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les provinces de l'Europe. Et enfin ils fe font donné celui de Gaulois, aprés avoir fixé leur demeure dans ces riches contrées, fituées entre 'Océan & le Rhin, entre les Alpes & les Pyrénées, qui font les Gaules que nous habitons. Or ces deux derniers noms de Celtes, & de Gau‣ lois, reviennent prefque à la même chofe, & fignifient des Hommes puiffans, des Hommes de valeur. Comme je m'apperçois que cette Préface pourra devenir un peu longue, je prie tres humblement lé Lecteur de ne point fe décourager tout d'abord, car j'ose presque affu rer, que la nouveauté des chofes qu'on a à lui dire, picquant un peu fa curiofité, ne lui permettra pas de

tomber dans l'ennui. Pour revenir donc à nos Gaulois; ces Peuples cé lebres, bien des frécles avant que de porter ce nom, s'étoient, comme j'ai dit, donné celui de Titans, pendant qu'ils occupoient les provinces

de la petite Afie, & toutes celles de la Gréce, & des environs. L'on ne fçauroit imaginer les chofes grandes & extraordinaires, qu'ils ont faites fous ce nom; mais qu'ils ont faites plus de deux mille ans avant JESUS-CHRIST. Car fi on en croit les anciens Hiftoriens, ils femblent avoir formé un Empire, qui eft allé depuis l'Euphrate,jufqu'aux extrémitez de l'Espagne & de la Mauritanie ; & qui n'a guéres cedé en étendue, à celui des Romains. Il en eft quelque légere mention dans les Livres Saints, qui parlent de ces Peuples, tantôt fous le nom de Titans, tantôt fous celui de Géans, car ils étoient d'une haute ftature, en nous affurant qu'ils ont été dans leur tems, les Maîtres de ·la terre: qui terræ dominati funt.

Les Peres de l'Eglife, & les Apologiftes des premiers Chrétiens, en défendant la Religion véritable, font tombez d'accord que les Titans

ont été tres puiffans dans le monde. Je dis en défendant la Religion véritable; car ils ont fortement combattu celle des Payens, en leur montrant qu'elle n'étoit établie, que fur un faux culte ; & en faifant voir que ceux qui parmi les Titans ont eu le nom d'Urane, de Saturne, & de Jupiter, n'ont point été des Dieux, comme l'ont vainement cru les Grecs & les Romains, mais des Princes puiffans, & des hommes mortels. Les Peres de l'Eglife ont bien vû ces chofes, fans qu'ils ayent fçû d'où pouvoient être venus ces Princes Titans, fi célebres dans la fable: ni quelle étoit leur race & leur origine. C'est ce qu'on trouvera ici non feulement avec nette té, & avec étendue; mais qui plus cft, avec toutes les circonftances, qui rendent une histoire véritable, & qui en ôtent les fictions, dont on l'a obfcurcie & défigurée.

On aura le plaifir de fçavoir qui

a été cet Vrane, que les profanes ontfotement appellé le Ciel, quoiqu'il ne fûr qu'un Prince de la terre, & fimple fils d'Acmon, qui a autrefois commandé dans la Cappadoce, & dans la Phrygie. On verra que Sadorn, que les Latins ont appellé Saturne, fils de cet Urane, aprés bien des intrigues & des violences, s'eft emparé de l'Empire des Tirans, au préjudice de fon frere aîné: & que prenant la pourpre avec le diadê me, il a le premier d'entr'eux pris le titre de Roy. On apprendra encore, avec étonnement, que le Prince Jou fon fils, depuis appellé le grand Jupiter, l'a fait tomber du thrône, & a envahi fon vafte Empire, aprés une guerre fanglante, faite par mer & par terre, durant Pefpace de dix ans. L'on découvrira içi toutes ces chofes, avec le lieu de la naiffance de Jupiter, ainfi que celui de fa mort, fans parler de fon éducation par les Curétes, & de

mille autres chofes, dont je ne puis ici faire un dérail. Mais parmi tout cela, ce qu'il y aura de plus étonnant, eft qu'on fera voir que ces Princes, qui ont eu autrefois tant de nom & d'éclat, & qu'on a fouverainement révérez comme les Dieux des Grecs & des Romains je dis plus, comme les Dieux toutpuiflans du ciel & de la terre, ont été de la même race, & des mêmes peuples, defquels dans la fuite font venus les Gaulois. Ce qui eft fi‹vrai, qu'on découvrira, & par les noms de ces Dieux prétendus, & par d'autres preuves, qu'ils n'ont point eu d'autre Langue, que celle des Celtes, qu'on parloit dans les Gaules du tems de Céfar: Langue que l'on conferve encore de nos jours dans nôtre Bretagne.

Mais outre tout cela, on fera furpris de voir que les Spartiates, ou Lacédémoniens, peuples fi renommez dans la Gréce, ont été mêlezj

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