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parlé des Gaulois dans fes excellens
Commentaires, n'a rien dit de leur
Antiquité. Il fe contente de marquer
en deux mots
, que felon la tradition
des Druides, ils étoient defcendus de
Pluton. Voici fes propres paroles:

Galli fe omnes ab Dite patre prognatos Cæfar. Compredicant, Eft-on plus favant, & a-t-on ment de Bell. plus de lumiere, quand on a entendu Gall. lib, 6. ce vainqueur des Gaules, parler ainsi de ces Peuples & de leur origine? Ne voit-on pas, quand on ouvre les yeux, qu'il n'a écrit fes Livres de la Guerre des Gaules que pour montrer, qu'en neuf ou dix ans il a fçû vaincre une Nation tres-puiffante, qui avoit tant de fois jetté la terreur parmi les Romains, & qu'on avoit prefque crue invincible? Cela eft fi vrai-femblable, que ce Conquerant a affecté de cacher au public dans fes Commentaires, ce qu'il avoit eu foin de marquer dans les Journaux, faits pour fon particulier. Quelques petits lambeaux de ceux-ci font venus jufqu'à nous; & nous voyons par là qu'il a été vaincu dans le combat, même jufqu'à tomber entre les mains de fes ennemis; defquelles il n'eft forti que par une providence toute

particuliere. Mais ce n'est pas ici le lieu de publier ces chofes, ni de les rechercher. Ce que je peux dire maintenannt, eft, que Céfar n'a prefque rien fçû de l'antiquité des Celtes, & moins encore de leur origine; ainfi il a fait fagement de n'en point parler.

Si Corneille Tacite avoit imité fa conduite, dans le Livre qu'il a fait des Germains, ou Teutons, on ne lui pourroit donner que des louanges, pour les belles chofes qu'il nous a apprifes là-deffus. Au lieu que plufieurs fe mocquent de lui aujourd'hui, & non fans raifon, pour avoir dit en parlant de ces Peuples: Qu'ils étoient nez, de toute antiquité, dans le païs où ils font, fans avoir tiré d'ailleurs, ni leur naiffance, ni leur origine. Peut-être avoient-ils cru là, comme des champignons; ou bien ils y étoient nez comme les grenouilles & les fauterelles? Mais laiffons-là Tacite, qui eft du ́ refte un excellent Auteur; & mettonsnous dans l'efprit, que ce n'eft point chez les profanes qu'on apprend d'où font venus les anciennes Nations, qui ont peuplé le monde. Deux mots de

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l'Ecriture nous donnent là-deffus plus de lumiere que ne font tous leurs écrits, & toutes leurs hiftoires. C'eftelle qui eft la fource de la verité & de l'antiquité; & c'eft en elle qu'il la faut chercher quand on s'étudie à la découvrir. Nous aurons bien-tôt recours à fes lumieres; en atten dant, difons quelque chofe des diffe. rens noms qu'on a donnez aux Gaulois_ depuis le commencement de leur origine.

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DIVERS NOMS QU'ONT eus les anciens Gaulois

J&

Ules Céfar, qui n'a pû fe difpenfer d'en dire quelque chofe, femble prétendre à l'entrée de fes Commentaires

Cæfar. Come ment. lib. 1.

que les peuples qui ont habité dans les
Gaules, ont pris eux-mêmes le nom de
Celtes, & que les Romains leur ont don-
né celui de Gaulois : Qui ipforum lingua initio.
Celta, dit Céfar, noftra Galli appellan-
tur. Ce grand homme n'a pas fçû, felon
toutes les apparences, que ces deux
noms font tirez de la langue du païs,
fans qu'ils ayent été empruntez d'ail-

Celta & Gal- leurs. Car il eft bon de favoir, que

lus.

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le

nom de Celte, auffi bien que celui de Gaulois, fignifie chez ces peuples la même chofe, à favoir, puiffant, vaillant ou valeureux. Céfar auroit donc parlé plus correctement, s'il avoit dit: Kirol, Galli. Que les Grecs dans leurs écrits s'étoient fervi du nom de Celtes, qui eft le plus ancien & que les Romains avoient pris celui de Gaulois. Il ne faut pas pourtant oublier de faire remarquer, que les mêmes Grecs ont encore donné aux Gaulois le nom de Galates; car c'eft ainfi qu'ils les appellent affez communément. Mais ce nom qui a été forgé par les Grecs, & qui eft demeuré particulierement aux Gaulois établis dans la petite Afie; ou dans la Galatie, eft beaucoup plus recent, que celui de Celtes, qui fe rencontre par tout dans les anciens Auteurs.

Γαλάται,

Cimmerii.

,

Avant ces deux noms que je viens de marquer, les peuples Celtiques, du Cimbri & moins en partie, ont été appellez Cimbres, ou Cimmeriens. Le nom de Cimbre eft pris du Latin, Cimber; & celui-ci vient du mot Kimber, ou Kimper, qui veut dire, homme de guerre, en langue Celtique. Il fignifie la même

ce

ehose parmi les Teutons ou Allemans. Cimmerii. Et quant au nom de Cimmeriens n'eft autre chofe qu'un adouciffement, que les anciens Grecs, & fur tout les Poëtes, ont fait de celui de Cimbres, ou Cimbriens, comme quelques-uns d'entr'eux l'ont fort bien remarqué. Or il eft bon d'observer en paffant que ce nom de Cimbres, n'a été prefque donné, qu'à ceux d'entre les Celtes qui fe font anciennement établis vers les contrées du Septentrion, je veux dire, au-deffus du Pont-Euxin, & au nord du Danube. Et c'eft une colonie de ces peuples, mais une colonie tres-ancienne, qui a donné fon nom à la Cherfonefe, ou comme on prononce aujourd'huy, à la Kerfonefe Cimbrique, qui eft maintenant le païs de futland, fitué au deffus du Holstein.

,

Un nombre infini d'autres Celtes s'étant jetté fur la petite Afie, lefquels venoient de la Bactriane, ou des lieux voifins, & ceux-ci ayant prefque en même tems envahi la Thrace, la Gréce, & l'Ifle de Crete ou Candie, prirent alors le nom de Titans, qui a été Titanes. alors fi célébre dans l'antiquité, fur les fictions des Poëtes, qui

tout par

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