu'avant que les Celtes euffent porté le nom de Titans,

on leur avoit donné celui de Saces, ou Zaxar, laso de Saques, en Latin Saca. L'on pré- Saca, tend, que ce nom injurieux, qui fignifie, méchant, larron, brigand, leur fut donné par les Parthes, que les Celtes avoient violemment chaffez de leur païs, & de leur focieté: & que ceux-là enragez de fe voir ainfi prof crits de leurs terres, avoient, pour fe vanger, donné le nom de Saques, à ceux qu'ils regardoient, comme des hommes injuftes & violens, & comme leurs plus grands ennemis. Les Parthes, qui étoient les auteurs de ce nom, l'apprirent, dans la fuite du tems aux Perfes, qui defcendoient d'eux; & ce fut par le moïen de ceux-ci qu'il fut connu aux Grecs, & aprés aux Latins. Car on peut dire, que les Latins n'ont

Comari &
Gomari.

rien fçû des anciens Peuples, que ce qu'ils en ont appris des Grecs; & ceux-ci ont tiré beaucoup de chofes des Perfes, auffi bien que des Phéniciens, des Egyptiens, & de quelques autres Orientaux. Ce nom de Saque, quòi qu'injurieux, n'a pas laiffé de refter à ceux à qui il a été impofe ; il a même été célébre par toute l'Afie.

Mais le plus ancien nom, qu'ayent jamais porté les peuples Celtiques, pendant qu'ils étoient encore dans la haute Afie, a été celui de Comariens, ou plûtôt Gomariens, que quelques Auteurs ont appellé Gamarites. C'est là leur premier & véritable nom; puifqu'ils l'ont eu dès les premiers tems, ou pour mieux dire, dés le commencement de leur origine. Ils l'ont tiré de Gomer, fils aîné de Japhet; car c'eft lui qu'on a regardé comme leur pere & leur fondateur. Ce nom qui nous paroît maintenant obfcur, n'a point été inconnu aux anciens Géographes; & l'on voit qu'il a été célébre dans les Provinces de la haute Afie. Car c'eft là où les Celtes. dont nous parlons, ont pris leur commencement. C'eft de là qu'ils fe font répandus en divers tems dans l'Afic

mineure, puis dans la Grece, dans l'Italie, & enfin jufqu'aux extrémitez de l'Eurspe, vers le Couchant & le Septentrion. L'on verra dans la fuite tout cela établi fur la foi de l'hiftoire, & fur le témoignage des anciens Auteurs. Voila en peu de mots les diffetens noms, qu'ont eu les peuples Celtiques, foit dans l'Afie, foit dans l'Europe, depuis leur premier établissement,

VERITABLE

ORIGINE

des Celtes, qu'ils ont tirée de Gomer,

N

ces diffe

Ous avons montré par rens noms, que je viens de mar quer, comme par autant de degrez, jufqu'à la premiere origine des Peuples, qui ont été fi connus dans tout l'Occident, fous le nom de Gaulois & de Celtes. J'ai déja infinué, que leur premier & veritable nom a été celui de Gomariens, & qu'ils l'ont eu dés les premiers fiécles, parce qu'ils defcendoient de Gomer, "fils aîné de Japhet. C'eft en vain que quelques Auteurs modernes fe font une gloire & un plaisir

de trouver les Gaulois dans ce Gomer, dont je viens de parler: les Teutons ou Allemans dans Askéne : les Suédois & Danois dans Magog; car c'eft faire gloire de fe tromper, & prendre plaifir a jetter le monde dans l'erreur. Jamais Gomer n'eft venu dans les Gaules, ni Askénez dans l'Allemagne; bien moins encore Magog dans la Suede & dans le Dannemarc. Ces hommes qui ont été les fondateurs de trois grandes Nations, ne font point fortis de l'Afie. Et l'on peut dire, fans craindre de fe tromper, que c'est-elle, qui doit être regardée comme le berceau de ces Peuples nombreux, qui dans la fuito des fiécles ont rempli l'Europe. Je n'excepte que les Grecs, & les Thraces; car ce font les feuls qui ont eu pour peres deux fils de Japhet.

Il est donc conftant, que toutes les Nations de l'Europe, hormis ces deuxlà, doivent leur établiffement & leur origine aux premiers habitans de l'Afie, & principalement de celle qui est au deffus du mont Taurus, & qui tire vers les parties du Septentrion. C'eft dans ces Provinces Afiatiques qu'il faut chercher les premiers defcendans