dés leur premiere origine avec les Titans ; & qu'ils ont pris d'eux la plûpart de leur Langue, & de leurs coûtumes. Et fans parler des Crétois, des Etoliens, & de quelques autres peuples Grecs, qui ont beaucoup pris d'eux; l'on montrera que les Umbriens, nation des plus anciennes de toute l'Italie, font véritablement iffus des Titans. Et c'eft fans doute pour cela, que les Hiftoriens Romains les ont regardez, comme étant de la race des plus anciens Gaulois: Umbri, difentils, veterum Gallorum propago. Mais de plus on fera voir que les Sabins, qui ont fait tant de peine aux Romains, tiroient leur véritable origine des mêmes Umbriens; aprés quoi il n'y aura pas lieu de s'étonner, fi leur Langue a été affez femblable à celle des Celtes. On verra la même chose des Ofques, que les Grecs ont nommez Opiques, autre peuple d'Italie affez voifin de Rome; & & que fon langage à demi Gaulois, s'eft confervé dans cette grande Ville, par le moyen des jeux Ofques, ou des fables Atellanes. Je paffe encore beaucoup d'autres chofes: par exemple, qui ont été les anciens Curétes, Gardiens de Jupiter, que les Grecs ni les Latins n'ont jamais bien connus,avec d'autres points de l'histoire ancienne,qui étant affez remarquables, ne déplairont pas aux amateurs de l'antiquité. Ils verront avec plaifir, que la Langue de ces Princes Titans, dont je viens de parler, j'entens de Saturne, & de Jupiter, a été la même que celle de nos Celtes, ou de nos Gaulois. Et on ne s'en étonnera pas, quand on aura vû que la Langue de ces mêmes Titans, qui ont dominé durant quelques fiécles fur la Gréce, & fur l'Italie, a été toute mêlée avec celle, & des premiers Grecs, & des anciens Latins. Cela paroîtra fenfiblement, furtout par le langage des vieux Eoliens, peuples de la Gréce, & par celui des vieux Latins, qui ont eu le nom d'Aborigenes. Je donnerai des preuyes de tout cela; & elles feront fi évidentes, qu'il fera difficile de les contefter. En effet, comment vou droit-on que les Titans euflent fi long-tems tenu l'Empire de la Gréce, & celui de l'Italie, fans y avoir infenfiblement laiffé leur langage? Ou les mêmes Titans, ce qui me femble affez probable, ou du moins ceux qui font venus d'eux, l'ont auffi répandu par leurs Colonies dans toute l'Allemagne, je veux dire parmi cette brave Nation, qui a tant fait parler d'elle, & qui le fait encore aujourd'hui, parmi ces Peuples anciens & valeureux, qui ont porté le nom de Teutons. Si les preuves que je donne dans le corps de l'Ouvrage, ne paroiffent pas à quelques-uns affez fortes, ils n'ont qu'à jetter les yeux fur les trois amples Tables que j'ai mifes à la fin, on y verra d'une maniere fen fible & convaincante, que la Langue des Grecs, des Latins, & des Allemans, fans parler des autres Peuples, eft toute remplie de mots Gaulois, ou Celtiques. Aujourd'hui cela nous paroît étonnant, quoique rien ne foit plus véritable. Mais on fera bien plus furpris, fi je fais voir un jour, que les Grecs, qu'on a tant vantez, non feulement ont pris des Celtes, & des autres Barbares du Nord, une grande partie de leur Langue, ainfi que les Latins: mais que c'cft encore d'eux qu'ils femblent avoir emprunté la Sphère célefte, & quo c'est par eux qu'ils en ont eu miere connoiffance, conftellations. C'est donc en vain, que le grand Scaliger, & plufieurs Savans de nos jours, ont prétendu, quand les anciens Aftronomes, foit la pre ainfi des que Grecs, foit Latins, ont fait mention dans leurs Ecrits de ce qu'ils nomment la Sphère des Barbares; que cela fe doit entendre de la Sphére des Egyptiens, ou peut-être, de celle de quelques autres Orientaux, comme des Chaldéens, & des Arabes. Rien de tout cela ne femble approcher de la verité. L'on entend par cette Sphère des Barbares, celle des anciens peuples Celtiques & Septentrionaux, que les Grecs ont empruntée d'eux, & fur laquelle ils ont formé la leur: qu'ils ont enfin perfectionnée dans la fuite des tems, aprés bien des additions & des changemens. Mais ce n'eft pas ici le lieu de parler de ces chofes. Je n'en dis que deux mots en paffant, pour montrer que les Grecs ont pris des Barbares, qu'ils méprifent tant, & furtout des Celtes, ou Gaulois, beaucoup plus de chofes qu'on ne s'imagine. Si l'on ne m'en croit pas, aprés tout ce que je viens |